mercredi 15 mai 2013

Comme ça au passage…














Ce matin j'avais décidé d'écouter "en direct" l'invité de la matinale de France Culture, Pierre Lescure. (1) Lescure est toujours aussi captivant, précis, pédagogique et calme. À son affaire pour défendre le rapport "Acte II de l'exception culturelle" qu'il vient de remettre au Président de la République… Pas question d'en parler ici, vous (ré)écouterez ici ! Et une synthèse là.

Mais j'ai bien écouté Lescure, quand sans crier gare, il a cité une tribune sur le cinéma que Nicolas Philibert venait de signer dans Le Monde (2). J'y cours aussitôt. Le titre de la tribune est explicite "Ne laissons pas la loi du plus fort priver d'écrans le cinéma indépendant", et je partage, ô combien, les préoccupations de ces cinéastes qui doivent faire face aux pieuvres que sont les majors (3). Mais d'évoquer Philibert me rappelait que très récemment Cahuzac l'avait "tuer" (4). En effet, le 2 avril la matinale était consacré au séisme, au tsunami, à l'apocalypse que venait de déclencher, la veille, l'homme capable de "mentir les yeux dans les yeux". Làs ! Exit Nicolas Philibert qui devait venir parler de son film "La maison de la radio" qui sortait le lendemain sur "tous" les écrans de France.

Pourquoi pas ! On imagine les railleries si France Culture était passée à côté de l'affaire ! Ah bon et pourquoi ? La matinale aurait pu être divisée en deux parties, mais reconnaissons volontiers que Cahuzac et son chapelet de gros sous méritait le traitement habituel fait aux invités. Pour autant, même si Philibert a pu ce jour là écumer les rédactions (France Info, Le Mouv', France Inter) (5), on se demande pourquoi quelques jours plus tard le documentariste n'a pas été réinvité ?

Marc Voinchet, anchorman de la matinale, connaît bien le cinéma et se serait fait un plaisir de parler cinoche avec Philibert et j'aurai beaucoup aimé entendre ce dialogue, pour voir si Voinchet, dépassant "la promo France Culture", aurait posé les termes de la critique cinématographique. Est-il trop tard ? Que non ! Et quand bien même le réalisateur ne reviendrait pas, pourquoi ne pas inviter ceux pour qui le film a été fait, les auditeurs de radio.

Alors Marc Voinchet seriez-vous prêt à recevoir dans votre matinale, pour parler de "La Maison de la radio" trois auditeurs qui ont la particularité de bien connaître la radio ? Hervé Marchais anime le blog "Le Transistor", Étienne Noiseau "Syntone" et ma pomme, celui sur lequel vous lisez ce billet. Deux d'entre nous ont écrit sur le sujet (6). Mais je n'ai entendu nulle part sur les chaînes du service public, l'avis des auditeurs. J'en ai recueilli quelques-uns.

Vous pourriez même insister pour que Philibert soit présent. La contradiction ne pouvant pas lui faire du mal à entendre. Car à part Libération (7), la presse à crié au génie, au prétexte que les "images auraient sublimé les voix". Oumpfff. Ce n'est pas notre avis. Mais rassurez-vous nous n'évoquerons pas celles du couloir aux parapluies, du garage de la flotte de véhicules siglés Radio France, pas plus que le runing-gag, pesant, mettant en scène Marie-Claude Pinson. Non, on vous donnera quelques points de vue de spectateurs de cinéma, auditeurs attentifs de radio.

Alors Marc Voinchet, banco ? Une dernière chose vous avez reçu Pierre Lescure dans un studio de radio, pourquoi n'avoir rien dit de sa période radio à RTL, RMC ou Europe 1 ? Ç'aurait été raccord, non ? Lui, quand il parle de radio, il n'a pas oublié : "Souvent aussi je m'endors avec "Les nuits du bout du monde" de Stéphane Pizella, diffusées sur Inter Variétés…" (8)

(1) L'invité pas le reste.
(2) Daté 8 mai, par un collectif de Cinéastes, membres de l'Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID),
(3) "Prenons la semaine du 13 février. Sur les 5 600 écrans que compte l'Hexagone, 4 693 étaient monopolisés par dix films. Avec un tel taux d'occupation, pas étonnant que ces films se retrouvent en tête du box-office",
(4) Pour l'orthographe se reporter au billet de dimanche 11 mai 2013,
(5) Pas bégueule Le Mouv', pourtant absente du documentaire ! 
(6) Voir ici, et les trois billets qui se succèdent ici et ,
(7) Philibert a refusé de répondre à Slate,
(8) in "In the baba", Pierre Lescure, Grasset, 2012, 

2 commentaires:

  1. Je ne comprends pas bien la démarche.
    Pourquoi l'auteur de ce blog - adulte, capable et soucieux d'indépendance - sollicite-t-il Marc Voinchet pour lui demander de faire à sa place ce qu'il sait déjà faire?
    Une table ronde autour de Nicolas Philibert avec la présence des gens de Toulouse et de Pau autour d'un simple micro, le tout mis en ligne sur SoundCloud n'est pas vraiment complexe à mettre en place et je ne vois pas vraiment la valeur ajoutée de Culture sur ce sujet sachant que les compères pré-cités maitrisent parfaitement l'affaire.
    Reste le problème de réunir tout ce beau monde mais où est l'urgence?

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    1. Si on lit ce billet au pied de la lettre, tes remarques sont justes pour ce qui serait de faire une table ronde, mais qui n'aurait rien à voir avec le fait que les auditeurs de France Culture entendent l'avis des auditeurs sur France Culture… L'idée était de rebondir sur l'absence de Philibert dans la matinale, et de donner l'occasion à des auditeurs de s'exprimer dans le lieu même du tournage. Comme un "droit de suite" donc. Mais comme tout le reste de l'époque "La maison de la radio", le film, est certainement déjà démodé… C'était l'occasion aussi de rebondir sur l'incise de Lescure. Mais bon, cela m'a permis d'écrire que, dans le cas de ce film, les antennes de RF auraient pu donner la parole aux auditeurs et ainsi donner aussi de l'audience à leurs critiques. La matinale était le bon lieu.

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