mercredi 17 juin 2015

La casse à France Musique… ce n'est qu'un début !

Marie-Pierre de Surville

















Marie-Pierre de Surville a beau faire de l'autosuggestion en déclarant à Télérama "Il n'y aura pas de changements radicaux à France Musique", ce n'est pas l'avis de Marc Dumont (1) qui publie une longue tribune sur Mediapart. Comme j'ai pu le faire souvent ici, Marc Dumont déplore que la presse ait définitivement quitté les sentiers de la radio. Sauf pour caresser dans le sens du poil les pipoles, patrons de chaînes et autres "stars" radioteuses.

"Il est absolument écoeurant et révoltant de voir un tel joyau [France Musique, ndlr] ainsi piétiné et méprisé – depuis si longtemps." Dumont dit tout haut ce que tant de producteurs de France Musique et de Radio France pensent tout bas. On se dirige à la vitesse du son (sic) à la casse et ce n'est pas l'inertie des "organisations" étatiques de tous poils (tutelles, officines, cellules de l'Élysée) qui y changera pour l'instant quelque chose.

Quant à "la seule culture du chiffre" Dumont enfonce le clou du miroir aux alouettes qu'est Médiamétrie : "On fera remarquer – comme le disait Jean-Luc Hees avec une totale absence de sens critique – que Médiamétrie, c’est du sérieux, du lourd, du sacré même. Les managers-PDG sont là pour se servir d’instruments présentés comme quasi-infaillibles. C’est leur boussole, au point que les directeurs de chaîne sont en partie payés aux résultats d’audience… le regard fixé, depuis quelques années, sur le « quart d’heure par quart d’heure. » Ce sont des chiffres qui montreraient « scientifiquement » l’évolution de l’écoute avec une précision de scalpel."

Et une pierre dans le jardin des médias : "Le mépris est aussi médiatique. Rien, jamais, ou si peu, dans la presse. Les programmes ont déserté les journaux. Les journaux musicaux spécialisés comme Diapason sont tellement liés au partenariat avec Radio France qu’il n’est même pas question qu’ils évoquent les vrais enjeux et les vrais dégâts. Le Monde a vu sa rubrique de présentation des émissions réduite à sa plus simple expression. Seul ou presque, Télérama… qui depuis des années, dans ses articles, pour l’essentiel, ne soutient la chaîne que lorsqu’il faut vanter le jeunisme et qu’il ne s’agit pas de classique."


Dans l'Agora de Radio France…




















Et pour moduler l'auto-suggestion évoquée plus haut : "L’an dernier, [Mathieu Gallet] a nommé une Directrice, Marie-Pierre de Surville, qui ne connaissait absolument rien à la radio (8). Depuis, ce qu’elle met en place est radical : raboté le contenu, la création, les émissions élaborées qui disparaissent par brassées. De l’easy-listening – et une gestion humaine absolument catastrophique : en ce mois de juin, c’est la diminution de 40 à 75% des revenus pour certains – c’est ça ou la porte ; l’an dernier, elle virait une dizaine de producteurs (tous des hommes - afin d'améliorer les chiffres de la parité), sans état d’âme et sans autre raison avouée que budgétaire. Ceux qui restent n’ont pas le choix. Cela s’appelle la terreur du management. Mais n’a rien, strictement rien à voir avec une direction artistique, un projet, un souffle – c’est juste du sabotage, camouflé sous des mots qui tournent à vide. Radical, oui."

Ce que je dis ici depuis le 19 mars trouve un juste écho à travers la lucidité de Dumont : "Mais Radio France court à sa perte en renonçant à ses missions, de culture, d’excellence, de diversité. Sa richesse n’est pas faite de monnaie sonnante et trébuchante. On la rabote, peu à peu, avec constance et méthode de management."

(1) Producteur à Radio France jusqu'en 2014,

2 commentaires:

  1. Merci pour ce relais. Marc Dumont, un grand de la radio, avec « Horizons chimériques », sa dernière émission. Il a absolument tout juste. Continuez à nous informer de la sorte.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour, merci de votre commentaire. La prochaine fois c'est mieux de signer ;-)

      Supprimer