Pour faire de la radio…

Pour faire de la radio 
j'ai besoin de sentir le monde vibrer. 
Mais pas les murs de la Maison. 
J'ai besoin de silence, de sérénité. 
J'ai besoin de réfléchir, de me concentrer. 
De ressentir, de respirer
D'attraper le ciel, de regarder la Terre, de sentir la rosée
D'entendre la mer, la misère, le tonnerre. 
Mais pas la Maison tonner. 
D'être au cœur de l'événement,
Hors les murs,
Dedans…
D'écouter ce mot, ce cri, ce rire, cette parole, cette colère. 
Cette chanson. 
Mais pas celle de la Maison, 
Désespérée. 
De comprendre la gravité et la légèreté. 
La loi du marché. 
La richesse, la pauvreté. 
L'humanité. 
L'inhumanité. 
Mais pas celle de la Maison. 
J'ai besoin d'une équipe, 
La Belle Équipe… 
De moyens, 
De complicités, de frottements, de tourmentes. 
Mais pas celles de la Maison.
J'ai besoin de rire, de pleurer,
De prendre de la distance,
De me rapprocher,
D'essayer de dire, d'écouter,
De raconter,
Mais pas que la Maison m'en raconte
J'ai besoin de changer d'air et même d'ère si vous voulez
Mais qu'on me le fasse faire 
avec respect et dignité
Et pas comme la Maison a procédé
J'ai besoin de poésie
Moins de turlututu et de chapeaux pointus
De chausses-trappes et de façons biscornues
D'enfilage de perles et de mots corrompus
J'ai aussi besoin de partir rêver
Sans que de façon sordide 
ce me soit compté, décompté, débusqué,
recompté, défalqué, 
rayé.

Pour faire de la radio
j'ai besoin de silence et de sérénité quand,
la Maison vibre, tremble, s'agite, 
s'épuise, se cambre, se désespère, 
s'agenouille, se morfond, s'écrapoutit, 
depuis des années.
Pour faire de la radio
J'ai besoin d'une Maison 
Celle de Charles, d'Agathe, de Roland, de Jacqueline, de Jean-Noël
Celle de Jean, de Jacques, de Corinne,…
Pas celle d'un comptable.

Pour faire de la radio
j'ai besoin d'aimer.