Je l'avais écrit au mois de janvier et à la rentrée de septembre si j'ai besoin d'écouter des informations je vais sur France Info puisqu'entre autres je n'écoute aucun programme d'infos sur aucune des chaînes du service public (1). "Naturellement" dans la nuit de vendredi à samedi dernier j'ai, sans réfléchir, eu le "réflexe France Info". Et je n'ai pas été déçu par la retenue, la sérénité et la progression parfaitement coordonnée sans affect et auto-congratulations indignes.
Mais dès samedi, après quelques heures passées à l'écoute des "nouvelles" j'ai eu le "réflexe Musique" (2). Et au-delà de l'écoute de la chaîne, j'ai voulu interroger Marc Voinchet, le nouveau directeur de France Musique, pour lui demander comment peut-on résister à l'info quand on n'est, ni une chaîne d'info ni une chaîne généraliste, et surtout comment et pourquoi bouleverser la grille habituelle des programmes ? (3).
Marc Voinchet, époque France Culture |
Marc Voinchet : "On a fait une matinale spéciale samedi matin avec Vincent Josse. J'ai laissé les journalistes intervenir comme bon leur semblait en leur assurant que les programmes s'adapteraient. Nous avons fait une programmation musicale adaptée aux circonstances. Pour ces événements nous ne serons pas au cœur de l'actualité au niveau des contenus, mais on reste au cœur de l'actualité parce que je pense que nous sommes là pour être la chaîne qui console, on est là pour ça.
Dans ce tourment, [lié aux attentats, ndlr] pour être dans cette consolation, on a modifié la totalité des programmes et c'est pour ça que je suis encore là pour le faire aujourd'hui [dimanche, ndlr]. J'ai demandé aux producteurs [des émissions de fin de semaine, ndlr] de revenir en studio pour, avec leur personnalité, animer leurs émissions avec cette idée de consolation. Et je leur ai dit qu'on doit faire une chaîne de l'apaisement, sans être gnan-gnan bien sûr. Par exemple ce matin on a passé "I love Paris" mais pas dans des versions connues, pas celle de Sinatra ni celle de Fitzgerald, mais dans des versions émouvantes qui résonnent…"
Délicatesses, baumes et consolations
"C'est exactement ce que fait Renaud Machard en ce moment [pendant l'interview, ndlr], c'est offrir aux auditeurs qui en ont besoin, de décrocher de l'actu, de venir chez nous faire une pause. Il a appelé son émission d'aujourd'hui "Délicatesses, baumes et consolations." C'est exactement France Musique et ça prend maintenant un sens très fort. Et j'ai eu beaucoup de témoignages de gens qui m'on dit "on ne voulait pas voir les images d'horreur et on est venu chez vous". Pour autant ce dimanche j'ai rétabli les journaux de 7h, 8h et 9h.
BA-TA-CLAN
Suite aux événements nous nous sommes retrouvés [vendredi soir, ndlr] les directeurs de chaîne, à France Info, avec Mathieu Gallet et j'ai annoncé que bien que n'étant pas une "chaîne d'info" France Musique est concernée par les événements. En édredon (4). Quand vous voulez, auditeurs, venez vous consoler avec nous, on vous fera un câlin !
Samedi à 11h nous avons diffusé "Ba-ta-clan" l'opérette d'Offenbach qui a donné son nom à la salle de spectacle [concernée par les attentats de Paris, ndlr]. On l'a diffusée dans son intégralité dans l'émission de Benoît Duteurtre. C'est là que Laurent Guimier, directeur de France Info a dit qu'il trouvait l'idée bonne et qu'il avait apprécié les quelques moments qu'il avait pu entendre. Eh bien voilà je trouve qu'on est vraiment la chaîne complémentaire de France Info (5)•
Laurent Guimier |
France Info
J'ai donc cherché, ce dimanche, à attraper au vol Laurent Guimier pour lui demander son avis sur cette complémentarité. "Je souscris tout à fait à ce que pense Marc Voinchet. il faut que nos antennes soient différentes et que les auditeurs puissent zapper de l'une à l'autre. Nous avons [les directeurs de chaîne, ndlr] une culture commune et sur cette base nous ne devons surtout pas faire la même chose. Quant à Ba-Ta-Clan c'est extraordinaire !"•
Ba-Ta-Clan
Michka Assayas |
De la musique à la musique il n'y a qu'un pas !
Pas question de louper Michka Assayas à 16h ce dimanche sur France Inter. On a été servi. Pour dire sa colère, son dépit et son amertume Michka a ouvert l'antenne de la façon suivante : "À ces assassins et à ceux qui les endoctrinent MERDE… et le geste qui va avec !." Michka ouvre avec "Secret plans" des Eagles of Death (6). L'émotion de Michka est perceptible. Il est vrai et nous offre un programme qu'il avait élaboré avant les événements, excepté la première chanson, de circonstance.
Et quel programme : The Clash, Bobby Fuller, Creedence Clearwater Revival (7), Bruce Springteen, Ramones, The Fleshtones, Tommy James, The Undertones, Elvis Costello, U2… Le tout redonnant une énergie à se relever après le chaos. Michka est absolument essentiel pour la musique et pour son érudition. Zyva Michka !
(1) J'ai depuis longtemps refusé le gavage d'Inter et Culture. J'écoute les infos de France Musique (sobres et efficaces) quand j'écoute l'intégralité de "La matinale culturelle",
(2) Beaucoup plus difficile d'aller vers Fip ! Je n'avais pas envie de diversité j'avais envie d'une ambiance musicale "homogène",
(3) Interview réalisée par téléphone dimanche 15 novembre en fin de matinée,
(4) Joli mot de Voinchet pour expliquer que Musique pouvait apaiser les tensions en venant "par dessus" apporter du réconfort.
(5) Ah ben en voilà un slogan qu'il est bon !
(6) Le groupe qui jouait au Bataclan vendredi soir,
(7) Petit clin d'œil fortuit à Alain Le Gouguec (qui animait cette case jusqu'il y a 15 jours) et qui en 1970 au lycée Bellevue (futur Camus) à Nantes écoutait pendant les inter-cours, dans la salle dévolue à cet effet, Creedence et tant d'autres groupes de l'époque…
Merci pour ce partage.
RépondreSupprimerLouis (On Air ;)