L'affiche de Cabu pour la 4ème édition |
Nous nous sommes tant aimés France Culture…
Nous nous sommes tant aimés, pour paraphraser le cinéaste italien Ettore Scola, qu'il fallait bien qu'un petit îlot de résistance du documentaire (1) nous donne encore envie de fureter sur la chaîne envahie par les tables : les grandes, les petites, les en formica, les bancales où autour s'asseyent à longueur de journée des parleuses et des parleurs qui talk, talk et talk jusqu'à plus soif !
Entrainés et incités par des producteurs perpétuellement assis, savants sans terrain, (beaux) parleurs eux-mêmes enfermés dans une spirale vertigineuse où la parole ne concerne plus que le clan des "mêmes", ceux qui tournent en boucle dans tous les médias, studios radios et autres plateaux télé.
Donc Séverine Liatard et Séverine Cassard, productrice et réalisatrice de La Fabrique, sont sorties du bois et ont poussé jusqu'à Villerupt en Meurthe & Moselle pour rencontrer ceux qui font et vivent le "Festival du film italien" (2). Autre îlot de résistance et d'éducation populaire qui au milieu des années 70 avec RLCA (3) tenaient vivantes la culture ouvrière et la culture italienne. Comme le dessine et le raconte si bien Baru, un enfant du pays, dans ses bandes dessinées.
Émouvant d'apprendre que l'opiniâtreté de Daniel Brachetti, responsable du ciné club de la MJC de Villerupt a permis de projeter, en 1976, en avant-première en France le "1900" de Bertolucci. Quelle formidable vibration humaine en plein pays sidérurgique et bien sûr en plein espoir d'un "Changer la vie" qui s'avèrera illusoire ! Là, au cœur d'une histoire simple et sensible, France Culture est à sa place. On adhère, on suit, on vibre (4). Cette histoire nous rappelle celles que "Le pays d'ici" tissait, jour après jour, sur la chaîne à la grande époque de Jean-Marie Borzeix son directeur (5).
Touchant d'imaginer qu'une petite ville ouvrière marche au pouls d'un festival, fusse-t-il italien, au pouls d'une tradition culinaire, au pouls d'une fraternité solide, au pouls de la culture qui s'immisce jusque dans l'adaptation des contraintes du travail posté en 3x8 pour que chaque ouvrier ne perde rien d'une histoire de… lui-même. Et comment ne pas évoquer le supplément d'âme qu'apportent les choix musicaux des productrices (6).
Alors si "nous nous sommes tant aimés" pouvait se conjuguer au présent c'est France Culture qui y retrouvait un supplément d'âme…
Martin Scorcese |
(1) Tous les mardis dans "La Fabrique de l'Histoire", du lundi au vendredi 9h05-10h, France Culture, producteur Emmanuel Laurentin et productrices associées,
(2) J'y ai moi-même été festivalier une année où le cinéma était en même temps sur la toile et dans la salle au point de se croire en Italie,
(3) Radio Lorraine Cœur d'Acier,
(4) Série de la Fabrique de l'histoire qui se poursuit mercredi avec une visite guidée de l'exposition "Martin Scorcese" à Paris à la Cinémathèque, et jeudi "Pasolini et l'histoire",
(5) Le Pays d'Ici, de 17h à 18h, du mardi au vendredi, producteurs tournants, coordonnatrice Laurence Bloch, actuelle directrice de France Inter,
(6) La liste est disponible sur la page de l'émission.
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