Alain Cheiroux (tech) - Françoise Seloron (prod) - Monique Veilletet (réal) - Alain Claudel (tech)... Pour un Pays d'Ici, septembre 1992 dans le Calvados, devant "la baraque à frites". |
À ma question "qui a choisi d'évoquer les années "Le pays d'ici"", Irène Omélianenko, chargée du documentaire à France Culture, m'a répondu (1) "Christine Bernard-Guedj" (2). Bien sûr, Arthur. Même si elle n'a pas essuyé les plâtres d'une émission voulue par Jean-Marie Borzeix et coordonnée par Laurence Bloch, Christine Bernard-Guedj est une bonne part de la mémoire de cette émission. Les dessous, les dedans, les à-côtés, les humeurs (des producteurs), le tampon permanent avec l'"administration" de la chaîne, le fil du rasoir et tout ce qui fait la préparation d'une émission réalisée "à distance" et qui demande un travail amont de "petite main", de cheville ouvrière, très ténu pour ne pas dire très rigoureux. CBG s'y entend et fait son miel pour en mettre dans les rouages. Invisible elle mérite bien d'être citée à chaque désannonce d'émission car c'est bien "de l'ombre que jaillit la lumière".
Donc, pour ce troisième volet spécial cinquantième anniversaire, "Sur les docks" nous propose ce soir à 17h, un retour express vers "Le pays d'ici", émission culte qui donnait à France Culture une présence sur tout le territoire (Corse compris) métropolitain, du mardi au vendredi, de 17h à 18h. C'est d'abord par cette émission que je suis entré en "religion" pour Culture (3) et que j'en ai fait un rendez-vous incontournable, passionné et passionnant. Comme hier pour "Les nuits magnétiques" on entre vite en ce Pays "recomposé" avec, sans qu'il soit besoin de les citer, les voix qui ont arpenté la France par tous les temps, du nord au sud et de l'est à l'Ouest. C'est chaud et vibrant, c'est dans la voix "le cœur à l'ouvrage", c'est émouvant pour l'attention portée à l'autre, tous les autres et tous ceux qui n'auraient jamais témoigné à la radio sans le passage de France Culture.
Le pays d'ici : "C'est une approche sensible de la France. C'est arpenter en direct et en public. Être à l'écoute de tous les bruissements qui sont là. Redonner à entendre. 30 productrices et producteurs se sont relayés pour dépeindre les coins de la France." Borzeix : "Je crois qu'il n'y a aucune émission qui ait fait l'objet de si peu de débat, qui rende compte de ce qui se passe en dehors de Paris… On est toujours menacé à France Culture par le parisianisme. C'est une émission qui a coûté très cher. Nous avions l'ambition de nous faire connaître en France." Sylvie Andreu (prod.) : "Réinventer le lieu… cette province non visitée par les médias. Marion Thiba (prod.) : "C'est sortir des studios. c'est faire de la radio, là où on en fait pas. C'est aller à la rencontre des gens qui n'ont pas la parole. Trouver les gens avec qui on va pouvoir faire une traversée sensible, poétique, pour arriver à sortir des clichés. Faire une architecture qui tienne la route."
Thierry Grillet : "Ce pays des petites départementales, de cette France qui va pas vite, de cette France qui prend son temps, de cette France qui parle encore avec des accents." Yvon Croizier (réal) : "Du grand bricolage." Aumont (prod.) "On mélangeait notre vie avec celle du pays d'Ici et c'est ce qu'il y avait de très beau dans cette aventure-là." Jean Daive (prod) : "Je voulais faire de la réalité. Je voulais en faire un plateau, du théâtre. Un théâtre suceptible de créer du désir chez l'auditeur. Il n'y avait pas d'interdit. La forme était à inventer au fur et à mesure et installer l'auditeur dans une forme longue. Thiba : "Des approches farfelues, poétiques, sociales, politiques. Le Pays d'ici n'est pas une émission de journalistes, c'est une émission de documentaristes."
Pas étonnant que Marion Thiba enfonce le clou de ce qui était la "patte" de l'émission. Comme elle sait si bien le dire dans ce documentaire les approches étaient multiples et l'approche journalistique en faisait partie, mais ce n'était ni la seule ni l'exclusive. Le Pays d'ici c'était une polyphonie composée tant par la variété des territoires visités que par le principe de création de "producteurs tournants" qu'on aimait retrouver quand c'était leur "tour" et qui, par leur "absence" à l'antenne, laissaient s'installer le désir d'une nouvelle rencontre.
Comment cette alchimie ne peut-elle laisser cette image lumineuse et brillante d'une certaine "encyclopédie" de la France des années 80 et 90 ? Comment ne pas en faire une référence pour le plaisir renouvelé de l'écoute, de la découverte et du sensible ? Comment s'en passer dans la grande bouillie du blabla qui envahit les ondes, toutes les ondes ?
(1) Interview en face à face, le 26 août 2013,
(2) Attachée d'émission pour "Sur les docks", et ex- attachée du "Pays d'ici" (1995-1997), de "Changement de décor" et du "Vif du sujet",
(3) Et par "Culture matin" évidemment,
WAOW ! Alors c'est vrai ? France Culture à été voir ailleurs qu'a Paaaris, à travers le Pays d'içi ! Je suis très heureux d'apprendre la nouvelles et je vais vite écouter tout ce que je trouve à me mettre sous l'oreille. C'est quand même incroyable, une émission parisienne qui va voir, écouté et entendre... Ailleurs! Ailleurs. Certains appel ça la France, pour moi ce n'est pas un Pays, c'en est mille !
RépondreSupprimerVive les Pays d'içi ! Merci Christine Guedj, Tu est comme une mère pour nous en faisant jaillir cette mémoire pleine de vie !
- Un certain Corentin, et un surement kaOu -
Bonjour Kaou, tu voulais sans doute dire une "chaîne parisienne". Chaîne parisienne oui mais volonté de l'homme du Limousin, Borzeix, d'arpenter la France. À écouter au début du documentaire.Bien sûr que c'en est mille pays. Le Pays d'ici l'a démontré, année après année. Quant à Christine Guedj une mère, elle appréciera…
SupprimerQue de clichés : Paaaaaris (j'en rajoute, tant qu'à faire), l'émission parisienne, etc. On n'a pas attendu "Le pays d'ci" pour sortir de la capitale ! C'était, c'est toujours, avant tout, question de moyens : les missions coûtent de l'argent... Si on avait pu faire tout ce qui nous passait par la tête, on aurait été tout le temps par monts et par vaux (et pas seulement en France !). Les Nuits Magnétiques ou l'ACR (pour parler de ce que je connais le mieux), c'était "la tête et les jambes" ! On marchait, beaucoup, jusqu'à épuisement parfois. On enregistrait même dans les voitures quand on partait "ailleurs". Et quand on le faisait à Paris, on traversait la ville comme si c'était une ville étrangère : mystérieuse et pleine de surprise.
SupprimerAH ah ah! Oui, j'entends Paaaris comme le chante Ferré "Paaaris... je ne t'aime plus ". Je reconnais ma mauvaise langue, parce que j'ai pu entendre et voyager partout dans le monde grace à france culture, et même un jour je suis tombé sur le c... coin de l'oreille, quand j'ai appris que Michel Pomarède avait entièrement façonné ses épisodes sur Les chants du désert (Sur Les Docs / France Culture) en construisant tout depuis Paris. Je ne l'aurrais jamais imaginé à la simple écoute.
SupprimerBon, mais quand même, avec ou sans moyen, quand est-ce que Radio France en général regardera le monde pas que depuis Paris. Quand est ce que les pays de france prendrons la parole pour faire la radio publique, nomade, voyageuse et décentralisé !?!
peut-être que je mélange un peu tout, mais en tant que Breton vivant à Brest, Paris est tellement (pas) à l'ouest et loin de nous, les barbars berbères de france, encore considéré comme des sauvages par les grands chefs qui tirent les ficelles et décident de ce qui sera la france culture.
Quand ? Avant 10 000 ans surement !
Amicalemnt,
Graou !
Je serai à l'écoute à 17 h !
RépondreSupprimerUne idée : France Culture pourrait - devrait rediffuser de temps en temps des PAYS d'ICI ... mais pas seulement dans ses "Nuits", pas accessibles à tous au point de vue horaires, et non "podcastables" ou téléchargeables.........
Deuxième idée : un ou des coffrets de CD des Pays d'ici.....
mille merci pour ce blog que je suis de près !
Jeanne la fan de L.O.