© Michel Follorou |
Cette nuit ce n'était pas dur de me réveiller une heure plus tôt que d'habitude pour réécouter Yann Paranthoën ! Quelques heures auparavant j'avais commencé à escalader la "petite" somme que Christian Rosset à dirigée aux Éditions Phonurgia nova (1). Et pour vous en parler je n'ai pas envie d'attendre d'avoir fini de la lire (2). Car, entre l'écoute radio, la documentation radio, mon activité professionnelle et une vie sociale, mon temps de sommeil a beaucoup, beaucoup diminué depuis ce début d'année… Alors, attendre d'avoir lu chaque livre risque de nous mener aux calendes… grecques
Christian Rosset (3) était très bien placé pour rassembler ce qui a fait la matière de l'homme et la matière du son "Paranthoën", les deux fondues en une seule, avec les marques sensibles du granit et de la mer (4). Rosset en introduisant l'ouvrage par "Le fantôme de l'Atelier", pose d'emblée, avec ce titre, la symbolique de Paranthoën : une présence magnétique forte (même au-delà de sa vie) et le sens d'un travail artisanal de "fabrique" pour ne pas dire d'orfèvrerie (avec les mains… et les oreilles).
Comme il est bon de lire sous la plume acide de Rosset : "Seule réponse, un peu ironique, des auteurs d'émissions de création radiophonique à cette dictature de l'actualité à tout prix : revendiquer haut et fort le droit à l'inactualité - à condition, bien entendu, d'entendre ce terme dans son sens le plus critique." Et Rosset de poursuivre "Une œuvre que l'on peut caractériser, d'inactuelle - celle de Yann Paranthoën en est un exemple assez remarquable - est d'abord une œuvre résistante à l'épreuve du temps, indémodable car n'ayant jamais suivi servilement le mouvement dominant, d'une grande exigence, et ne donnant aucun signe d'épuisement."
La chose est dite ! Mettons ce texte au fronton des studios de la Maison ronde et incitons producteurs et productrices à s'en inspirer pour leurs créations. Passons ensuite, par ce "filtre", les émissions des 7 chaînes publiques et regardons ce qu'il "reste", une fois l'opération réalisée. Il en va de même de la mémoire individuelle de l'auditeur qui dans le "tout actu/promo/spectacle" ne retiendra, sans doute, que des choses très fortes, à la fois incontournables et patrimoniales (5).
Alors, mes chers auditeurs, voilà la radio à lire. Voilà la radio à comprendre. Voilà l'occasion de la distinction, pour ne pas laisser le son devenir le parent pauvre de la création radiophonique.
(1) Yann paranthoën, "L'art de la radio", sous la direction de Christian Rosset, Phonurgia nova éditions, Arles, 2009,
(2) et d'avoir écouté et vu CD et DVD qui l'accompagnent,
(3) créateur radiophonique, producteur,
compositeur, musicien, il est aussi écrivain et critique de bandes
dessinées,
(4) pour ses origines de l'Île grande en Côtes d'Armor, et le métier de son père "tailleur de pierres"
(5) voir mes billets depuis le début de la semaine.
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