"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
samedi 1 décembre 2012
Philippe Caloni…
Jeudi dernier le prix "Philippe Caloni" (1) était remis à Anne-Sophie Lapix, journaliste de télévision. Si l'information a beaucoup circulé, j'ai été très surpris de lire sur Twitter le résultat sans que le nom du prix soit associé au promu, et quand bien même il y était associé, je n'ai lu nulle part un rappel de qui était Philippe Caloni. Et pourtant il fut, pour nombres d'auditeurs, l'enchanteur des matins de France Inter, un temps où n'existaient pas encore les immenses tunnels d'infos.
Je l'ai écrit là, Caloni par sa culture, sa présence au micro, sa connivence avec Gérard Courchelle donnait un vrai supplément d'âme aux matins. C'était un temps où, en tant qu'auditeur, c'est lui que je voulais entendre pour tout ce qu'il avait à dire, pour cette façon qui semblait si spontanée (3) de lier les journaux d'information, les brèves culturelles, les flash de service et son/ses invités. Son ton quelquefois bougon ou rugueux faisait partie du personnage et lui donnait, sans que l'on connaisse son visage, une rondeur et une humanité qui rendaient l'homme éminemment chaleureux. Il tenait "sa" matinale sans que son nom n'ait besoin d'être affiché à longueur de publicités ou de spots promotionnels.
Heureux "hasard" réécoutant hier l'interview de Jean-Marie Borzeix, ex directeur de France Culture, je fus agréablement surpris d'y entendre une archive au cours de laquelle nous pouvions entendre Philippe Caloni (sur France Inter) interviewer Borzeix pour que celui-ci présente les nouveaux programme de sa chaine. O tempora, o mores ! L'archive est forte de significations. Borzeix veut désacraliser l'image élitiste qu'on a collée à France Culture, Philippe Caloni joue le jeu et fait remarquer à son interlocuteur que souvent on lui a reproché (sur France Inter, ndlr) de "faire du France Culture" (4).
J'aurai longtemps dans l'oreille la voix de Philippe Caloni. Après son départ (5) j'ai déserté pour toujours la matinale de France Inter, pour entrer doucement dans Culture Matin (6).
(1) Le prix Philippe Caloni distingue chaque année un journaliste pratiquant avec talent l’exercice de l’interview et de l’entretien. Après Frédéric Taddeï (2007), Emmanuel Laurentin (2008), Nicolas Demorand (2009), Jean-Jacques Bourdin (2010) et Jean-Michel Aphatie (2011),
(2) Inter-Matin par Gérard Courchelle et Philippe Caloni, du 6 décembre 1982 au 2 janvier 1987,
(3) Avec des heures et des heures de travail derrière,
(4) Pour ceux qui émettaient ce jugement c'était un reproche, pour Borzeix (comme pour moi) c'était sûrement une qualité,
(5) "Le lundi 5 janvier [1987], pour la première fois je ne me lèverai pas de bonne heure… Eve Ruggieri me remplacera trois jours. " in Philippe Caloni, "Longtemps je me suis levé de bonne heure", Belfond, 1987,
(6) France Culture, Jean Lebrun, 1986-1999,
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Bonjour,
RépondreSupprimerC’est sûr, j’interviens des années trop tard. Mais je me souviens du ton de Philippe Caloni, qui, au lieu de passer son temps à montrer que son émission était fraîche dynamique, faisait de la radio comme j’aime, avec une personnalité et une maîtrise parfaite de ses sujets aussi variés que ses invités, maîtrise qui n’est pas toujours de mise chez certains. Oui, ce qu’il disait était fondé, pensé et il savait où il allait, puisque c’est lui qui avait tout préparé en amont. Oui, il pouvait s’emporter, montrer un ton irrespectueux sans faire du spectacle. C’est peut-être parce que la radio qui est apparue vers la fin des années quatre-vingt en demandait plus au rendement informatif et au chronométrage du réveil de l’auditeur qu’à du journalisme impliqué qu’un jour, j’ai entendu une phrase que je suis bien en peine de citer in extenso mais qui disait quelque chose comme ceci : « Je remercie les auditeurs de m’avoir accompagné [...]. Aujourd’hui, c’est France Inter qui me remercie ». Et, si ma mémoire est bonne s’ensuivit un très long morceau de jazz.
Et, sans doute, certaines mémoires, meilleures que la mienne viendront corriger ce souvenir trop imprécis. Je les en remercie par avance.
Bonsoir et merci pour votre commentaire qui m'inspirera une réponse demain dans la matinée…
SupprimerBonjour, vous trouverez aussi à lire ici http://radiofanch.blogspot.fr/2011/09/dautres-matins-avec-supplement-dame.html, et là http://radiofanch.blogspot.fr/2011/08/philippe-caloni-matinal_4429.html.
SupprimerCaloni était l'exacte contraire des faiseurs qui polluent l'antenne avec leur auto-célébration permanente et leurs vrais-faux adieux (ex Collin & Mauduit sur Inter). Et sa phrase de sortie montre le tact et le talent de celui qui avait donné une âme aux matins. Je vais essayer de retrouver cette matinale et en parlerai si c'est le cas. Merci de m'avoir donné envie de m'y remettre.