C. Lecerf cousant (main gauche) |
Il n'y a pas que les cloches qui résonnent dans les oreilles ou dans la mémoire. Un mot, des mots peuvent faire autant de bruit, voire créer la cadence des souvenirs au fil de la mémoire. J'avais moins de dix ans quand pour la première fois j'ai découvert la Corrèze sans autre horizon que celui du "clidou" (1) au fond du jardin de ma tante qui, une fois franchi, promettait des possibles insoupçonnés pour un jeune enfant… (2)
Dans l'émouvant documentaire de Christine Lecerf et Jean-Claude Loiseau (2) il y un inventaire de petites choses dérisoires ou si importantes, mais tellement essentielles à la vie simple ou au bonheur quelque fois, c'est selon : L'origine, la Corrèze… L'eau coule claire et limpide (ça s'entend), le goguillou, les foins coupés, "l'hiver ça existe pas, j'y vis pas, pour moi c'est l'été", être d'ailleurs, la Gege au café-restaurant-tabac-presse, Claude et Clémence dans leur ancienne mercerie, le sonneur de cloches, La Nicole, Yvonne, sur la route du Chambon, les robes blanches - chaussures blanches - socquettes blanches, avec la Mémé, la boîte à boutons, la vie de campagne, le pire dans un village c'est la rumeur, l'œil du village, les Bodou noirs, les pantoufles (Gévin), une blouse noire, grise ou bleu foncé, il n'y a plus rien, il y avait dix bistrots, l'hôtel-restaurant chez Petit c'est fermé, il y a le coiffeur qui reste et tient le coup, il y a la pharmacie qui souffre du manque de population, nous avions un théâtre, et depuis nous avons un désert, la Berthe et Milou, la Casinote, la Lisou (moi je pense à "La Prune"), la Françoise, Caruso, Augusta, Soraya, Renée, La Pâquerette (une vache), La Blonde (une autre vache), La Gaillarde (encore une), ramasser le foin, les grandes charrettes qu'on montait dans la grange, le Pierrot et la Marcelle je ne les ai jamais vu quitter leur ferme, Marmarloche faisait des décors somptueux sur sa voiture, je suis un dinosaure de la pêche parce que ça fait trente quatre ans que je suis président, la Mémé était toujours sur le perron pour vous dire au-revoir, vous êtes d'ici… mais je ne suis pas sûr que vous soyez d'ici, je suis une Laplaucoise mais pas de souche…
Peut-être alors pourrait-on lire, comme ça en regardant le ciel si bleu, en suivant chaque mot avec son doigt : "Dès les premiers virages dans les gorges, on le sent, les bois de châtaigniers, la bruyère sur les talus, on sait que ça y est, ou presque… Et puis il y a la grande ligne droite à travers les champs, les maisons alignées, la place, on y est"… Laplau en Corrèze.
(1) Barrière de bois,
(2) "Ma" Corrèze à moins de 30km de Laplau,
(2) "Corrèze, l'origine", ce soir 23h, France Culture, Les Ateliers de la nuit.
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