vendredi 7 décembre 2012

Mélancolie(s) ouvrière(s)…








Après "La Fabrique de l'Histoire" (1), c'est Alain Veinstein qui, dans "Du jour au lendemain" (2), recevait Michelle Perrot. De sa belle voix, cette historienne nous installe dans la vie ouvrière de la fin du XIXème siécle en prenant le cas de "Lucie Baud (1870-1913), ouvrière en soie du Dauphiné, femme rebelle et oubliée, en dépit de grèves mémorables." Le récit qu'en a fait Michelle Perrot s'inscrit dans une nouvelle collection, "Nos héroïnes", chez Grasset, dirigée par Caroline Fourest et Fiammetta Venner. Et Veinstein de se demander si "une ouvrière méconnue peut être une héroïne" ?

Comme souvent avec Michelle Perrot c'est limpide, passionnant et à l'image de son sujet de recherche, humble. C'est, au désespoir du temps disponible, à lire ne serait-ce que pour comprendre comment siècle après siècle quelque chose échappe à la condition humaine pour ne pas dire à la condition ouvrière, l'abolition de l'exploitation de l'homme par l'homme. Ce récit montre d'évidence la morgue de ceux qui font et défont l'entreprise, les mêmes pour qui la main d'œuvre est absolument vitale, mais "jetable" au moindre fléchissement commercial et/ou financier.

Je n'ai ni le talent ni la culture de Jean-Noël Jeanneney, historien, pour tenter de faire la "Concordance des temps" (4) entre le livre de Michelle Perrot (5) et les événements industriels qui bouleversent la France. Et pourtant… il faudrait le faire.

Vous en trouverez quelques ébauches ici et . Mais ça ne dissipera en rien les mélancolies ouvrières qui flottent sur le pays et qui le minent…

(1) France Culture, du lundi au vendredi, 9h05,
(2) France Culture, du lundi au vendredi, minuit,
(3) Mélancolie ouvrière, Grasset, 2012, 
(4) France Culture, le samedi 10 h,
(5) La critique de Martine Sonnet ici.

2 commentaires:

  1. Je respecte infiniment le travail de Madame Perrot qui aurait pu paraître ailleurs que dans une collection aussi ridiculement titrée...il faut vraiment s'appeler Caroline Fourest pour oser ça! Quant à l'héroïsme en général....j'ai une tendance naturelle à en rire...excusez-moi cher Fañch c'est plus fort que moi!

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    1. Riez riez cher Jakki… je ne connais de Caroline Fourest ni sa vie ni son œuvre et encore moins ses héroïnes… Comme vous, j'apprécie depuis longtemps Michelle Perrot (Les lundis de l'histoire, France Culture) et c'est aussi à ce titre que j'ai voulu rendre compte de sa recherche. Quant à Lucie Baud, héroïne ou pas, elle a essayé de faire avancer la condition ouvrière pour ne pas dire la condition humaine, rien d'héroïque en soi, il est vrai. Mais ça valait le coup que Perrot la mette en lumière…

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