jeudi 21 février 2013

La mémoire en chantant…








Si la radio vous flanque un coup de poing qui vous renvoie au chaos, si elle y ajoute des chansons, des légères et des graves, si la chose évoquée vous ramène quarante-cinq ans en arrière, si ce mois d'août-là a mis par terre votre innocence d'adolescent ou de jeune adulte, si c'est absolument inoubliable et infâme… Si ce 11 février dernier, à 0h55, vous écoutiez les Nuits de France Culture, et si (ré)écouter François-Régis Barbry ne pouvait que vous troubler, alors peut-être avez-vous comme moi touché à une certaine quintessence de la radio ? Ou plus simplement à un moment d'excellence où sont réunies, l'histoire, la mémoire, la chanson qui, avec l'humilité et l'effacement de Barbry, portaient haut son émission (ainsi que France Culture qui la diffusait).

Je suis K.O. debout. K.O. car trop touché par ce fait historique (1) et trop ému par l'assemblage judicieux de témoignages et d'extraits de chansons que Barbry a su en faire. Le télescopage de Serge Lama et d'Hélène Martin peut surprendre, celui de Rika Zaraî et de Jean Ferrat aussi. Qu'importe ! Ces chansons souvent très populaires sont aussi dans l'histoire. Mais Barbry est délicat et fin, et rien ne choque. Mieux, tout séduit ! (2)

"Votre enfer est pourtant le mien/Nous vivons sous le même règne/Et lorsque vous saignez je saigne/Et je meurs dans vos mêmes liens//Quelle heure est-il quel temps fait-il/J'aurais tant aimé cependant /Gagner pour vous pour moi perdant/Avoir été peut-être utile//C'est un rêve modeste et fou/Il aurait mieux valu le taire/Vous me mettrez avec en terre/Comme une étoile au fond d'un trou…" Aragon, "J'entends, j'entends"" (Cet extrait, chanté au cours de l'émission, le serait-il par Cora Vaucaire ?)
  
• François-Régis Barbry a été trouvé mort à son domicile (août 98) d'une rupture d'anévrisme. Il avait 56 ans. Journaliste (Le Monde, La vie catholique), producteur à France Culture (La mémoire en chantant), il avait beaucoup œuvré, en passionné et en érudit, dans le domaine de la chanson." (3)

Je dois cette réécoute à l'attention et à la générosité d'un écouteur de radio qui m'a envoyé la captation de la rediffusion, ainsi que la biblio ci-dessous, et qui poste régulièrement des commentaires sur ce blog. Je le remercie ici très chaleureusement.  

(1) L'invasion de Prague par les chars russes, le 21 août 1968,
(2) "Le printemps de Prague, le 15 avril 1968", diffusée le 11 avril 1987,
(3) in Libération, 25 août 1998, voir aussi ici.

4 commentaires:

  1. il me semble qu'il s'agit de Francesca SOLLEVILLE
    bien à vous ,
    Patrick

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    1. Bonjour et merci Patrick. Cora Vaucaire l'a chanté (entre autre en live, édité chez Canetti) par contre dans la disco dispo sur iTunes pas de "J'entends" par Solleville. Si vous avez un vinyle ou le connaissez enregistré par Solleville merci de confirmer votre "intuition". Cordialement.

      Appel à toutes les voitures : en commentaire de ce blog impossible actuellement de s'enregistrer par le Nom. Merci en attendant mieux de passer par "Anonyme" et… de signer ! Merci bcp.

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  2. Un fort jolie de chanson de Rika Zaraï !… Effectivement, c'est Francesca Solleville qui interprète ici « j'entends, j'entends ». Lorsqu'on foule les petits pavés rectangulaires de la place Wenceslas, on ne peut s'empêcher de penser à Jan Palach… Autre détail important, ce ne sont pas seulement les Russes, mais aussi les Polonais, les Hongrois, les Est-Allemands qui ont pris part, souvent à contre-cœur à cette intervention des troupes du Pacte de Varsovie afin de tordre le cou au mouvement du printemps de Prague. C'était le 21 août, ele jour de mon 13e anniversaire… @LeProf_Higgins

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    1. Ah Ah Ah, mes chers auditeurs, @LeProf_Higgins est un sacré gaillard et un gazouilleur de première. Gazouilleur ça veut dire qu'il est accro à Twitter. Et il gazouille, et il gazouille. C'est pas son métier. Il est orthophoniste. Je ne le connais pas en vrai mais je le connais en chansons, l'animal. Pour confirmer la position de Patrick (ci-dessus), je lui ai demandé son avis, en moins d'une heure il avait trouvé, le bougre, avec références, bio et tout le toutim !

      Merci vraiment Prof ! On s'est connu en chanson à cause du François (Béranger). On a échangé de bons procédés, on s'est raté à Villerupt pour le festival du film italien et peut-être se verra t-on à Longueur d'Ondes à Brest en février 2014 ? Qui sait ?

      Si vous êtes abonné à Twitter suivez donc ce bonhomme-là il saute sur tout ce qui bouge et décape avec talent ! Bon maintenant j'ai ta date d'anniv' Prof, cet été on pourrait peut-être se voir ? Encore merci pour ta recherche et belles chansons d'ici là.

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