samedi 5 juillet 2014

Surpris par... la censure.


















Après le "chamboulement" de l'antenne de France Culture, ce vendredi, chamboulés nous-mêmes par la dernière d'Alain Veinstein, nous avions fini par nous préparer à passer "Du jour au lendemain". Last but not least, le pire était à venir. Passé cet indicatif troublant nous avons très vite compris que l'invité, Pierre Lemaître, faisait tout d'un coup  figure d'incongru - pour "Au-revoir là-haut" on avait le temps -... quand c'était Alain Veinstein lui-même qui devait, "s'interviewant" (mé)dire la fuite qu'on lui avait imposée. Nous ne saurons rien (pour l'instant) de la fuite en avant de la direction qui a censuré la dernière de ce jour sans... lendemain.

"L'heure la plus sombre que j'ai connue dans un studio de radio depuis que j'y suis entré". Voilà comment Alain Veinstein, il y a quelques jours, se préparait à être au micro pour sa dernière. Et pourtant des "Du jour au lendemain" il y en a eu tellement, à s'endormir après et quelquefois dessus. Il y en a tellement eu qu'on imaginait pas vraiment que ce passage-là allait se refermer hier soir pour toujours. Un passage. Un passage sensible. Un passage de silence. Un passage des mots pensés. Celui des mots écrits, dits, sussurés, murmurés, suggérés... Le passage de l'écrit à l'oral, le passage de la voix aux ondes, le passage des regards du producteur vers ceux de ses invités ou le passage d'une autre façon d'aborder l'écriture.

Au moins dans le clip promotionnel de Philibert, il y aura eu ce grand moment de radio "en vrai", de l'intime, du souffle humain, de la chair des mots et de la fabrique du dialogue, comme il y a la fabrique du lecteur et, avant, celle de l'auteur. Veinstein traçait la comète de la littérature en dehors des étoiles ou des stars, tapi au coin de la nuit, sans voix, sans geste, sans effet. Faisant parler les taiseux et "taire" les bavards, si jamais bavards il y a eu. Veinstein avait son coin, ses coins qu'il mettait dans les mots des autres, entre les mots des autres. Et  pourtant il lui a fallu brutalement interrompre sa petite musique de nuit.

Avec morgue, la chaîne n'a pas daigné expliquer sa décision de "censurer" sa dernière. Avec la même morgue elle a choisi, hier soir, la rediffusion d'un "impromptu" sans s'en expliquer, au mépris le plus total de l'éditeur. Le pire pour Alain Veinstein, quelques heures avant d'être à l'antenne, de subir de plein fouet la censure alors qu'il s'apprêtait sans doute à nous livrer un exercice de style pour "sortir du jeu" avec des mots qui, peut-être, auraient pu "chambouler" les instigateurs du chamboulement de la journée de vendredi. On l'aura compris il y a le chamboulement lisse et indolore et celui porteur de sens qui ne doit, sans doute, ne jamais prendre la voix des ondes.

Quelle pitoyable fin imposée à un producteur qui n'aura eu de cesse de tracer un chemin radiophonique à l'écart des balises, des bornes et des lignes droites. La direction s'exprima t-elle, elle si prompte à investir les journaux d'information de la chaîne pour s'expliquer ? Comment Veinstein pourra t-il se remettre d'un tel mépris ? Et en quoi la sidération provoquée par la censure à l'encontre d'un producteur qui a passé sa vie à la radio troublera-elle les certitudes d'une direction devenue insensible aux "affinités électives" des auditeurs ? Autant de questions qu'un été radiophonique risque d'engloutir dans quelques profondeurs abyssales dont la radio a le douloureux secret. 


La dernière émission qui aurait du être diffusée, en écoute ici

29 commentaires:

  1. Tu n'as pas bien compris, Fanch : c'était juste une petite surprise de l'opération "Chamboule tout" !

    Je suis complètement écœuré : hier soir, j'en croyais tellement peu mes oreilles que j'ai pensé un moment m'être trompé d'une semaine…

    Merci pour cette saine réaction, et si par hasard tu dispose de la présentation qu'avait rédigée Alain Veinstein et qui a églement été censurée par FC, je suis preneur.

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    1. Oups ! Toutes mes excuses : je viens seulement de lire le billet précédent…

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  2. Nous sommes beaucoup à ne pas approuver cette désinvolture de la part d'un service public à la solde des gestionnaires zélés et monstrueusement indélicats.

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    1. Horrible .. j'ai le sentiment de vivre une rupture amoureuse. En revanche, si, les déclarations de la direction existent, voir l'article web Expansion Express, or, elles sont justement révoltantes de bêtise. Il nous reste à monter une webradio avec diffusion en boucle de nos archives, qui comptent environ 300 ou 400 emissions signées Alain Veinstein. Merci de poster les plus anciennes sur internet, pour ceux qui en ont.

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    2. Chère commentatrice ou commentateur. Ici il est de bon ton de signer... Merci pour votre commentaire initiative à transcender ;-))

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    3. Pardon, je ne voyais pas trop où mettre un nom. Je suis Mr Viederland, menant depuis trente ans, à travers un réseau d'amitiés, une existence magnétisée par un voeu de poésie radicale (je n'arrive pas à le dire plus simplement). Quant à la transcendance en vérité c'est chose faite et plutôt dans les grandes largeurs - à découvrir via message personnel, pour les raisons qui s'imposent. Et ce n'est pas du tout pour faire des mystères. PS : Peut-on poster des liens ici ?

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    4. Oui, Blogspot accepte les liens HTML : cet article devrait vous aider (balise "a href", et attention aux espaces).

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  3. En tout cas, je crois que ce qui la mesure que l'on peut qualifier de censure, qui est arrivée à Alain Veinstein (et que je désapprouve totalement, quelqu'en serait la justification...) est un bien mauvais signe donné par la Direction de France Culture, mais surtout un bien mauvais signe de la part du nouveau directeur de Radio France....

    Comme quoi la méthode - apparemment indépendante et transparente - de nomination des responsables de l'audiovisuel public, tel que voulu par le gouvernement....n'est pas une garantie absolue, ni la panacée tant vantée.

    Le service public de l'audiovisuel, et par contrecoup, nous auditeurs de France Culture, avons pris une sacrée claque au travers de ce qui vient d'arriver à Alain Venstein....

    Guillaume.

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    1. Eh oui, ce ne sont pas des poètes ... ce sont des politiques, ou des communiquants - à supposer qu'il y ait une différence. Pour la claque, c'est clair. Cinglante.

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    2. Je cite l'article de l'Expansion : " Dans un mail, Olivier Poivre d'Arvor lui a notifié ce refus en arguant que "trente-cinq minutes de récits subjectifs, et de discussions internes ne regardent en rien l'auditeur". " Mr Poivre d'Arvor connait-il des récits qui ne soient pas subjectifs ?

      D'autre part, on pourrait supposer sa crainte qu'Alain Veinstein n'en dise un peu trop sur la cuisine interne. J'ai croisé des producteurs plus politisés qui considéraient Veinstein un peu comme un "assis", malgré un respect mutuel, c'est dire combien la crainte de Mr D'Arvor me semble déplacée. Je veux dire que je ne vois pas Alain Veinstein donner dans les potins.

      A lire la suite des déclarations, côté direction, se prévaloir des désirs de l'auditeur est toujours à double tranchant. L'argument disant "place aux jeunes", quand il vise cette émission précise, est particulièrement révoltant, car je crois que la jeunesse a besoin de ce type d'exemple, au sens où Du jour au Lendemain par sa seule forme est un objet de résistance non seulement sur le plan de la radiophonie mais au sein de toute la sphère médiatique, image comprise. Cette émission en effet était à mon sens un O.V.N.I : on ne touche pas à des choses comme ça. Surtout quand les "aliens" sont des poètes.

      Proposer de la qualité, satisfaire l'auditeur, ce n'est pas forcément se conformer à la tendance générale, faite de montages hyper rapides, de musique utilisée comme "soupape" ou pour sa seule "fonction", de paroles bruyantes et empressées, ne serait-ce que sur un plan formel - à une époque où sur ce plan on assiste trop souvent à un carrembolage de formes, sensé distraire.

      N'oublions pas le mot de Louis Juvet (de mémoire) : - il faut forcer le public aux goûts qu'il aura demain. Encore qu'avec Veinstein la chose se complique et donc ma citation se décolle : car l'avant-gardisme de son émission se dissimulait justement sous une structure extrêmement sobre, calme, lisse. Ainsi ce que nous aurons demain, ce seront des regrets et de la nostalgie. De ne plus savoir où trouver des formes pures, des lieux de véritable respiration.


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    3. Content que sur ce blog s'expriment autant d'opinions qui dénoncent une telle gabegie... Merci pour vos contributions.

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  4. En effet, merci pour les contributions .. car s'il y avait 250 personnes ce jour devant la Maison de la Radio ... pour une ville comme Paris et une audience comme celle de France Culture (encore que je fus effrayé d'apprendre que ce n'était que 3 à 5 pour cents d'écoute nationale, à vérifier) c'est zéro, cela veut dire que nous crions gentiment dans un vide sidéral. Ce qui, naturellement, rend cette disparition encore plus odieuse.

    Si je peux me permettre de citer ce commentaire, dans son jus, reçu ce soir via Soulseek : " toutes les videos sur Olivier Poivre d'Arvor, président de France Culture depuis 2010, il ne parle que de sa stérilité .... Encore un gros blaireau "lettré" complètement imbu de lui même, qu'est ce qu'on s'en fout franchement et c'est ces types qui se permettent l'irrespect le plus total comme dans l'exemple de Veinstein, c'est affligeant, d'où le fait que je demeure "sans voix" quant à cette censure finale. "

    J'ajouterai en effet que ce commentaire "privé" a l'avantage de souligner deux niveaux différents dans la provocation : limogeage de l'émission - officiellement d'un commun accord (là, je renvoie encore à l'article de l'Express) - et censure de la réponse de l'auteur en personne .. Faut le faire quand même ... Fallait oser.

    Alain Veinstein serait-il (devenu) dangereux ?
    Il faut le piquer c'est ça ?

    Viederland

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  5. Extrait de dépêche AFP (5 juillet 2014) :
    "France Culture a fait valoir que la radio "s'était entendue avec Alain
    Veinstein sur l'arrêt de son émission depuis plus d'un an" et que "ce dernier avait accepté le principe d'un nouveau rendez-vous annuel de 40 émissions pour la grille d'été" de 2015. "Nous en étions à convenir des modalités de cette nouvelle collaboration quand Alain Veinstein a choisi de rompre le contrat et de transformer la dernière émission de +Du jour au lendemain+ - censée accueillir un écrivain - en un monologue de 35 minutes sur sa propre situation professionnelle", ajoute la station. "Une radio de service public n'est ni une antenne privée, ni le lieu de plaidoyer pro-domo, et ce pas plus pour Alain Veinstein que pour aucun d'entre nous (...). Assurer le renouvellement des générations à l'antenne, c'est aussi conforter l'avenir de France Culture", poursuit-elle."

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  6. Les professionnels de la radio ont un principe : on ne règle pas ses comptes à l'antenne.

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    1. C'est tout à fait juste... Comme sur ce blog il est bon de signer ses commentaires... ;-)

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    2. "La radio est une prison! Le doigt sur la couture du pantalon. Restez derrière la grille bien sagement, faites des risettes à celui qui a droit de vie et de mort sur vous, dîtes-vous libres si ous le voulez, mais ne vous faîtes pas d'illusion". Signé : la direction
      A noter que selon l'article paru c'est Oliver Poivre D'arvor qui a signé cette censure. La bassesse a un visage.
      Signé un auditeur (tout aussi prisonnier du bon vouloir et des humeurs de ces "puissants")

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  7. Un mot rapide : Je sors du silence. J'écoute peu de musique, des gens comme Alain Veinstein sont la mienne, autant dire que je lui suis très redevable.
    Je savais ce Vendredi 4 Juillet que le discret « intervieweur » allait faire des siennes et prendre à bras le corps 29 années de travail et de rencontres.Malgré son absence à venir j'en était content, content pour lui d'une certaine façon.
    Mais France culture a joué un bien sale tour ; faiseuse d'ange, d''incompréhension et d'entourloupe, d'un mépris fondamental au sens pasolinien de ce qui fait l'identité d'une vie, c'est à dire comment on la termine, comment sa mort fait acte de montage vis à vis de sa vie.C'était révoltant en tant qu'auditeur : de ce qui devait être le mouvement même de ce qui se désamorce comme la brusque envolé de la pellicule photographique achevée dans sa boite. Veinstein était ce jour là toujours fidèle au poste, on l'a remplacé par un ersatz de lui-même, profondément flouant et nivelant, dans le bon milieu de lui-même.Le même par le même sans la fin, quel meurtre...Sans le droit de terminer en beauté c'est toute une vie qui s'en ressent. Frivolité et mépris du mal qui refuse le coup de marteau qui fait ployer la plaine. Veinstein à voulu comme il le dit si bien, renverser le corps du bœuf à la force de son poignet et partager une autre nuit plus sombre que magnétique on le lui à même repris cet acte de virilité et de courage pour le remplacer sur son site par une hagiographie commune, nostalgique des très anciens débuts, bien plus mortelle celle là que de parachever par du sens.
    Je crois que l'émission n'existe pas, qu'il en a été empêché quelques heures avant, c'est castrant, profondément incréatif. Obligé, il faudra la retranscrire ailleurs, mais le mal est fait, cynique et impersonnel.J'espère que cet émission existe, nous, les amis, nous nous occuperons de sa collure, au même poste.
    Encore un mot, simplement pour incarner Alain Veinstein, jeune toujours, tel qu'il est , un début de nuit urbain, devant le fronton du Louvre, livré à une transe atmosphérique qu'il était hors de question de déranger ; il est des gens attachants dont il y a grand besoin, bien plus, nécessaire.

    Adieu Maldone

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    1. Pardon de vous contredire sur ce point mais il me semble évident que l'émission existe, et ce pour trois raisons :

      1) À la lecture de la dépêche de l'AFP on comprend que c'est après l'avoir écoutée que la direction en a décidé la censure

      2) Veinstein n'a jamais fait du direct, toujours du différé (à ce que je sais, il enregistrait d'une traite les cinq DJAL de la semaine à venir le jeudi après-midi), donc il l'a enregistrée peu avant vendredi soir

      3) Pas d'improvisation non plus chez lui (sauf dans ses réponses aux invités, évidemment) : tout est écrit, comme on peut s'en rendre aisément compte lors de l'émission de septembre 2005 qui fêtait les 20 ans de DJAL où il était seul au micro. J'y renvoie dans le billet que je viens de consacrer à cette sale affaire.

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  8. D'anonymes en anonymes on ne sait plus qui répond à qui ? Merci de signer vos commentaires.

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  9. Désolé, encore cet oubli : "En réponse à Anonyme" est signé Viederland.

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  10. Ah, désolé, M. Viederland, j'ai posté un ci-dessus lien vers la même belle émission à laquelle vous renvoyez avant d'avoir vu votre commentaire : les aléas de l'approbation nécessaire du modérateur.
    Pour signer ici, c'est simple : dans la cas "Répondre en tant que", vous choisissez "Nom/URL" et vous remplissez la case "Nom" (l'autre est optionnelle, elle permet cependant de lier une adresse au nom choisi).

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  11. Et moi, sitôt cliqué sur le lien, espérant trouver une meilleure copie que la mienne, je découvre avec stupeur que vous êtes le passeur qui m'avez fait découvrir Fred Deux !
    A l'origine, je retentais une recherche sur des archives audio issus de cassettes trouvées, de préférence complètement bizarres ou ayant un statut incertain. De cela, je vous suis infiniment reconnaissant - puisque la rencontre est pour le moins bouleversante.

    Étonnant, cette affaire Veinstein, quand ce retour, ce bouclage m'ont évoqué l'espace d'une seconde le phénomène des enterrements où l'on découvre d'un seul coup toutes les connections cachées entre les personnes, avant de se saouler pour de bon (en option ça).

    Alors oui, sûr que des personnes de cette trempe là, des Veinstein, des Fred Deux, des Cécile Reims sont incommensurables avec des personnages politiques dont on se demandent ce qu'il foutent à la culture - à part nous recracher quelques formules issues des pages roses du dictionnaire - pour faire mine de parler le même langage. Cela me rappelle la cassette de Fred Deux, absolument savoureuse, où il relate avec une rare puissance sa rencontre, d'abord enthousiaste, avec le maire d'une petite ville, ce maire qui finance et défend sa passion pour un circuit de courses automobiles. A découvrir, vraiment ...

    Et puis quoi, brandir l'avenir comme argument, si c'est pas de la langue de bois, la panoplie de base du discours politique ? Il vend des savonnettes ou quoi ? C'est de la lavande ou du jasmin ? Pour nous autres, l'avenir c'est la mort, monsieur le Directeur. Donc pas besoin de déodorant et encore moins de coercition infecte, pour jouir au mieux de ce temps incertain.

    Le toupet d'expliquer à Veinstein ce qui serait bon pour lui et ce qui ne le serait pas ...
    Tout cela me rapelle combien de récits et d'histoires au sujet des rapports entre l'artiste et le pouvoir en place.

    Un ami qui était en visite chez Fernando Arrabal, me raconte qu'un moment il se fige devant une très grande sculpture, de bois massif, en plein milieu du salon, représentant une langue déroulée jusqu'au sol. Voyant sa mine étonnée, Arrabal lui a dit (imaginez avec l'accent espagnol) : " - tu vois ça ? C'est la langue de bois."

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  12. Alors tout s'explique, car j'étais fort étonné, ayant moi-même cliqué sur votre lien dans l'espoir de récupérer un fichier de meilleure qualité sonore, d'entendre le même son que sur le mien : j'avais pensé que vous étiez la source qui me l'avait fourni depuis le Japon…

    Et la boucle est bouclée, puisque c'est précisément grâce à Alain Veinstein que j'avais découvert la part orale de l'œuvre de Fred, voici pile-poil 25 ans, dans l'émission du 4 juillet 1989 que j'ai mise à disposition en janvier sur ce billet

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  13. Partie A

    Pardon d'y insister mais la pilule ne passe pas. Quand je parlais de "rupture amoureuse" pour décrire le sentiment laissé par cette suppression, je l'ai encore vérifié ce matin.Toutes proportions gardées, c'est le goût, le climat, les étapes qui sont semblables.

    Ayant pris du retard sur mes écoutes, cette nuit encore j'étais avec Alain Veinstein et Catherine Millet, comme si rien n'avait changé. Il va y avoir une bonne semaine comme ça, avec les entretiens que je n'ai pas écoutés, en étalant bien on pourra même aller sur trois semaines.

    J'ouvre les yeux, la pièce est claire, lumière partout, l'appartement n'a pas pris feu, l'intégrité du corps est sauve, pourtant quelque chose a changé - comme dans un livre de Perec. L'instant d'après, quand la raison reprend le dessus, c'est le coup de fouet : ils nous ont carrément supprimé nos Jours et nos Lendemains. Difficile à croire, agitation mentale, vérifications de pure forme : il faut pourtant se rendre à l'évidence. On se tâte le corps voir s'il n'y aurait pas quelque part un gros trou où la main tomberait ?

    La pastille de Zan, le Cul de la bouteille et le Lé de vaches ! Ils nous ont supprimé le film du dimanche soir, la quatrième semaine, la prime de Noël, le Bonus Disc, la bouteille cachée etc : il y aurait là occasion de décliner un long poème rabelaisien ou à la Robert Desnos ... afin de bien expliquer l'étendue des dégâts.

    Quand je dis : j'étais avec Alain Veinstein et Catherine Millet, je veux dire : ils sont là, dans mon lit, un de chaque côté ou si l'on préfère, ils sont assis sur le bord du lit. Il y a là un tour de force et le problème réside ici : ce n'est pas : - oh, la direction a décidé de ne pas reconduire mon émission favorite ! Qu'on ne s'y trompe pas. On ne parle pas ici de Fort Boyard, c'est à dire, on ne parle d'aucune autre émission. Car de bonnes émissions, de très bonnes émissions, par chance nous en avons encore, il y en a eu et il y en aura.

    Cela a déjà été dit mais il faut y revenir, je crois, car nous pourrions l'oublier nous-mêmes : Du Jour au Lendemain était un espace, une proposition complètement à part.

    C'est sur un magicien qu'ils ont tiré, pas sur un homme de radio.
    Un magicien et un résistant.

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  14. Partie B

    De même, mon temps est assez précieux pour ne pas le perdre ici en exprimant un mécontentement et me gargariser au passage. Ce que je ressens, c'est plutôt quelque chose comme une défense de la poésie, un combat symbolique. Je ne suis même pas un admirateur ou un "fan" de Veinstein, je n'ai jamais lu ses livres, je les lirai plus tard ou jamais, peu importe.

    Pour dire ce côté "à part", il suffit de comparer. Par exemple avec quelque chose qui ressemble.

    L'émission de Veinstein, je l'écoutais la nuit et surtout, ma fille l'avait adoptée, comme quelque chose qui la rassurait, cela a duré des années, je lui mettais pour qu'elle s'endorme, ça la berçait ... C'est dire ... Et ça, le gros chasseur colonial avec son short kaki qui bute les éléphants il n'en a pas la moindre la moindre idée, mais passons.

    Et donc, comme il arrivait pour X raisons que je choisisse de mettre autre chose que l’émission d'Alain, la différence était tout de suite criante. Déjà, les autres émissions réveillaient ma fille, éventuellement ma femme avec, pourquoi ? A cause des fameux "habillages" et des soit-disant "moments de respiration" au cours des entretiens. Il suffit que ce ne soit plus Veinstein pour tomber dans la cacophonie (jeune et colorée), la faute de goût, les illustrations grossières et j'en passe. Plus moyen de respirer, il faut sortir le masque, ouvrir la fenêtre ou chercher la souris optique, à tâtons, en espérant trouver le bouton de volume voire le bouton STOP.
    Super ...

    Dès que ce n'est plus Veinstein, on passe de Beethoven à Francis Blanche puis à Alain Souchon : prodigieux. Pourquoi ce camion-poubelle au cœur de la nuit ? Sous prétexte de SENS. Cela a du SENS. La photo, avec la légende collée en dessous. Merci.

    Je n'ose pas dire à quelle émission "proche" ou comparable je pense mais je me suis posé bien des questions du genre : Mais comment peut-on (oser) faire des choses pareilles ? Voix de l'interviewer deux fois plus forte ou égalisée très bizarrement, questions qui tombent à plat, petites provocations lourdes, humour raté, parole coupée sans arrêt, indiscrétion de mauvais aloi, etc. Mon but n'est pas dire du mal mais déjà m'étonner et surtout, comparer un minimum.

    Pour finir, car arrivera un moment où il faudra se taire et affronter les faits sans consolation, se rappeler qu'il y avait dans ces Jour au Lendemain une telle qualité de silence, d'espace, d'écoute, de phénomène circulatoire, que l'on pouvait parfois entendre une main ou même un bijou sur une main, cliqueter ou frôler le micro ou heurter un verre d'eau, et se demander longuement , quel genre de bijou cela pouvait être - une boucle d'oreille qui tinte ? - qu'est ce qu'il y avait dans le verre ? Était-ce un grand verre ou une tasse de café ? Et ces mains, ces mains, nous parlaient-elles aussi ?

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  15. Erratum & Repentirs ?

    Au sujet d'Olivier Poivre d'Arvor, je viens de tomber sur cet article de Michel Rotfus sur le blog Médiapart, dont je cite plus bas l'extrait qui a provoqué ma surprise. Du coup, je ne comprends plus rien. Je me doutais bien qu'un moment ou un autre je tomberais sur quelque chose comme ça, c'est chose faite. Que s'est-il donc passé, si Mr D'Arvor est également un chic type ?

    Dédoublement de la personnalité ? Anomalie du caractère ? Ou fut-il à son tour le sujet de quelqu'un d'autre ou de quelque chose d'autre ? En tous cas, le seul argument économique ne me convaincrait pas, imaginant - peut être à tort ? - que l'émission supprimée ne devait pas compter parmi les plus couteuses. Je cale, sans pour autant revenir sur ma vaindicte, car hélas, bien et mal en proportion semblable n'ont pas du tout le même pouvoir, je renvoie à ma théorie de la mouche dans le verre de jus d'orange - essayez vous verrez.

    Pour ça, le bel équilibre proposé par Michel Rotfus en fin d'article me semble un peu facile. J'admets tout à fait que l'on puisse dire au même instant une chose et son contraire, mais cela demande un peu plus de travail, il faut un troisième terme, une petite voix, un mode d'emploi, une lueur, quelque chose ...

    Voici l'extrait :

    "Cette éviction et cette censure soudaine prennent un autre sens si l’on rappelle qu’OPDA a pris la direction de cette radio en 2010, au moment où une pétition signée de plusieurs milliers d’auditeurs réclamait la fin du renouvellement systématique, depuis dix ans, du contrat liant France Culture à Michel Onfray. Cette pétition dénonçait les approximations, les contre-vérités, la fabrication de pseudos-scandales transformant en êtres abjects les figures les plus importantes et les plus lumineuses de notre histoire intellectuelle par cet historien de la philosophie auto-proclamé. France-Culture fait la promotion d’une officine, l’université populaire d’Onfray, qui telle une PME assure la vente de ses cassettes et de ses livres, pour le plus grand bénéfice privé de son auteur. Ce qui est loin d’être le rôle d’une radio de service public, assumant dans son cahier des charges, le souci de promouvoir une culture de qualité.

    Depuis son arrivée à son poste de direction, Olivier Poivre d’Arvor, a ignoré cette pétition, comme toutes les protestations qui ne cessent de lui parvenir et il reconduit Onfray dans son temps d’antenne.

    Olivier Poivre d’Arvor est pourtant un homme de grande culture et a eu des responsabilités prestigieuses.

    Ceci juge cela. "

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  16. PS : Incapable de trouver le bouton Répondre sur Mediapart, je voulais ajouter cette remarque : depuis quand les "responsabilités prestigieuses" sont-elles le signe de quoi que ce soit de précis ? De certaines valeurs morales ? Déjà qu'un phénomène comme l'intelligence, par exemple, n'est le signe de rien, alors le prestige ... Quant au pouvoir, il me semble entretenir avec la responsabilité des rapports plutôt conflictuels - si seulement rapport il y a.

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  17. Un enregistrement de meilleure qualité que le précédent :

    Du jour au lendemain a 20 ans (17 septembre 2005)
    http://www.mediafire.com/?kf756381uzi7rm7/

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