vendredi 1 août 2014

Une histoire du Monde… pour la radio

La une du 29 juillet 2014
où Claude Sarraute trône… en pied























Il est ici assez rare que je vous parle d'autre chose que de radio, mais je n'ai pu résister à laisser trotter mon imagination suite à la lecture du feuilleton de l'été du journal Le Monde (1). J'ai lu ce canard (c'est affectueux) quotidiennement de 1988 à 2008, et depuis 1982 pour les séries d'été. Aujourd'hui c'est beaucoup plus occasionnel et électronique. Mais son histoire me passionne comme l'histoire de la presse en général. Il y aurait beaucoup de choses à faire en radio pour raconter ces histoires-là. Les douze "portraits" de cette série que dressent Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué sont passionnants à plus d'un titre. Pour la première fois à ma connaissance, des journalistes "maison" lèvent le voile sur l'histoire du journal, au-delà du et des mythes qui, tels une chape de plomb (ou de marbre pour rester dans le jargon de l'imprimerie de presse) empêchaient d'appréhender cette humanité bien particulière qui, pendant soixante-dix ans, s'est tissée au sein du journal. Comme souvent la petite et la grande histoire s'interpénètrent et donnent d'un journal sérieux, janséniste, et de "référenceune autre image (2).

Pour être dans l'ambiance il me faut prendre le journal en main, le sentir, le feuilleter, arriver lentement jusqu'à la double page finale, la balayer de façon panoramique, lire une ou deux légendes et commencer lentement la lecture en m'arrêtant s'il le faut toutes les dix phrases si cela doit me permettre de visualiser ce que je viens de lire. Cette lecture je la savoure au point de la faire durer le plus longtemps possible. Pas question de tourner la page sans avoir pris la mesure des années, des détails, des situations feutrées, explosives, ou simplement rigoureuses qu'ont vécues les journalistes à la suite de leur fondateur Hubert Beuve-Méry.

Et s'il m'arrive de lever le nez plus que de coutume ce n'est pas pour partir vers quelques nuages vaporeux. Ce vagabondage participe plutôt à "monter le film" que je ne manque pas de me faire. Enfermé dans mon journal rien ne doit m'extraire d'une lecture tendue. J'ai pour cela créé toutes les conditions pour qu'aucun élément extérieur ne vienne perturber cette lecture "intérieure" profonde. Lire et rien d'autre. 

Mais, l'article terminé, comme s'il s'agissait de trouver une façon de continuer l'histoire, j'ai à chaque fois très envie de le lire à voix haute, comme si à mon tour je voulais raconter cette histoire à mes enfants ou à des amis. Voilà donc ce qui, depuis le 22 juillet, est devenu ma petite madeleine de l'été. Aussi j'ai beau freiner des quatre fers pour que le 2 août court jusqu'au 2 septembre, rien n'y fera et je sais qu'inexorablement, le 3, je serai aussi désemparé que lorsqu'une émission ou un feuilleton radio prend fin. "Je suis comme je suis, je suis fait comme ça" disait Prévert. Et, d'une certaine façon, en écrivant ce billet je lance une bouteille à la mer… 

Pour donner ici à ces 70 ans un petit écho vous verrez le reportage "L'homme du monde" sur Hubert Beuve-Mery en 1970 (quand il passe la main à Jacques Fauvet) et entendrez ci-dessous la voix d'André Fontaine qui a dirigé Le Monde de 1985 à 1991.

(1) L'été en séries, "Le Monde fête ses 70 ans", du 22 juillet au 2 août 2014,
(2) La série sera publiée par Flammarion le 24 septembre,

L'homme du monde, 8 janvier 1970,

Attention, quelques "sauts" d'image et autres "noirs" à l'écran,

Radioscopie (extrait), 24 janvier 1977,

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