Jules Muraire |
J'empreinte son titre à Pascal Lismonde (1). D'abord, quand on se souvient avoir écouté ces "mardis"-là sur France Culture (2), on se souvient que les mardis résonnaient depuis le matin avec "La matinée des autres". Cette émission à producteurs tournants prenait le temps d'entrer dans la pellicule et ne s'enfermait pas dans la mécanique horlogère qui, aujourd'hui, a mis à plat le rythme et la raison de la chaîne.
Philippe Garbit, grand manitou - il n'a pourtant rien d'un indien - des "Nuits de France Culture" a mis récemment à la réécoute cet épisode de l'émission où entre en "scènes de genres" l'immense Jules Muraire dit Raimu. Ici pas d'images, pas de vidéos, pas de "vu de Toulon" mais le seul son, la voix du magnifique bourru, celle des témoins, des amis. Et ce cinéma, muet d'images, fonctionne parfaitement à la radio.
Cela tient à quoi ? Aux producteurs, aux réalisateurs qui savent rendre les images, les atmosphères, les situations sans les montrer du doigt. En subtiles évocations, en "ambiances", en suggestions qui sont autant d'images parlantes. Ici personne n'a le Pola (roïd) en bandoulière pour nous montrer Raimu "jouer de la guitare" dans "La femme du boulanger", pas plus que pour nous faire voir comment il réussit à faire un cocktail avec… "quatre tiers" dans "Marius".
En ces temps où nous vivions dans les grottes, sans Internet, sans smartphone ni YouTube, on allait au cinéma, on gardait les images en mémoire et quand les dialogues surgissaient dans le poste on les remettait bien vite en N&B et en pause pour être bien dans le décor. C'était chic, non ?
Alors pourvu que ça dure le cinéma à la radio sans image. Pourvu qu'on puisse encore longtemps ne pas systématiquement aller sur une plateforme un peu trop plate pour être honnête. Pourvu qu'on puisse encore longtemps se refaire le film avec "ses" dialogues, "ses" acteurs et "ses" images. Pourvu…
(1) Productrice à France Culture,
(2) À partir de 1985 (?)
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