samedi 29 juin 2019

Les micros de l'Histoire…

Les deux jeunes briscards des émissions d'histoire à la radio publique, Jean Lebrun (France Inter) et Emmanuel Laurentin (France Culture) ont joué hier sur leurs ondes respectives qui un numéro de duettiste, qui une partition autour des 20 ans de jeunes chercheurs en histoire et, autour de "La fabrique" qui elle-même fêtait hier ses vingt ans…

5 février 2017, Festival Longueur d'ondes (Brest)
de droite à gauche : Laurentin, Lebrun, Lainé, Langoët… les 4L

















9h06 : La Fabrique… dernière !
Jouez collectif avait sans doute annoncé la capitaine des Bleues avant le match contre les Etats-Unis hier soir ! Hier matin pour la der des ders de la Fabrique de l'histoire Emmanuel Laurentin a pu passer en revue vingt ans d'une belle aventure collective avec ses équipes de productrices, producteurs, réalisatrices et réalisateurs. Et donner à chacun l'occasion de revenir sur l'histoire. Celle à laquelle il avait participé pour un documentaire, pour une série (celle de Séverine Cassard au Rwanda) ou avec un historien ou historienne invitée.

Humble et ému Laurentin a évoqué "Le club d'essai" (1) et reconnaît avec ses équipes avoir beaucoup essayé ! Ce joli mot d'essai m'évoque le tâtonnement expérimental de Célestin Freinet (pédagogue, 1896-1966). Et voilà bien deux notions qui n'ont plus cours à Radio France qui joue toujours le résultat (audience) avant la démarche.

Ce fût une belle Fabrique, forte de ses personnalités, convaincue et chercheuse. De l'histoire comme on l'aime. Sur la longue durée (20 ans) chère à Braudel et pour laquelle on se demandera encore pourquoi elle n'a pas duré vingt ans de plus ! Salut les artistes !



Trois heures trente plus tard !
Lebrun passeur d'histoire(s) faisait la passe à Laurentin à qui il venait tendre le micro d'Inter et à Céline Loriou, jeune doctorante s'intéressant aux émissions d'histoire à la radio, et à qui j'ai aussi piqué le titre de sa future thèse pour ce billet. Laurentin avait débuté dans le Culture Matin (1986-1999) de Jean Lebrun et Loriou a fait quelques passages dans les coulisses de "La marche de l'histoire". Dans le cercle et avec ce petit cercle Lebrun a tissé une émission d'hommage à ses pairs, ses aînés et ses cadets avec ce style bien caractéristique qu'on lui connaît. Ronronner sans manquer, à propos, quelques coups de pattes (ou de griffes c'est selon).

Laurentin et Lebrun se déplacent respectivement sur leur grille (2) et l'on ne sait rien de l'émission d'histoire qui remplacera la Fabrique à la rentrée. D'une certaine façon Lebrun a fermé le banc d'une époque. Époque où l'histoire scandait les journées radiophoniques. 9h à Culture, 13h30 à Inter et, où les "journalistes d'histoire" se passaient le flambeau dans une belle continuité. Il y avait des évidences pour poursuivre "La fabrique" avec la pépinière de talents qui s'était greffée autour de Laurentin. Il y avait l'évidence "historique" de laisser la marque (et la marche) de l'histoire pour commencer les après-midi d'Inter (3).

On saura reconnaissant à Lebrun d'avoir avec ses complices Laurentin et Loriou fait acte d'histoire… radiophonique.



(1) Le "club d'essai" (1946-1963) de Jean Tardieu, lieu à la radio publique (RTF) qui permet la recherche et l'expérimentation avec des poètes, des ingénieurs du son, des écrivains, des journalistes et autres artistes "chercheurs",
(2) Lebrun à 14h30, Laurentin à 18h15,
(3) C'est Jean Garretto, directeur d'Inter (1983-1989), qui installa à 13h30, Michel Winock et Claude Dominique pour "Le passé singulier" et d'une certaine manière sanctuarisa la case…

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