Je me dois de faire précéder ce coup de chapeau au producteur historique de France Culture à une très grande voix de radio qui s'est éteinte hier à 97 ans : Zappy Max ! Vous pourrez retrouver la verve de l'ancien animateur de "Ça va bouillir" sur Radio Luxembourg en lien sur le mot "Zappy…". Ce pourrait être une voix oubliée mais, pour les amoureux de radio de plus de cinquante ans, il est le modèle idéal d'une radio populaire, inventive, joueuse et en phase avec son public ! Salut Zappy, salut l'artiste ! Et puis cela fera sûrement sourire Emmanuel Laurentin, auditeur de RTL dans sa jeunesse, que ce billet qui lui est consacré soit illustré par la photo de Zappy !
La semaine dernière bousculant les traditions, la directrice de France Culture, Sandrine Treiner, s'est présentée au micro de Guillaume Erner accompagnée d'Emmanuel Laurentin, producteur depuis 20 ans de "La Fabrique de l'histoire". Pour annoncer le départ d'Emmanuel de "La Fabrique" et de fait de la fin de cette émission-là et de son "atterrissage" au Grain à moudre (1). Il était bien de connaître assez tôt ce changement qui a remué la sphère historienne quelques jours après cette annonce inattendue. Laurentin aura donc eu son quart-d'heure warholien sans que ça n'entame ni sa discrétion ni son humilité.
Laurentin fit ses débuts à Radio France en 1986, dans la matinale de Jean Lebrun (France Culture) "Culture matin". Puis ce sera le remplacement opportun de Patrice Gélinet, fin 1996 pour animer "L''histoire en direct". En 1999, pour la première grille de la nouvelle directrice Laure Adler, Laurentin inventera "La Fabrique de l'histoire" en hebdo (le lundi), puis en quotidienne à partir de 2005 jusqu'à aujourd'hui.
Joli parcours, florilège d'invitées et d'invités, pour rendre l'histoire vivante et en prise directe avec la société moderne et… actuelle ! Laurentin sans relâche a tenu vingt ans. Vingt ans c'est épatant mais quelque part ça doit vous faire vivre deux journées en une. Tant la recherche des sujets, la préparation, les lectures et la documentation représentent une somme de travail considérable. Bien sûr Laurentin pouvait compter sur une équipe (composée exclusivement de femmes, jusqu'à l'arrivée de Victor Macé de Lépinay) qui elle non plus n'a pas démérité. À quelle sauce sera-t-elle mangée à la rentrée ? Personne ne le sait ni même la directrice de la chaîne comme elle l'a annoncé dans la matinale d'Erner mi-juin.
L'histoire à France Culture a toujours eu une place de choix. Laurentin parti, c'est la "vieille école" qui tire son chapeau. Laurentin avait bénéficié de la transmission de ses devanciers (Le Goff, Farge, Perrot,…) et d'une certaine façon de Jean Lebrun, producteur de "La marche de l'histoire" sur France Inter. Ce doit être grisant pour Laurentin de réinventer une émission. Ce doit être grisant pour nous auditeurs d'y plonger bientôt nos oreilles quand nous désertions à la même heure quarante minutes d'actu à la sauce d'un grain moulu.
Alors, avant ses vacances qui j'espère lui permettront de faire le grand vide, un grand merci à Emmanuel Laurentin pour ses matins historiques qui, années après années, nous permirent souvent d'éclairer le présent. Merci à toute son équipe et bonne chance à chacun.
(1) 18h20-19h, à cet horaire il y aura une nouvelle émission, nouveau nom, nouvelle équipe, plutôt autour de l'actualité à travers le prisme de jeunes chercheurs en sciences humaines,
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