mercredi 5 juin 2019

Veil, Lagardère, Gallet : tous au feu…

Bon, j'aurais pu titrer "La LGV des médias" (Lagardère, Gallet, Veil) mais je les ai mis dans l'ordre de leur apparition hier. Chacun au feu de sa maison : Radio France, Europe 1, Majelan.

L'Etna à nouveau en éruption…
















Europe 1 : Au feu !
Aux chiffres désastreux d'audience, il faut ajouter pour la station la perte (temporaire) de son vice-Pdg, Laurent Guimier après une chute et un arrêt maladie depuis 6 semaines ! Pour ce qui concerne la poursuite de la matinale avec Nikos Aliagas, Lagardère en parle la semaine prochaine avec l'intéressé. Pour Laurent Guimier la décision ne serait pas encore prise. Mais Benoît Daragon du Parisien (1) a relevé le propos d'un participant "Mais par plein d'allusions vachardes on a compris que c'était plié…" Le Pdg a aussi reconnu que les deux saisons passées sont un échec. Et donc le sien puisque c'est lui qui avait choisi Frédéric Schlesinger puis Laurent Guimier pour diriger la station. Quant à Virgin et RFM elles seraient bien à vendre révèle Le Figaro.

Sur son compte Instagram Lagardère a publié : "Ce matin, en vous voyant et en vous écoutant toutes et tous réunis, j’étais fier de votre attachement exigeant à Europe 1 et fier de vous avoir à mes côtés. Vous pouvez compter sur mon soutien sans équivoque. Un pour tous et tous pour Europe 1 !". On en saura donc plus la semaine prochaine ! Quant à Guimier j'avais écrit il y a un an : "L'avantage avec Guimier c'est qu'il connaît les pratiques impitoyables du football professionnel. Donc il a beau roucouler dans le reportage que "Le Tube" lui a consacré samedi dernier sur Canal+, en annonçant qu'il a 97 jours pour mettre en place une nouvelle grille de programmes, il devrait savoir qu'il peut sauter au 98ème ou, "reculer pour mieux sauter", au 173e quand Médiamétrie aura annoncé le naufrage définitif (ou une minuscule rémission) d'Europe 1."


Radio France : Au(x) feu(x) qui couve(nt)
Au bout de la deuxième journée de Comité Social et Economique Central (CSEC) la Pédégère, Sibyle Veil a levé la séance sans avoir répondu aux organisations syndicales représentatives des salariés pour ce qui concerne "les 25M€ d'effort demandé sur les charges de personnel, leur ventilation et en particulier les réductions d'effectif d'ores et déjà projetée." (2) L'ambiance est a minima tendue a maxima explosive. Veil, droit dans ses bottes, se prépare à faire passer -en force- les orientations d'un Livre Blanc qui détaillent la mue que vont devoir opérer Radio France et ses salariés à l'horizon 2022. Ces mutations s'accompagnent d'une bagatelle d'économies à hauteur de 60 M€ (3).

Veil n'est pas Gallet. Ce dernier "parachuté" à la tête de Radio France après celle de l'Ina n'avait ni les capacités ni le charisme pour diriger une maison qui n'était ni une "boîte" (4) ni une start-up tendance. Le CSA l'a dégagé en février 2018. Si Sibyle Veil, énarque, n'a aucune affinité ni empathie particulière pour la radio, elle va rigoureusement et implacablement appliquer ce qu'attendent les tutelles. Une diminution drastique des coûts de fonctionnement et un positionnement numérique affirmé et acté pour être dans le jeu (game) de la "start-up Nation". Aucun risque qu'elle bafouille ou s'assoit sur la scène du studio 104 où son prédécesseur avait tenté de s'exprimer devant les grévistes en 2015. Elle parlera cet après-midi devant le personnel au 104 pour présenter les orientations du Livre Blanc "Radio France 2022, une nouvelle ambition de service public"


Majelan : Au feu… follet
Au milieu de tous ces grands feux, Mathieu Gallet avait décidé de donner le coup d'envoi de son agrégateur de podcasts. Majelan n'est pas celui détroit (5) qui est le plus en difficulté. Gallet démarre cool avec 25 salariés et une ambition de ouf. Il vise un positionnement international (ben tiens) et réalise un rêve puisque quelques jours avant son arrivée à Radio France, il y a 5 ans, il envisageait déjà de vendre les podcasts issus des émissions du service public. Mais comme le relate Les Échos il semble que "Radio France demande cependant à son ancien patron de retirer immédiatement de Majelan les podcasts du média public, faute d'accord" (6). Le mariage RFM (Radio France Majelan) ne semble pas pour demain (7) ! Gallet tiendra t-il le cap de Majelan ? Là au moins, il n'aura d'autres choix que celui d'appliquer le principe de réalité et d'y regarder à deux fois avant de garnir de palissandre les murs de son bureau. 

Fernand de Magellan… toute ressemblance !













(1) "Arnaud Lagardère ne lâche pas Europe 1", 4 juin 2019,
(2) Repris dans la résolution votée à l'unanimité par les organisations syndicales de Radio France (Cfdt, Cgt, FO,SNJ, Sud, Unsa)
(3) Nous aurons l'occasion de revenir dans les prochains jours sur plusieurs de ces orientations et particulièrement pour Fip où il est écrit : "Aller à la rencontre des acteurs culturels et des auditeurs pour renforcer les liens avec eux : délocalisation de l’antenne sur le territoire, organisation de Live à Fip à Paris et en région, organisation de Fip Tour (renforcement des liens avec les acteurs culturels qui osent la création et soutiennent les nouveaux talents), création d’un radio-crochet des programmateurs." Mais rien de précis sur les antennes régionales de Bordeaux, Nantes, Strasbourg,

(4) C'est le terme qu'il avait employé pour qualifier Radio France dans son mot d'accueil devant les salariés lors de sa prise de fonctions en mai 2014,
(5) J'ai bien le droit de pasticher l'Almanach Vermot,
(6) "La plate-forme de podcasts Majelan se lance avec des ambitions internationales", 4 juin 2019,

(7) En souhaitant contrôler mieux la distribution de ses podcasts sur les plate-formes (Apple, Spotify, …) Radio France va peut-être enfin se bouger pour créer sa propre plateforme quand, aujourd'hui, accéder aux podcasts de ses chaînes c'est juste le parcours du combattant.

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