samedi 6 février 2021

Ah que c'est bon, que c'est bon la nuit parfois…

Les frissons vous connaissez ? Pas les frisons de peur ou de fièvre, non, les frissons d'émotion, les frissons de joie, les frissons de pur bonheur. Ça existe, je les aies rencontrés ! La nuit dernière en écoutant la très belle histoire en six épisodes de Beccarelli (Marine), Chaudon (Viviane) et Lacombe (Clara) : "Les nuits du bout des ondes", produite par l'Ina (1), j'ai basculé dans le réel et la fiction, dans les archives et dans le flux. Je me suis téléporté sur la "Planète nuit" et je me suis très vite retrouvé en pays de connaissance. Des voix familières croisaient des voix connues dans un tricotage subtil et émouvant. Les trois documentaristes venaient, d'un coup de baguette magique (et des heures de travail) de rendre vivantes une sélection d'archives de la radio de nuit sur presque six décennies ! Une prouesse ? Non ! Mieux, beaucoup mieux, une madeleine à inscrire au patrimoine radiophonique. Rien moins, rien plus.

Illus. pour la série par C. Lacombe













Vous aurez du mal à freiner mon enthousiasme ! Marine Beccarrelli s'est fait connaître avec sa thèse sur le sujet de la radio nocturne et la publication initiale qui a suivi (2) ! Viviane Chaudon est réalisatrice et enseignante. Son projet de fin de master en production audiovisuelle, obtenu à l’INA Sup en 2012, était consacré à la radio nocturne, précisément sur l’émission de Macha Béranger ("Allo Macha"). Clara Lacombe est réalisatrice indépendante. Elle a soutenu à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, un mémoire sur l’émission Les Nuits magnétiques (France Culture - 1978-1999). Solide culture radiophonique pour chacune d'entre elles et vif intérêt pour la radio de nuit, "inventée" par Roland Dhordain quand il formalisa l'écoute de France Inter, vingt quatre heures sur vingt quatre.

Le génie de cette série c'est d'avoir trouvé l'angle… incontournable (surprise !), la voix parfaite de la narratrice Marina Urquidi (3) et un florilège de voix qui semblent ne jamais nous avoir quittés. Cette narration, délicate et subtile, n'est ni au-dessus, ni à côté elle est totalement "in the night". Dedans, fluide, raccord. Le challenge proposé par l'Ina était la mise en valeur des archives audio. Ce n'est plus une réussite c'est un coup de maître. J'imagine tous les protagonistes réunis sur notre "Planète nuit", bouches bées, bluffés d'être ensemble dans l'histoire de leurs propres histoires, mixées aux p'tits oignons et plus si affinités (4).

On voudrait pouvoir écouter autant d'épisodes qu'il y a de jours dans une grille de saison de septembre à juin. Ne serait-ce pas le moment France Inter de rebondir et de réinstaller des émissions de nuit (faites la nuit) pour, en ces temps de grande fragilité morale pour tellement de gens, pouvoir compter sur la nuit pour trouver apaisement, espérance, joie ?

Comme vous, (j'espère que vous allez succomber), ce soir vers 23h, je vais réécouter cette série qui trouve toute sa puissance dans l'ambiance particulière de la nuit. Cela fait très longtemps que je n'ai pas été aussi émerveillé par une "émission", par un docu/fiction aussi brillant, aussi émouvant, aussi mémoriel ! Alors Marine, Viviane, Clara et Marina, comme aurait dit Kriss (on est presque dimanche) ""Je vous embrassec'est dimanche, c'est permis"

À suivre, ici…


(1) Accessible dès maintenant sur l'appli Radio France, onglet Ina (nécessite un smartphone et un abonnement Internet) et sur le site Ina de Madelen en accès libre. Rien que pour cette série l'abonnement mensuel à 2,99€ vaut la peine de casser sa tirelire,
(2) Cette thèse paraîtra courant 2021 aux Presses Universitaires de Rennes,

(3) Narratrice de la série "Les Nuits du bout des ondes", est aujourd’hui traductrice. De la fin des années 1970 au milieu des années 1980, elle était une voix nocturne de stations pirates puis de radios libres parisiennes. Sur Radio Ivre, Radio Soleil puis Radio Gilda, elle a notamment créé et animé les émissions nocturnes Le Monde à Paris, Nous, c’est les autres, ou encore Maracudja. Certaines des archives diffusées dans la série Les Nuits du bout des ondes sont issues de ses cassettes personnelles,

(4) Prise de son et mixage : Christophe Remy,

2 commentaires:

  1. Re moi !
    effectivement, la voix est magique. et cette voix est une voix de nuit. On dit que la voix ne vieillit pas (c'est déjà cela !)
    a bientôt
    Nanou

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    1. Ben voilà ! ;-) Merci pour elle, et merci pour moi ;-)

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