Le chantier initial de la construction |
Le 6ème étage de la Maison de la radio, sujet évoqué aujourd'hui dans "Surles docks" (1), j'y suis monté pour la première fois en 2001 à l'invitation de Laurence Bloch (2), productrice de "Changement de décor", pour présenter avec Jean-François Pocentek, "La belle équipe" notre Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOP) qui s'occupait d'écriture. Écriture littéraire et écriture graphique. J'étais assez excité de pénétrer dans la maison ronde, pas tellement pour "raconter ma vie" professionnelle mais plutôt pour découvrir le cadre de la radio que j'écoutais depuis 16 ans déjà. Christine Bernard-Guedj vint nous chercher Porte B, nous mèna au studio 168 et là de rappeller immédiatement à Laurence Bloch qu'il y a vingt ans elle m'avait interviewé à Nantes, au colloque "Autrement" sur le milieu rural. Une fois assurés que nous étions bien dans le studio où Jean Lebrun officiait chaque matin pour son "Culture matin", vint s'asseoir à côté de nous, Irène Omélianenko, qui ce jour-là présentait un court documentaire sur le centre Finistère. C'était là pour moi le début d'une longue traversée qui semble loin d'être terminée.
À chaque fois que j'ai arpenté les couloirs du sixième je me sentais comme un passager clandestin dans ce navire où, derrière les hublots des studios, se faisait la radio. Christine Goémé (productrice) a cherché après le déménagement de la chaîne, au 9ème et au 10ème étage, à revenir au 6ème pour fixer les souvenirs de ceux qui l'avaient quitté en traînant sans doute un peu les pieds.
Ceux qui ont "joué le jeu" d'arpenter les couloirs d'un "lieu en déshérence" ont "tenté le coup" et forcé les portes du chantier interdit au public. Une façon originale et pertinente de refaire le chemin à l'envers et de fixer sur "des ruines" ce qui faisait le quotidien de la création radiophonique et de ceux qui la faisaient. On pourrait dire "enfin la radio parle d'elle" et se raconte sur le lieu même de sa fabrique où gravite un mouvement en perpétuelle ébullition. Bonne idée de faire dire à la "désolation", l'enchantement à travailler avec telle ou tel, ses premiers pas au micro ou en régie, ses regards effrayés pour ceux qui incarnaient la chaîne : Trutat, Jaigu, Cazenave, Mettra. Et puis malgré les années et les occupations successives, chacun de reconnaître, malgré tout, le bureau d'Alain Trutat ou celui de Michel Cazenave, même si d'autres avaient fini par l'occuper.
Et puis Marie-Hélène Fraïssé d'évoquer Pierre Descargues, époustouflée par son érudition. Touchant forcément de faire dire dans ses lieux "en ruine" ceux qui, disparus, ont marqué durablement la chaîne et transmis leur savoir ou leur façon de faire de la radio culturelle, ou de faire de la culture à la radio, aux plus jeunes qui aujourd'hui ont acquis l'expérience et ont bien peu l'occasion de rendre hommage à ceux qui les ont formés.
Je n'ai pas envie de conclure ce billet mais plutôt envie de suggérer qu'il faudrait plus régulièrement que la radio ose se raconter et entame sur la longue durée l'écriture de "sa petite histoire"…
(1) France Culture, 17h,
(2) Aujourd'hui chargée des programmes de France Inter,
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