mercredi 18 septembre 2013

Musique-Culture… Culture-Musique

Olivier Morel-Maroger/C. Abramowitz-RF













Comme on pouvait s'y attendre une fois les lampions du studio 106 (1) éteints, plus personne ne parle de la conférence de presse de Radio France et surtout pas des programmes radio de la saison 13-14. La presse se contentant de réagir à chaud sur des annonces, les effets de manche des vedettes de l'une ou l'autre antenne, ou la photo du plateau final et sa brochette de directeurs (masculins) des différentes stations du groupe Radio France. Pour la presse, la radio c'est ça, ce qui se passe autour, jamais ou presque ce qui se passe dedans. Ce qui nécessiterait un minimum d'écoute, ce minimum étant consacré au buzz beaucoup plus excitant que d'écouter attentivement une émission sur la longue durée.


Si j'attache beaucoup d'importance à assister en live à cette prestation annuelle c'est pour être attentif à la façon dont les choses sont dites, contextualisées, mises en valeur ou sous silence de telle ou tel. Écouter et voir. Si j'ai raconté comment Julien Delli-Fiori fait ses pirouettes, je n'ai encore rien dit de la façon d'Olivier Morel-Maroger. Alerte, simple, tonique, ce directeur de France Musique (depuis trois ans) sait aller à l'essentiel, sans ronds de jambe, auto-congratulations ou jeux de mots lourds ou appuyés. Comme ça, sans en avoir l'air, présentant Jean-Michel Dhuez le nouveau matinalier de la chaîne, il annonce que cette matinale sera faite de musique ET de culture. De quoi ? De musique ET de culture mais ceci me rappelle furieusement le credo de Culture Matin (2). 

Alors que les stars se font photographier sur la scène du 106, je croise quelqu'un à qui je fais remarquer que si la matinale de Musique a de la culture dedans, la matinale de Culture va t-elle faire dans le musique ? Et ce "vieux briscard de la radio" de me dire "Tentation à Musique de faire Culture, à Culture de faire Inter, à Inter de faire Info, à Info de faire Inter et à Inter… Culture." CQFD. Ça faisait pas 10mn que Jean-Michel Dhuez était dans la place pour animer sa première matinale qu'on aurait pu croire qu'il était là depuis toujours. Belle voix, sens du rythme, concis, cultivé et à l'aise avec la musique. J'oserai dire toutes les musiques.

Toutes les musiques car, lundi matin recevant Guy Cogeval, conservateur du Musée d'Orsay, Dhuez a "osé" diffuser "Papaoutai" de Stromae, rompant ainsi définitivement avec un Christophe Bourseiller (3) qui, accueillant Guédiguian pour son film "Les neiges du Kilimanjaro" lui/nous avait empêché l'écoute du titre éponyme de Pascal Danel (4), idem pour Lydia Salvayre pour son roman "Hymne", présupposant sans doute qu'à cette heure-là il était trop tôt pour écouter du Hendrix sur France Musique. On reconnaîtra donc à Dhuez de respecter ses invités, d'être à leur écoute et de les rendre plus "participatifs" que s'ils ne passaient que pour la promo (5).

Mais pour prendre la mesure ou le tempo d'une émission il faut savoir l'écouter sur la longue durée. C'est parti. Dorénavant c'est là le matin que je tendrai l'oreille…

Indicatif de la matinale : "La nuit américaine" du film de François Truffaut, musique de Georges Delerue par l'orchestre du Luxembourg dirigé par Laurent Petitgirard.

(1) Lire ici,
(2) Par Jean Lebrun,1987-1999,
(3) Animateur de la matinale pendant deux saisons consécutives, 2011-2013,
(4) Trop populaire ou has been pour France Musique ?
(5) Lundi matin après le journal de 8h, Dhuez, comme le faisait Lebrun, enchaîne avec des brèves culturelles. C'est un parti-pris fort qui permet à l'anchorman d'être dans le sujet plutôt que, de façon plaquée et systématique, dans tous les sujets en en passant juste les plats.

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