vendredi 11 juillet 2014

Réaliser la radio…

Gilles Davidas (assis, 3ème en partant de la gauche)
Période "On efface tout…" France Inter, 1990
Brigitte Vincent (assise, 1ère en partant de la gauche)


















Bien sûr si "on" commence par nous envoyer du Jean-Pierre Chabrol (1), les frissons nous parcourent le corps même si ce n'est pas précisément à cette heure de minuit que nous avons flirté avec le Cévenol, mais plutôt le midi, en 1981-1982, avec ses billets d'humeur et son définitif "saludas" en fin de chaque émission. Entendre chaque jour cet accent, au nord de la Loire, c'était du soleil, de la rocaille, et quelques rudesses qui ne pouvaient pas faire mal au cœur.

Vendredi 4 juillet, en plein "Chamboule tout" à France Culture, Tewfik Hakem, en lieu et place de Thomas Baumgartner, recevait Gilles Davidas et Philippe Baudoin, respectivement, selon la terminologie en cours à Radio France, vieux et jeune réalisateur pour évoquer leurs "façons de faire" de la radio et quelquefois de défaire. Forcément savoureux d'entendre, ramassées en quelques minutes, les heures de gloire de la radio publique à travers le non moins vaillant et glorieux Gilles Davidas qui, au fil des ondes, en a vu d'autres et surtout entendu d'autres. Pour autant nous aurions aimé que Tewfik Hakem, prenant la mesure de l'Histoire (pas moins), soit un peu moins convenu et didactique pour aborder deux professionnels qui, à travers leur métier, ont très peu l'occasion de s'exprimer à la radio (2). 


Et puis surtout s'imposer de CONTEXTUALISER les époques et les émissions qui étaient évoquées au cours de l'émission. Pour cela eut-il fallu que M. Hakem les connaisse ce qui n'était "visiblement" pas le cas ? Sur la base de la règle qui veut que l'on s'adresse à des auditeurs, on ne peut "tanguer" de "Si par hasard au piano bar
(3) à "L'Oreille en coin" (4), des "Bleus de la nuit" (5) à "Carbone 14" (6), sans donner quelques clefs aux auditeurs qui à l'époque n'étaient pas nés. À s'enfermer dans cet entre-soi Hakem n'est pas prêt d'avoir de jeunes auditeurs. Il est absolument égal à lui-même et faussement "perfide" ou "complice", de la même façon qu'il enfile les perles (de Culture) chaque matin sur la chaîne.

Il était bon que Davidas rappelle qu'"une mauvaise émission est une émission qui oublie qu'il y a un auditeur de l'autre coté du transistor". CQFD. On appréciera aussi les propos de Baudouin sur le "numérique/réel/parasite/grésillement" qui ont eu l'énorme avantage de laisser Hakem coi, et nous donner l'espoir que la technique pourrait "s'effacer" au bénéfice de la création. Il restera l'impression d'une émission brouillonne, mal préparée, mal documentée, réfutant, de fait, l'assertion qui voudrait que les producteurs soient définitivement interchangeables. Quelle gabegie et quelle catastrophe radiophonique ce serait !


(1) Portes d'embarquement, France Inter, 1982, réalisée par Gilles Davidas,

(2) Demander à Baudoin et Davidas de nommer leurs cinq émissions de radio préférées et on se croirait chez Drucker ou dans un micro-trottoir,
(3) Daniel Mermet, France Inter, 1985,
(4) Garretto-Codou, France Inter, 1968-1990, 
(5) Michel Bichebois, France Inter, 1983-1984, émission de nuit,
(6) Une des "radios-libres" qui a le plus décoiffé ! 1981-1983. "Légende et histoire d'une radio pas comme les autres" Thierry Lefebvre, Ina Éditions, 2012. 

6 commentaires:

  1. Et surtout... on n'a (quasiment) rien appris du métier de chargé·e de réalisation dans cette émission.

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    1. Merci de l'avoir signalé Étienne, emporté par une certaine "colère" j'en ai oublié l'essentiel. Surtout que Davidas aurait pu raconté l'évolution du métier depuis 40 ans. Mais le principe si facile de recevoir des invités favorise la "conversation" badine, le maudit "talk". Voilà quelque chose contre lequel luttait Pierre Bouteiller quand il était directeur d'Inter…

      Voilà encore de quoi enfoncer le clou du gadget du "Chamboule tout" qui a surtout montré qu'il aurait mieux valu ne pas le faire entendre… le dit-chamboulement. "La croisière s'amuse", "La colo se défoule", "Maman, j'ai raté la direction" autant de canards dignes du nimporte nawak. Affligeant et pitoyable :(((

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    2. Christian Rosset11 juillet 2014 à 11:54

      Si vous croyez qu'avec une émission en faux direct, vous apprendrez ce qu'est le métier de chargé(e) de réalisation (qui se décline d'autant de façons qu'il y a de bonnes volontés... De plus, je ne crois pas à la division du travail. Une bonne émission, c'est quand l'équipe est soudée). De plus, il se trouve que je vis avec une "chargée" se chargeant, depuis quelques années, d'autres soucis !
      Sinon, je trouve que Tewfik ne s'en est pas mal sorti. Cette émission est agréable et pleine de bonnes surprises. Que demande le peuple ?
      Ah oui, une chargée et non deux chargés !

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    3. Merci pour cet avis de l'intérieur. Ben heu perso je crois à rien. Je fais juste la différence entre une émission et un "talk".

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  2. Et puis, il plane sur cette émission une drôle d'atmosphère avec Hakem qui pousse Davidas sur le terrain de la nostalgie et de l'auto-congratulation, Davidas qui ne lui donne pas vraiment le change et paraît désabusé, Hakem qui du coup le pousse sur le terrain de la critique, bref un jeu un peu malsain.

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    1. Juste. Je dirai même plus un climat de vraie-fausse connivence, dilettante et "débridé".Réponses convenues quand les questions le sont à ce point. Impréparation optimum, soit l'exact contraire des "Mythologies de poche de la radio" de Thomas Baumgartner. Dommage que M. d'Arvor n'ait pas écouté l'émission, il aurait pu la (cham)bouler !

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