Et les animatrices de Fip mutèrent en animateurs…

Pour ce 1er avril, Bérénice Ravache, directrice de Fip, a eu l'idée de confier à des animateurs… l'animation de l'antenne d'habitude et, depuis 48 ans, dévolue aux femmes qu'on appelle des animatrices (1). L'idée est sympa quand elle fait se suivre des journalistes, des animateurs de radio, des acteurs (2) qui ont eu l'air d'y prendre plaisir et de jouer le jeu pour trouver la bonne accroche, pour personnaliser leur annonce au point de leur donner une âme ! (3) Je profite aussi de ce billet pour vous interpeller Madame Bérénice Ravache…

Passage d'antenne :
Guillaume Gallienne à Gérard Darmon 

  













Madame la Directrice de Fip,
Vous avez pris la direction de Fip alors que votre prédécessrice, Anne Sérode, avait engagé quelques bouleversements à l'antenne (4) et avait surtout en projet de régler leur compte aux Fip régionales : Bordeaux, Nantes, Strasbourg. Si j'emploie les mots "régler leur compte" c'est qu'Anne Sérode semblait avoir une vision comptable et glaciale de l'histoire de ces radios et de leur impact dans leur zone de diffusion élargie au-delà des seules villes d'où elles émettaient.

Depuis longtemps j'ai écrit que la tentation pour de nombreuses directions de Radio France était de se servir de Fip comme variable d'ajustement. L'histoire très mouvementée de nombreuses Fip disparues (5) en témoigne absolument. Pointe maintenant l'idée qu'avec la Radio Numérique Terrestre (RNT) dite aussi DAB+, Fip étant diffusée sur l'ensemble du territoire national, les Fip régionales pourraient disparaître ! Et pourquoi donc ? Au titre de quelle économie de bout de chandelle préconisée par la Cour des Comptes ? Au titre de quel mépris des auditeurs concernés qui ont depuis plus de 45 ans, pour chacune de ces trois locales, entretenu une relation fidèle, amoureuse et passionnée ?

Vous savez bien, Madame, au vu de la consultation nationale Radio France, France Télévisions, l'attachement des Français à leur radio publique. En région, les Fip ont tissé des liens avec des partenaires et des entreprises culturelles et se sont surtout imposées dans le paysage audio (visuel). Ce ne sont pas des décrochages régionaux à heure fixe qui remplaceront la présence des animatrices à l'antenne de 7 heures à 7 heures (du soir). 

La position de Madame Veil, Pédégère de Radio France (6) est a minima une ellipse, a maxima un élément de langage abscons pour… noyer le poisson ou les animatrices avec l'eau du bain de la Gironde, de la Loire ou du Rhin. L'impact financier de ces "locales" sur "la trajectoire financière de l'entreprise" doit être ridicule au regard d'autres économies qu'il conviendrait ou pas d'engager.

J'espère, Madame la Directrice, qu'en 2021, Fip pourra fêter fièrement ses 50 ans en s'appuyant sur sa belle histoire nationale comme sur celles des locales qui ont toutes leur place dans la galaxie radio. Les auditeurs de ces régions comptent sur vous pour prendre toute la mesure des enjeux et surtout pour ne pas céder aux sirènes qui malgré leurs chants attirants n'ont pas leur place sur Fip.

À bonne entendeuse, salut !   

Le logo de FIP 514,
France Inter Paris à sa création en 1971

(1) Et non pas des Fipettes comme me l'avait confié Jane Villenet, animatrice légendaire de l'antenne de Paris, qui considérait que les terminaisons en "ette" rapetissent le sens des mots…
(2) Et quelquefois des cabots qui ont beau roucouler, tenir une antenne c'est un métier et tout le contraire d'une conversation spontanée, 
(3) "En coulisses" Caroline Ostermann et Sonya Mellah veillaient au grain ! C'est un métier qu'on vous dit…

(4) Les émissions du soir et la diminution d'une heure de "Jazz à Fip",
(5) Les passionné-e-s pourront se reporter à ce billet qui liste tous les articles que j'ai rédigés pour évoquer l'histoire de Fip ! Et celui-ci pour évoquer ses 45 ans !

(6) "La Cour recommande également "la suppression des programmes locaux de Fip". Radio France indique qu'une "réflexion est en cours afin de parvenir à un meilleur aménagement de la présence de Radio France dans les territoires tout en tenant compte de la trajectoire financière de l’entreprise", sans plus de précisions", in "La lettre pro de la radio", 6 février 2019,