Steve Mac Queen, acteur principal de la série "Au nom de la loi" (1) |
Ç'aurait pu être l'Arche de Noé. Je vis plutôt une ménagerie. Au cours de ce voyage à l'intérieur de la Commission Culture de l'Assemblée Nationale. Vingt-cinq heures pour se convaincre que dans l'histoire, la radio allait y laisser des plumes. Et pas que. Alors, avec chacune des bestioles citées, je vous dresse le tableau de la loi et de la France Média à venir !
Un serpent de mer
Depuis l'avènement de Macron les effets d'annonce avaient succédé aux effets d'annonce pour n'être suivis… d'aucun effet ! Puis à la faveur du départ de Nyssen (ex-Ministre de la Culture) et de l'arrivée de Riester (le nouveau), ce coup-ci, juré-promis, on allait voir ce qu'on allait voir (à défaut d'entendre) ! Et ce fut le (grand) bal des auditions. Des professionnels de la profession. Des lobbyistes de tout poil. Et quelques interférences politiques de haut vol.
Y'a un loup
Au Ministère de la Culture, une de ses directions est parfaitement au fait des affaires de médias : la Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles (DGMIC). Son directeur général, Martin Ajdari connaît très bien la radio (2). Avec Nyssen, avec Riester, cette direction a eu en charge l'élaboration de la loi. Parallèlement, l'Assemblée Nationale (au travers de sa Commission Culture) nomme Aurore Bergé, Rapporteure générale de la future loi audiovisuelle. On peut alors imaginer qu'entre Riester (LR) et Bergé (LREM) le courant passe. Eh ben non ! Vu les saillies échangées en commission et surtout les manques (particulièrement pour la radio) révélés et reprochés au ministre, on reste assez ébahis de ces attitudes "fratricides" et assez inédites en ces lieux parlementaires. Question 1 : qui est le loup (ou la louve) ?
Appeler un chat, un chat
La création de France Médias ressemble fort à une reprise en main de l'État, pour tenir ensemble et contrôler l'audiovisuel public. En 68, et quelques années après il n'était pas rare que les radios privées fustigent l'ORTF en parlant de radio (et de TV) d'État ! Las, une Pédégère ou un Pédégé sera plus facile à convaincre que quatre dirigeants et, sa mission impérative de rationaliser l'ensemble risque non de s'appuyer sur l'égalité des "quatre mousquetaires" mais plutôt sur l'influence médiatique - et numérique - de chacun. Dans la société actuelle, on voit mal l'audio prendre le pas sur le visuel. La bataille sera âpre pour que la radio puisse exister à parité face à France Télévisions et France Médias Monde. Les député-e-s ont eu beau demander des précisions sur la gouvernance de la holding, leurs amendements ont été retoqués et les réponses du Ministre pour le moins évasives.
Un cheval de bataille
M. Riester a enfourché son cheval de bataille "une BBC à la française" (3) et malgré tout du se résoudre à ne pas associer, Arte (GIE franco-allemand) et les deux chaînes parlementaires (LCP et Public Sénat). Nom choisi : France Médias. Que d'aucuns fustigent en ORTF 2.0. Cette future usine à gaz audiovisuelle, centralisée, ne risque pas de se faire appeler par son acronyme. F.M. ça t'aurait trop un air de radio. Par contre pas sûr que quelques facétieux burlesques ne tentent pas "La bande FM".
Ce qui ne manquerait ni de sel (ni de poivre, même). On a hâte de voir une harmonisation des logos et le pognon que ça va coûter (4) ! Quant aux centaines d'heures de réunionite qu'il faudra gérer pour tenter de faire travailler ensemble ceux qui depuis 1975 se sont habitués à l'autonomie (5), c'est autant d'heures qui ne seront pas consacrées aux missions spécifiques de chacune des sociétés audiovisuelles. Car la Pédégére ou le Pédégé aura bien un pouvoir éditorial pour élaborer des projets avec les quatre filiales de France Médias, même si chacune d'elle reste maître de son éditorial.
Miroir aux alouettes
Corbière, Dumas, Faucillon, Larrive, député-e-s, n'ont jamais pu obtenir la moindre information sur le budget en propre qui serait alloué à France Médias. L'État depuis 2017 n'a fait que marteler l'effort budgétaire demandé à chacun des services publics. Radio France, France Télévisions et France Médias Monde n'ont pas échappé aux coupes budgétaires. Où Bercy trouvera-t-il le budget pour France Médias ? D'un côté diminuer tous les budgets audiovisuels et de l'autre en créer un supplémentaire. Quelle méthode Coué pour ce tour de passe-passe ? Là aussi il y a un lièvre…
La puce à l'oreille
Si dans le propos liminaire du Ministre Riester pour présenter sa loi, pas une seule fois le mot radio n'a été prononcé ou, seulement en association des mots presse ou télévision, ne peut-on conclure, sans crainte de se tromper, que la radio a été "oubliée" ou pire que personne n'ayant de projet pour elle, l'impasse s'imposait ? Et aux vingt-cinq heures d'exposés qui s'en suivront on n'en parlera plus qu'à la marge (voir billet de vendredi). Question 2 : pourquoi la radio a échappé à la vigilance de la DGMIC ?
La suite, demain…
(1) La série (américaine) a été diffusée à partir de sur la première chaîne de l'ORTF,
(2) De 2004 à 2009, directeur général délégué de Radio France sous la présidence de Jean-Paul Cluzel. En , directeur général de la DGMIC (Direction Générale des Médias et des Industries Culturelles), au sein du ministère de la Culture et de la Communication. Lors du Conseil des ministres du , Martin Ajdari est désigné directeur-adjoint à l'Opéra national de Paris à partir de 2020 (source Wikipédia),
(3) Déjà le 14 septembre 2015, dans le Figaro "Il faut créer une BBC à la française, plurimédias et indépendante du pouvoir". On notera "indépendante du pouvoir" on y croit trop !
(5) Le 1er janvier 1975 sept sociétés autonomes sont crées : Radio France, TF1, Antenne 2, France 3, TDF, SFP, Ina,
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