mardi 17 mars 2020

Au nom de la loi… (audiovisuelle), 2

L'épisode 1 est ici.



Prendre la mouche
Le Président de la Commission qui faisait de son mieux pour faire voter les 82 articles de la loi et ses 1200 amendements a pu montrer une certaine lassitude quand les député-e-s ne respectaient pas le temps de parole (1') accordé. Madame Dumas, pugnace (et connaissant parfaitement son sujet), lassée qu'aucun de ses amendements ne soit voté, au risque de contradictions visibles dans la loi, fit prendre la mouche au Président Studer qui n'hésita pas à lui coupler le sifflet (micro).



Anguille sous roche
Ce sont les onze administrateurs de France Médias qui nommeront le Pédégé ou la Pédégère (6). Avec cinq membres nommés par le gouvernement difficile de ne pas voir comment l'État va être à la manœuvre. Il suffira de convaincre un membre de plus et la messe sera dite !



Les vaches maigres
Pour faire plus avec moins on imagine facilement les effets sur les effectifs, les services communs regroupés, les moyens rationalisés, les missions resserrées et le tour de passe-passe réussi. Vous la voyez l'usine à gaz dont on va essayer de faire progressivement une usine… sans gaz !



Un chien… dans un jeu de quille
Madame Frédérique Dumas, députée, (et productrice de cinéma) a coordonné, à l’Assemblée Nationale, en 2018, un groupe de travail sur l’audiovisuel public. À l'époque députée LREM, les suites de son travail ont du lui laisser quelques amertumes (7). La députée a beaucoup analysé la loi et fait de nombreuses propositions qui n'ont pas eu l'heur de plaire ni au Ministre ni à la Rapporteure générale. On ne lui aura sûrement pas pardonné, ni d'avoir quitté le groupe majoritaire ni, de manifester son indépendance d'esprit.



Cochon qui s'en dédit
Aux promesses (d'alcôve) intenables, aux vents contraires (et contrariés), aux tentations du pouvoir (étatique), à l'absence de vision autre que rivaliser avec les plateformes, à la suprématie du visuel, à minorer l'audio, à reproduire les erreurs du passé (8), à s'obstiner à ne pas associer les auditeurs dans les C.A. des filiales et dans celui de la holding, à laisser les salariés des quatre filiales dans l'expectative la plus absolue, et leur Pdg dubitatifs, la douche, risque pour les mois et les années à venir, d'être glaciale.



La carpe et le lapin (image Thierry Couteau)
La pantomime que nous auront jouée Riester et Bergé montre a minima la légèreté du gouvernement, son incapacité à tenir ses troupes, son mantra "nouveau monde" s'écrabouillant dans les méthodes du passé : chausse-trapes, inimitié, vengeances personnelles, calculs politiques mesquins, abandon de l'intérêt général pour des intérêts particuliers, image de marque et crédibilité en berne. On n'est plus très loin du fiasco !



Souris, piafs, moutons (de Panurge), couleuvres
Pendant que le chat n'est pas là, les souris pourront-elles danser jusqu'au vote de la loi en avril ? Les citoyens piaffent d'impatience de comprendre à quelle sauce ils vont devoir écouter, regarder et… à quel prix ? Quelques moutons vont suivre, dociles, le berger qui n'a toujours pas trouvé l'étoile pour ne perdre ni le nord (ni le sud, l'est et l'ouest non plus). À nous, auditeurs et téléspectateurs, à nous préparer à avaler quelques paniers de couleuvres indigestes et à désespérer Billancourt. Sans l'ombre d'un espoir pour un autre projet de société… audiovisuelle !

(À suivre)

(6) France Médias disposera d’un conseil d’administration où l’État n’aura pas la majorité des sièges. Sur les 11 membres, trois seront des représentants de l’État et six des personnalités qualifiées et indépendantes (deux nommées par le Parlement, deux proposées par l’État après avis conforme du CSA et deux désignées par le conseil d’administration lui-même, au regard de leur expertise et après avis conforme du CSA). Il y aura également deux représentants des salariés… [issus des 4 sociétés filiales ? comment ?]

(7) Son interview par la Scam et par Sonia Devillers,

(8) En oubliant la recherche, comme la loi de 1974 (dissolution de l'ORTF) oubliait de trouver une place au "Bureau de la recherche" de Pierre Schaeffer qui existait sous l'ORTF.

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