vendredi 6 mars 2020

Le bureau des projets… Une légende ? (5)

Ce billet clôture une série de cinq pour essayer de comprendre comment la décision pour un projet/sujet d'émission opérait au fur et à mesure de l'histoire récente de France Culture (1975/2019). Rédigés à partir de différents entretiens de producteurs-trices et réalisateurs-trices, ils montrent comment de l'artisanat et de la "bricole heureuse" on est passé au "formulaire Cerfa" et à un modus operandi plombé par un éditorial tenu dans une seule main, celle de la directrice Sandrine Treiner.

En 1979, les femmes de France Inter, légende ici 




















Mehdi El hadj, réalisateur : "Aux premières années de "Nuits Magnétiques" les projets d'émission extérieurs étaient lus, sélectionnés, et amendés, si nécessaire, par Alain Veinstein [producteur et coordinateur] puis proposés, après discussion, au libre choix des personnels de réalisation affectés par un service administratif (1) à ce programme. Cette pratique ne se retrouvait nécessairement pas sous cette forme dans tous les secteurs [Unités de programme, ndlr] même si les responsables sollicitaient, souvent après leur décision, un nouveau ou ancien producteur qui pouvait alors exprimer le désir de travailler avec un réalisateur particulier. Les responsables de secteur, également à l'origine d'émissions dans la tranche qu'ils géraient devaient très certainement informer la direction de la chaine. On peut donc dire, à mon sens, que chaque décision de programme était, sous des formes diverses, l'objet d'échanges préalables entre les  protagonistes."

Je n'entrerai pas dans le piège "C'était (pas) mieux avant", mais veux bien m'interroger sur "C'est pas mieux après". Blanc-Francard a reconnu un jour que "C'était pas mieux avant, mais on était plus libre". Ça c'est ce que me confirme mon tour de piste sur le sujet/projet. Cette tendance lourde à tout vouloir FCN (Formater, Calibrer, Normer) est juste insupportable et n'a effectivement plus rien à voir avec la création radiophonique. Plus rien. 

On a cassé l'imaginaire, la poésie, la fantaisie. Et en utilisant les enseignes (les antennes) comme des marques on a définitivement changé de paradigme. Les marketeurs, compteurs et autres numériqueurs ont lentement mais sûrement remplacé les saltimbanques, (Kriss, Jean-Louis Foulquier), les poètes (Claude Dominique, Jean Tardieu), les chercheurs (Pierre Schaeffer, Agathe Mella), les folles (Kriss, Clémentine Célarier), les fous (Gérard Klein, Daniel Hamelin), les conteuses (Françoise Dolto), les conteurs (Gérard Sire, Jean-Pierre Chabrol), les aventuriers (Leslie Bedos, Claude Villers, Daniel Mermet)… Liste non exhaustive (C'est volontaire ici de citer des animatrices et animateurs de France Inter)  !

Voilà. Ça serait bien d'avoir vos commentaires… !

(1) Régie des personnels de production. Service horizontal [sur les trois chaînes, France Culture, France Musique, France Inter, ndlr] pour les réalisateurs et assistants en CDI et relevant de convention collective au même titre que les techniciens (du son).

2 commentaires:

  1. Les vicissitudes de communication font que quelquefois les commentaires n'arrivent pas jusqu'à moi ! C'est dommage mais je n'y peux rien. Quand ils arrivent normalement, via mon mail, je les valide et ils se publient sur ce blog ! Ce matin Alexandre Heraud n'ayant pu faire parvenir son commentaire et il a pu me le faire parvenir "en direct" puisque nous nous connaissons ! Vous trouverez ci-dessous son commentaire ! Et toutes mes excuses pour ces "ratages" !

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  2. Alexandre Heraud6 mars 2020 à 09:47

    J'ai eu la chance de commencer un parcours à l'intérieur de la ronde maison avec Mehdi El Hadj dans des Nuits très magnétiques mais aussi peut être le malheur de représenter cette mue des fameux producteurs dit tournant qui ont fini par tourner pas si rond que cela. Mais une chose est certaine nous avions alors la conviction que la radio, cette radio là, pouvait et devait être un métier nourricier que l'on exerçait en toute Liberté ! C'était le seul et impérieux corollaire. Quelle chance nous avons eu de connaître cela. Cette marque était notre fabrique ! "

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