Sonia Devillers ce lundi 17 janvier dans L'Instant M, sur France Inter, a invité Anne Nivat, journaliste, pour parler de son nouveau livre (1). Mais patatrac après son chapeau d'intro Devillers "sort du champ" et pose une question surprenante à sa consœur…
Après avoir rappelé les articles du Parisien qui mettent en cause le journaliste Jean-Jacques Bourdin avec une «plainte pour tentative d’agression sexuelle» Devillers demande à Anne Nivat, épouse du journaliste «Comment vous réagissez ?» On se pince là ? C’est L’Instant people ou Radio Morandini ? Après que les femmes se soient battues pour qu’on arrête de toujours les situer civilement ou professionnellement par rapport à leur conjoint, époux ou compagnon, voilà qu’une femme interroge une journaliste pour des faits reprochés à son mari ! Dément !
Devillers s’attendait à quoi ? "Effectivement ce W.E. avec Jean-Jacques nous avons examiné la situation et avons… ». Elle rêve Devillers ? Depuis quand une femme, un homme devraient-ils s’expliquer publiquement du comportement professionnel de la personne avec qui elle/il vit ? Et en quoi cette «sphère privée» regarde t-elle les auditeurs ? Nivat : «Ce sont des révélations qui relèvent de l’intime, du privé, donc je ne révèlerai pas publiquement, à qui que ce soit, leur teneur pour alimenter le buzz médiatique !» Et bam ! Une bonne claque professionnelle pour Devillers qui a largement outrepassé ses droits en interrogeant la relation privée de la femme de celui qui aurait commis une faute grave !
On ne pourra pas dire là que ce sont les politiques ou les citoyens qui remettent en cause une journaliste. C’est Anne Nivat, une journaliste qui a répondu à sa consœur et qui de façon ferme claire et professionnelle a remis Devillers à sa place. «Circulez y’a rien à voir» aurait dit Coluche !
Dans son chapeau pour ouvrir son émission du jour, Devillers dit à propos d’Anne Nivat et de son nouveau livre : «Un quinquennat après… La voici qui reprend la route pour se rendre là où précisément les journalistes n’ont pas de raison d’aller : à Denain, à Fégréac, à Alès… Et puisque je parle à une correspondante de guerre il ya une vraie force à avoir choisi des sujets de basse intensité !»
Et de se pincer une deuxième fois ! C'est quoi cette assertion à deux balles : "…pour se rendre là où précisément les journalistes n’ont pas de raison d’aller " ? On s'étrangle ! Pour Devillers quelles raisons faut-il donc aux journalistes pour se rendre quelque part ? La guerre, le feu dans les cités, une disparition d'enfants, un ministre en vacances à Hawaï ? C'est quoi cette conception sous-jacente du journalisme de l'événement ? Il existe heureusement des journalistes et des rédactions qui souhaitent tout le temps interroger, comprendre, mettre en perspective les réalités quotidiennes de citoyens, d'artistes, d'entrepreneurs, de "jeunes", de retraités et autres aventuriers de leurs vies.
Il faut une bonne dose de mémoire courte, très courte, pour en interpellant Anne Nivat "oublier" comment la radio publique, depuis plus de soixante ans avec des producteurs/productrices, animatrices/animateurs, journalistes, a quadrillé la France et le monde en dehors de tout événement médiatique. Devillers l'a dit à plusieurs reprises elle ne connait pas la radio ! Pourtant, près d'elle aujourd'hui, la directrice de la chaîne qui l'emploie sur France Inter, Laurence Bloch, a coordonné sur France Culture de ses origines jusqu'à sa fin en 1997, "Le Pays d'ici" .
Plus inconséquent encore, alors que démarrait la nouvelle émission, l'Instant M, en août 2014, Mermet venait juste d'être viré (fin juin) après 25 ans de "Là-bas si j'y suis". Avec "Le Pays d'ici" ces deux émissions interrogeaient - de face - "La France d'en bas", "Les gens de peu", les lieux oubliés, les femmes et les hommes qui y vivaient. Mais aussi le bouillonnement culturel, social et politique qui faisait partout le quotidien des Françaises et des Français. Autant de sujets de haute intensité, n'en déplaise à Devillers.
Ce lundi 17 janvier "commençait" bien mal à France Inter. Devillers aurait du bosser beaucoup plus le/les sujet(s) et bien évaluer "là où précisément les journalistes ont toutes les raisons d'aller" plutôt que de lancer une phrase définitive qu'une analyse poussée ne manquera pas de réduire en miettes. CQFD !
(1) "La France de face", Fayard, 2022,
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