"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
vendredi 7 janvier 2022
Billet dur (5)
Ça y est j'attaque la falaise. Le mur de l'Atlantique. L'Anapurna et le Mezenc. Je vais vous parler de la mise en image de la mue de Radio France dévoilée ce 3 janvier. Des signes, beaucoup de signes graphiques, des messages et en creux les intentions non voilées/dévoilées du duo/binôme Sibyle VEIL / Laurent Frisch, respectivement Pédégère de Radio France et Directeur du Numérique et de la production (notez bien la deuxième partie de la fonction). La marque (les marques) visibles de la consécration (auto-consécration) médiatique et le dépassement/renoncement avec les vieilles lunes, vieilles images (de marque), vieilles formules. On y est. Veil et Frisch peuvaent être débarqués demain matin ils auront chacun laissé les empreintes définitives de la mue. Maintenant chacun va pouvoir roucouler sur l'air de "Entrez libre" des fois qu'on voudrait sortir, libérés de la nasse, de la plateforme, de l'audio…
C'est julie non ? (1)
Et voilà le travail ! À priori peu de changement ! Couleur unifié pour le nom et ajout en accroche de la symbolisation de la Maison ronde qui a pris un sérieux coup de rabot. Que les communicants ont décidé d'appeler "écoutille" (2). L'ensemble est cohérent. Esthétique même. Mais dès 1975, à la création de Radio-France, la représentation stylisée du bâtiment que d'aucuns appelaient "la poêle à frire" a fini par une épure que les générations futures auront du mal à définir comme l'illustration du bâtiment (1953-1963) créé par Henry Bernard. Si la Présidente a réussi à barbouiller le nom de la Maison de la radio, pour l'instant le mot "radio" tient encore. Jusqu'à quand ?
Vous les sentez les ondes ?
Mais c'est pas fini ! Alors que Jean-Luc Hees, Président de Radio France (2009-2014) avait réussi à harmoniser les logos des 7 chaines, patatrac dès l'arrivée de Gallet qui valide le logo de Mouv' (tache de café sur une nappe) et celui de France Info qui doit être prêt à se fondre avec celui de franceinfotv. La "belle unité" (de façade) a donc explosé en vol. Sur cette base la refonte des logos de 2022 concerne les cinq autres chaînes. On notera que l'épure renforcée pour les avatars des réseaux sociaux a carrément fait disparaître le nom des chaînes ! Et ce n'est pas qu'une question graphique n'est-il pas ? Les signes, symboles, logos ont du sens. Et ceux de France Inter, France Culture, France Musique, Fip et France Bleu prennent un drôle de… sens
L'avatar d'Inter pour Twitter
Ce sera très pratique à deux endroits :
- quand sur la plateforme la source des sons se présentera par des pastilles de couleur,
- quand le mariage avec la télé publique sera opérationnel dès que la future "loi audiovisuelle" sera remise sur le métier,
Parce que l'anticipation de ces logos sans nom/"sans parole" (un comble pour des médias radio) est la préfiguration de la disparition progressive des chaînes qui n'auront plus besoin de noms pour être reconnues sur une plateforme. Tout d'un coup on se demande si en 1963 Roland Dhordain qui avait refusé (suite à une consultation des auditeurs) les noms de France Bleu, France Blanc, France Rouge (pour ce qui deviendra France Inter, France Culture, France Musique) n'aurait pas eue l'idée du siècle pour les nommer en couleur ?
Vous noterez que dans ces logos beaucoup de signes s'effacent et disparaissent à jamais. Du passé, des ondes faisons table rase. Vive le numérique et vive l'audio. Nous l'avons déjà écrit avec David Christoffel "Ils nous prennent pour des audios".
Voilà donc l'avant, l'après ! Nous voyons que le travail esthétique a été interrompu quand il s'est agi d'intégrer le nom à rallonge de la Maison de la radio. Texte tassé. Aucune circulation. Quel paradoxe dans une maison ronde ! Ou plutôt "ça circule très mal" à la Maison de la radio. Eh oui les signes ne trompent pas. Le cloisonnement "bunkerisé" des chaînes entre elles a détruit toutes les passerelles naturelles entre les antennes !
Alors une fois de plus la roucoule de Veil/Frisch est mise à mal par l'analyse des signes et des représentations. Choses auxquelles les deux ténors se moquent comme de leur première chemise. Du moment que c'est clinquant, que c'est présomptueux ("Entrez libre") voire superfétatoire, on valide.
Et pour conclure la nouvelle identité de Radio France (ici particulièrement pour sa "plateforme"), est une fois de plus "sans parole"… et avec des images. Comment ne pas imaginer que ce média est alors absolument mûr pour être intégré, se fondre dans la TV (connectée of course) ? Nous en reparlerons bientôt.
Ce billet conclut la série de cinq qui font le point sur l'état actuel de la radio publique et sa mutation inéluctable vers l'audio.
Lundi 8h30,
petite explication sur "Entrez libre"
(1) La légende a été relue, tous les mots sont justes !
(2) "Ouverture rectangulaire pratiquée dans le pont d'un navire et qui permet l'accès aux étages inférieurs." Oh non ! Trop forts ces communiquants ils nous feraient prendre des vessies pour des lanternes ! S'imprégnant jusque dans les gênes de leur gourou moribond ils doivent "penser" : "Si à cinquante ans t'as pas créé une écoutille ronde t'as raté ta vie !"
A chaque élection présidentielle, du "travail" aux grosses sociétés de communication, très pratique pour la campagne du parti au pouvoir, quel qu'il soir 💵
A chaque élection présidentielle, du "travail" aux grosses sociétés de communication, très pratique pour la campagne du parti au pouvoir, quel qu'il soir 💵
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