mercredi 5 janvier 2022

Billet dur (3)

J'aurais pu intituler ce billet "La farce et le bouffon". Radio France n'en finit plus de "muer". Juste avant l'été Sibyle Veil, Pédégère, n'a rien trouvé de mieux, pour définitivement changer d'ère et tuer le père (1), que de débaptiser "La maison de la radio" et de la renommer "Maison de la radio et de la musique". Dans un précédent billet (l'année dernière) je me demandais pourquoi n'avoir pas osé ce nom là "Maison de la radio, de la musique, de la communication, du numérique avancé et de la photocopie couleur" ? Ça en aurait tout de suite posé un peu plus ! Faire table rase du passé pour la radio publique est un long processus de destruction massif engagé depuis Gallet (ex-Pdg) en 2014 qui, se présentant devant les salariés de Radio France avait dit avec la morgue qu'on lui connait, "La boîte" pour parler du bâtiment dans lequel il venait de prendre ses fonctions. Start-up nation en bandoulière il n'aura rien réussi d'autre que de se faire révoquer par le CSA en février 2018. Mais perfide il aura ouvert la boîte… de Pandore !










Sibyle Veil qui a repris le flambeau de la destruction massive et exécute à tout va, sortira de son chapeau un élément de diversion subtil en requalifiant le bâtiment créé par Henry Bernard et inauguré par le Général de Gaulle Président de la République le 14 décembre 1963 (2). Lyrique comme à son habitude, Charles sûr de ses effets dira "À la radio fallait-il une maison ? Oui". Cette maison de la radio avait été pensée dès l'origine (1953, date du concours d'architecte) comme le lieu unique de la radiodiffusion. Eh bien vous savez quoi les équipes de communication ont tout bonnement réécrit l'histoire.

Titre avec "Maison de la radio", Capture d'écran 04/01/2022








Rédactionnel avec "Maison de la radio et de la musique"
Capture d'écran 04/01/2022










Pour lecture de ces visuels, issus du site dédié de Radio France à la Maison de la Radio, se reporter ici. On notera que l'article date du 10 juillet 2015, et qu'à cette date le changement de nom n'avait pas été acté !

Falsifier l'histoire
À l'appui des visuels ci-dessus vous pourrez constater l'étendue de la falsification et de la tartufferie qui a consisté, pour raconter l'histoire des origines du bâtiment, à ajouter "…et de la musique" à chaque fois que le seul "Maison de la radio" s'imposait. Ça en dit long sur l'honnêteté intellectuelle et morale de ceux qui publient ce type d'information. Ça en dit surtout très long sur le pouvoir de ceux qui non seulement veulent changer l'histoire mais bien aussi imposer à la radiodiffusion une activité musicale bien au-delà de ses cahiers des charges. Jusqu'à preuve du contraire la radio publique ne diffuse pas que de la musique ! 

Les petits malins (rigolos) qui ont réussi à faire imposer ça au Conseil d'Administration ne sont pas du tout en phase avec leur temps. On raccourcit au maximum les noms et dans le langage parlé et/ou dans le langage des réseaux sociaux, le #hashtag a imposé de nouveaux acronymes abscons. Qui dira "Je travaille à la Maison de la radio et de la musique" ? ("À tes souhaits !"). À moins que ça ne soit imposé par contrat.

Cette opération de communication de grande ampleur (voir billet de demain) est un acte supplémentaire pour imposer une mue radicale à la radio publique, la dévier de sa nature propre, la muter en audio et demain la plateformiser en un tonneau des danaïdes inépuisable en podcasts customisés avec de jolis petites pastilles de couleur. Last but not least, l'effacement progressif des chaînes réduira comme peau de chagrin les équipes de production, les collaborateurs spécialisés, tous ces personnels de l'ombre qui font la radio. 

À quoi pourra bien servir alors un si grand bâtiment ? 
La question mérite d'être posée ! 

Je garde une hypothèse de réponse au chaud. Science-fiction ? Gardez ce billet et reparlons-en dans quelques années. J'aimerais ne pas avoir raison. Trop d'actes, de postures et d'éléments de langage vont dans ce sens.

Mais c'est vrai ce n'est pas en écoutant la radio qu'on pourra approfondir le sujet. C'est la raison pour laquelle au-delà d'une écoute qui s'étiole je m'impose de scruter tout ce qui peu ou prou donne des indicateurs tangibles à la radicalité de la mutation. C'est aussi l'objet de ce blog.  Tentant ne pas passer à côté de ce que la com' de Radio France ne communique jamais ! À bon entendeur, salut !



(1) Emmanuel Laurentin, producteur à France Culture et historien avait relevé et révélé au moment du cinquantenaire de la Maison de la radio qu'en retrouvant les notes du discours inaugural de de Gaulle, il avait pu constater que dans la phrase "À la radio fallait-il une…" que le mot "mission" avait été biffé pour être remplacé par le mot "maison". À quoi peuvent donc servir les historiens de Radio France ? 
(2) Voir le document officiel relatant l'inauguration de la "Maison de la radio",

6 commentaires:

  1. Écoute terminée depuis l'arrivée sur France Inter des humoristes hors sol fonctionnaires de Gôch', valets du pouvoir. Pires que l'esprit communiste des vieilles années, détruire sans conviction . A nos frais. Ne répondez pas��

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    1. Hé hé ! Quelle injonction ! ;-) Par contre j'ai répondu à votre précédent commentaire ! Vu ? Lu ? ici apparait à la suite dde votre commentaire deux points d'interrogation !!, vous vouliez mettre quoi comme emoji ? Merci pour ce commentaire aussi dur que le billet ;-)

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  2. Je partage tout à fait ton avis. Et je me souviens que Jacqueline Baudrier nous demandait de parler de la Maison de Radio France, après l'abandon par FR3 des radios régionales au profit de Radio France. (en 1983)

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    1. Merci ! Oui mais alors là la droiture (sans jeu de mot) de Baudrier n'a rien à voir avec l'énarquie de Veil. Merci pour ce commentaire ! C'était ton job à RF ?

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  3. premier red chef de Radio7 puis adjoint de Jean Pierre Pineau pour la mise en oeuvre des locales puis dirlo de locales ( Guéret, Périgueux, Valence, Lille, Montpellier)

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    1. Oups mais faut qu'on se cause amigo : de Radio7 et plus si affinités. Je t'envoie par messenger mon phone ! Oh yeah !

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