Mieux encore que le calendrier de l'avent, le 19 décembre l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) ouvrira les portes aux trois prétendants à la Présidence de Radio France. Un suspens torride qui verra ce jour-là Florent Chatain, Maïa Wirgin et Sibyle Veil défendre leur projet stratégique devant les sages. Une heure chacun, accessible au public suivie d'un huis-clos (mystérieux).
En place, Madame Veil, Pédégère de Radio France (depuis avril 2018), n'a pas manqué ces dernières semaines de faire valoir son bilan qui a fait l'impasse sur les soixante-six jours de grève (2019-2020), les difficultés récurrentes de France Bleu et la crise à France Culture pour laquelle elle n'a jamais montré une quelconque compassion. Si Florent Chatain a peu de chance d'être nommé, Madame Veil fait face à un challenger avec lequel l'Arcom devra compter. Et surtout être sourd aux sirènes médiatiques qui donnent Veil gagnante d'office aux seuls résultats des chiffres d'audience… Comme si ça pouvait suffire à diriger et avoir une vision pour la radio publique !
Il est forcément pathétique que les médias s'engouffrent dans un résultat qui fait l'impasse sur les contenus (hormis ceux qui brillent en chiffres), roucoulent sur les podcasts (sans autre discernement que leur production effrénée), ignorent les nouveaux modes de production (qui finiront par faire disparaître réalisatrices et réalisateurs) et considèrent, à travers sa Pédégère, Radio France comme une usine de production de chiffres, en en faisant des caisses sur les vedettes, ignorant celles et ceux qui ne seront jamais au fronton de la Maison de la radio.
Madame Wirgin, si elle est nommée Pédégère, appliquera sûrement sa politique aux budgets contraints qui ne vont pas manquer d'imposer des choix draconiens pour les cinq prochaines années. Énarque, aujourd'hui secrétaire générale de la Cour des Comptes, comment ne pas imaginer que c'est avant tout la rigueur budgétaire qui l'incitera à finaliser la mue initiée dès 2014 ? Soit réduire le nombre de chaînes, la taille et le nombre des formations musicales et pousser encore plus loin le renoncement aux modes de production (qui ont fait la renommée de la radio publique). L'arrivée progressive de studios et de producteurs indépendants qui prendront de plus en plus de place dans l'éditorial des chaînes publiques pour, effet redondant, diminuer d'autant la masse salariale de Radio France. Tant la radio publique aura fini par se départir de ses savoirs-faire, de ses professionnels très spécialisés comme de la maîtrise de ses productions.
Lundi prochain ici l'interview en exclusivité d'un acteur de la radiophonie publique.
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