Elles s'affichent partout (et tout le temps). Telle vedette préférée des Français, tel humoriste si drôle, tel duo fétiche… qui fait tâche ! Au "fronton" de la maison de la radio en un immense kakemono, au cul des bus, en 4x3, , en une des magazines ou de la presse quotidienne et bien sûr dans la presse pipole (euh loula !). Toujours les mêmes. Toujours prêts à (se) vendre ce pourquoi ils sont employés. En ce qui concerne la radio, c'est comme si, telle ou tel, portait à elle-lui seul(e) une émission, un magazine, une matinale… Ce vedettariat hérité de la TV s'emploie à mettre en avant, ad vitam aeternam, toujours les mêmes, en prenant soin d'invisibiliser toutes celles et ceux qui "travaillent avec", qui "travaillent pour". Petites mains, petites voix, petites ombres nombreuses qui, elles, ne seront jamais à l'affiche.
Ce besoin absolu d'image est juste un non-sens par rapport à la radio, média sans image par définition. Une communication "moderne" dans laquelle les managères de moins de cinquante ans se sont engouffrés, cassant définitivement la notion de production collective où, sans les ingénieurs du son, les réalisatrices et réalisateurs, les chargés-chargées de production ou de programme, il n'y aurait ni production ni programme. Fantastique ce besoin trivial de reconnaître quelqu'un qu'on ne voit pas. Comme si sa voix n'était pas sa meilleure identité. Rappelons que c'est en aveugle que Jean Garretto et Pierre Codou ont recruté - à la voix- les animatrices de Fip, dès 1971. Dans un monde saturé d'images, dirigeants et communicants se sont pliés (courbés) à la tendance et participé à créer ces "têtes de gondole", invisibles… à l'écoute des programmes (1).
Nous l'avons déjà écrit ici "à force de faire trop d'images, la radio va finir par être absorbée par la TV". Ce sera alors un bal ininterrompu de gondoles, dont Venise sera en droit d'accuser une concurrence déloyale.
(1) Sauf bien sûr les émissions filmées qui se répandent sur le net et qui sont censées donner plus de… visibilIté ! Of course… de ch'val ! Idem pour les matinales d'Ici (ex France Bleu) visibles sur France 3/Ici.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire