Qui l'eut cru ? Le Parti Communiste Français a eu la très bonne idée d'enregistrer ses réunions du Comité Central dès 1952 (et jusqu'en 1994). Anne-Toscane Viudes, productrice à France Culture, a eu elle la très bonne idée, en quatre épisodes, d'évoquer cette mine d'archives sonores qui, pour l'histoire de ce parti politique, comme pour l'histoire tout court, vont permettre aux chercheurs et aux amateurs de comprendre comment cette "institution", le PCF, a marqué de son empreinte le XXè siècle.
L'immeuble du PCF, place du Colonel Fabien, Paris |
"En 2003, Marie-George Buffet, alors secrétaire générale du Parti Communiste Français, dépose les documents du parti aux archives départementales de Seine-Saint-Denis. Ce transfert couronne des années d’échanges et de prises de décision au sein du parti, et intervient dans le moment particulier que représente le tournant des années 2000, où le parti se redéfinit selon une ligne plus réformiste et désireuse de transparence." (sur la page de l'émission). Riche idée de la Secrétaire générale. Deux mille heures d'enregistrements sonores pour couvrir quarante années de vie politique c'est pour le moins un trésor, pour le plus l'occasion de connaître les "coulisses" de cette forteresse politique. Entendre Thorez, (Waldeck) Rochet, Marchais, Hue et Buffet, soit autant de ténors qui, au plus fort de ses succès électoraux comme à ses plus faibles, sont autant d'archives inestimables.
Pour le Parti Communiste la question s'est très vite posée de la gestion de leurs archives, écrites et audiovisuelles. À l'époque les Archives Nationales n'ont pas les moyens d'absorber le stock important et volumineux de leurs archives. Un rapprochement s'établit avec les Archives départementales de Seine-Saint-Denis, à Bobigny. En 2003 est signé une convention qui précise que à partir de cette année-là les archives seraient ouvertes (à tous les publics). Frédérick Genevée, historien, anciennement responsable des archives du Parti communiste français, raconte son parcours au sein du parti depuis les Jeunesses communistes jusqu'à sa fonction d'archiviste "maison". "J'avais la responsabilité politique des archives et de la mémoire du PCF." Et comme le signale Roger Martelli dans le deuxième épisode "Le PCF est populaire par la sociologie de ses membres".
"Il y a des archives du Parti Communiste Français à Moscou…" poursuit Genevée. Un autre fabuleux trésor, quant aux archives de Maurice Thorez elles sont aux Archives nationales. Les archives sonores les plus importantes sont celles du Comité Central et des réunions de travail. Sont aussi enregistrés des disques de discours de dirigeants. Quelle mine ! Mais c'est à partir des années 2010 que les supports audiovisuels ont véritablement été pris en compte par les archivistes.
Maurice Thorez. ©Getty-Bettmann |
Zoé Grumberg, historienne, agrégée et docteure en histoire, évoque son entrée dans l'histoire par le sensible. "L'oralité en particulier sur des archives qui peuvent paraître très sèches, les archives politiques qu'on tend à caricaturer, peuvent permettre de faire une histoire sensible du politique…". Bien vu et approche totalement séduisante.
Toute l'approche archivistique décrite dans ce documentaire, ses modalités d'intervention opérationnelle et ses résultats sont passionnants et montrent tout l'intérêt des archives comme celui de leur analyse (description) et de leur indexation. "C'est un travail qui implique plusieurs professions et des rapports humains très précieux" explique Zoé Grumberg. Comme le précise Jean Vigreux "Avec ces archives [du PCF] c'est une volonté de sortir du secret"… Et Martelli "Ces archives substituent surtout “la chaleur de l’affectif à la froideur de l’analyse politique”. (1)
Quant au bilan positif…
(1) Avec un de ses points de vue sur son blog de Mediapart.
Du 12 au 15 mai 2025. Réalisation Anne Fleury.
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