Si avec l'équipe, Catherine Le Henan (productrice) et Christine Robert (réalisatrice) s'ajoute Yves Le Hors (technicien opérateur du son), Catherine n'aurait pas eu besoin de préciser à sa grand-mère qu'Yves était breton si elle lui avait décliné son patronyme, Le Hors (1) !!! Il faudra bien tendre l'oreille pour découvrir d'où Bernadette parle. Des environs de Pontivy (56) avec dans sa commune une ligne de chemin de fer. Saint Rivalain donc. Bernadette est morbihannaise.
Bernadette au centre |
Bernadette décrit son enfance (née en 1925) et les conditions difficiles de la vie rurale de l'époque. Son père qui va s'embaucher loin du Morbihan pour gagner sa vie. Et Bernadette de se remémorer les naissances des enfants, (de l'absence de contraception) et des injonctions contradictoires du recteur (curé) qui, à confesse, incitait les femmes à faire des enfants "Mais ou c'est-y qu'on les aurait mis ? En trente ans, on en aurait eu trente !…" (Rires)
Bernadette : "Y'avait un gars du village qui voulait se marier avec moi (le frère de Célestine), moi je voulais pas, et mes parents ont accepté mon choix car "ce gars-là il avait un métier"… maréchal-ferrand… Au mariage, tout le village était invité. Je me suis marié en robe paysanne. Mes beaux-parents ne m'estimaient pas parce que je ne savais pas traire les vaches. J'avis jamais fait ça ! Et puis c'était pas mon but de rester chez les beaux-parents."
Et puis catherine avec sa grand-mère rend visite à Jo et l'interroge "Vos parents parlaient breton ? Oui. Et donc vous parliez breton avec eux. Ben oui. Et je ne savais pas le français quand je suis allé à l'école (1). Bernadette rappelle qu'un enfant qui parlait breton sur la cour, s'il était dénoncé par un de ses copains, on lui faisait porter un sabot (le symbole) autour du cou jusqu'à qu'il dénonce un autre copain venant de parler breton. Le dernier à porter le sabot à la fin des classes rentrait avec chez lui où là il subissait une autre punition voire quelques taloches.
Le mari de Bernadette est entré à l'usine de papeterie de Saint-Rivalain (au centre d'une intense activité au 19e et au début du 20e siècle), puis elle aussi par la suite. Elle a appris le breton en écoutant parler les femmes qui, pour pas que le patron ou les contremaîtres comprennent, s'exprimaient en breton. Bernadette ajoute "La vie m'a tout appris et tout m'intéresse en avouant à sa petite-fille qu'elle écoute la radio la nuit et qu'elle s'endort avec… C'est vivant une radio" Absolument adorable quand Bernadette dit à Catherine : "Y'a des choses que tu vas rayer parce que quand même…"
Ces témoignages émouvants consacrent une Bretagne en train de disparaître. Il était important pour la mémoire que Catherine Le Henan fasse témoigner sa grand-mère et ses amis.
26 janvier 2012.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire