vendredi 6 janvier 2012

Un bleu, un jaune… le rouge, un blanc

 

Dans la dernière de ses Mythologies de poche de la radio (1) Thomas Baumgartner recevait Colette Fellous productrice du Carnet nomade sur France Culture. Au fil de la conversation Fellous évoque ses débuts à la radio. Et entre deux glisse : "le jaune, le bleu…". Ces deux couleurs m'accrochent l'oreille. Le jaune, le bleu késako ? J'enquête (sic) (2). Comme elle vient d' évoquer le travail du montage j'ai l'intuition que cela concerne la bande magnétique. J'obtiens des réponses précises et je laisse l'affaire en suspens dans un coin de ma mémoire.

Hier j'ai eu une réponse encore plus claire. Le "bleu" c'est un petit morceau de collant, de la largeur de la bande magnétique, qui servait à rapprocher deux morceaux de bandes entre eux, particulièrement après que les ciseaux aient envoyé au panier un passage "coupé". Le "jaune", amorce de la bande, était "collé" avant le début de la partie enregistrée. Et, pour coller ce "jaune", il fallait un "bleu".

Voilà pour le jaune et le bleu, et bientôt en studio, au moment de la diffusion, le "rouge" sera mis … (3). Mais aussi quelquefois après le jaune et le bleu, un blanc… Le blanc qui en radio ne "passe pas" sauf s'il est "accompagné" et "validé" par le producteur ou l'animateur de l'émission qui sait quand il s'agit d'un blanc de parole qu'il peut être nécessaire à son interlocuteur pour lui permettre de reprendre la parole. Et puis il arrive aussi la nuit qu'un tunnel de blanc plonge les auditeurs dans un immense désarroi, dans une immense panique, le vide leur étant insupportable perturbant d'autant leur écoute attentive interrompue de façon brutale.

Dans sa parole sensible, Colette Fellous avait mis "du jaune et du bleu" qui fixaient une époque, une pratique, un savoir faire où les ciseaux tranchaient dans… le vif du sujet.(4)
Aujourd'hui les écrans de montage numérique ont gardé le code couleur de l'époque analogique. Le jaune précède l'entrée du son, le bleu sa sortie.

Restent physiquement comme autrefois le rouge et le blanc qui se chamaillent autour de la parole. L'un qui la donne l'autre qui ne supporte pas son absence.

(1) 26 août 2011,
(2) c'est aussi comme ça que j'écoute la radio : attraper le détail anodin pas si anodin,
(3) À l'entrée du studio, au milieu de la table du studio, face à chaque participant dès que les micros s'ouvrent une lumière rouge annonce que les micros sont ouverts, …
(4) clin d'œil nostalg' d'une ancienne émission de France Culture produite par Laurence Bloch, puis produite et coordonnée par Alexandre Heraud,

6 commentaires:

  1. Bonjour,

    A propos de blanc, voici une histoire vraie : j'écoutais un après-midi, l'été dernier sur Culture, une émission sur Jacques LACAN. Une archive passait à l'antenne, c'était un extrait d'un cours du Maaaîîître. Très précisément à la fin d'une phrase, un blanc s'est invité dans son hypnotique démonstration. Il m'a fallu environ 30 secondes pour admettre qu'il ne s'agissait pas d'une facétie du psychanalyste (il en était capable), mais d'un problème de diffusion ou de réception (je n'ai jamais su).
    Ce blanc présentait un aspect de grand trou noir. C'était assez... troublant.

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  2. La bande qui casse... vite un p'tit bout de "collant"... et le clic net, bref, super efficace des ciseaux brillants, pointus, tout neufs, de vrais bijoux, toujours là, prêts à faire leur office.... et la bande repart, entraînée d'un côté, se rembobinant de l'autre.... C'était il n'y a pas si longtemps... Émouvants souvenirs....
    Merci Fanch.

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  3. A propos des choses de la radio - comme le vocabulaire particulier de cette profession - voici le titre d'une fiction de Pierre Senges que j'avais eu le plaisir d'entendre en présence de l'auteur et des comédiens à l'Hôtel de Massa siège de la SGDL. Et réalisé par Marguerite Gateau qui plus est...

    Un immense fil d'une heure de temps, diffusée en octobre 2007 sur France Culture, réalisée par Marguerie Gateau. (Grand Prix SGDL de la fiction radiophonique 2008)

    Si vous en avez l'occasion écoutez cette merveille!

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    1. Cher Jakki, quelques pistes pour aller jusque là ? Merci

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  4. Et une mini-cassette Philips, Agfa-Gevaert ou BASF, vous avez déjà réparé ça ? Avec du scotch quand la bande s'était rompue (quand même assez rare). Un sacré travail d'horloger quand on ne voulait pas perdre son précieux enregistrement ! Souvenirs !

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    1. Non j'ai travaillé avec un gros "Uher" à bande, fait des collages et des "décollages"… En mini-cassettes jamais. Marie Guérin, productrice à France Culture vient d'enregistrer toute une émission qui relatera les aventures des appareils à enregistrer qui ont fonctionné avec bandes à la maison de la radio (à venir : Sur les docks ou Ateliers de la nuit)

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