J'aime le samedi après-midi me ruer sur l'édition électronique du Monde pour y lire les nouvelles les plus fraîches sur la radio (1 page) dans son supplément Télévisions. Cette semaine en Une : "Douze heures à la ronde. Reportage : un tour de cadran dans les couloirs et studios de Radio France". Mazette, un reportage sur Radio France en trois pages, ça va donner ! (1)
Disons le tout de suite, pour la journaliste du Monde, Macha Séry, Radio France c'est 90% France Inter et 10% d'anecdotes !!! Qu'on en juge : le reportage débute à 4 heures du matin à France Inter et se poursuivra jusqu'à 9h30 sur cette chaîne, il n'évoquera que l'info comme de juste. Pour particulièrement mettre en avant les "stars" de la matinale déjà bien surexposées. 11h30 : France Inter toujours, avec un commentaire sur les seniors qui viennent écouter en direct l'émission qui remplace "Le fou du Roi".
S'ensuivront quelques miettes pour France Bleu, FIP, le Pdg, le Comité éditorial et France Culture. Vous ajoutez 2 "encadrés" sur le chantier et les chiffres de Radio France et le reportage est bouclé ! J'oubliais, comme dans les documentaires de Thalassa le reportage se termine par " le soleil d'hiver se couche déjà". Rassurez-moi, à 17h17, à cette heure bien "tardive" la Maison ronde continue à produire des émissions, non ? Le reportage ne le dit pas !
Tout ceci est affligeant ! La journaliste aurait peut être pu s'intéresser aux matinaliers qui ne font pas l'évènement : Amaelle Guiton sur le Mouv', Christophe Bourseiller sur France Musique, et dans une moindre mesure Marc Voinchet sur France Culture. Raconter comment avec leurs équipes ils arrivent, chaque matin à faire des matinales typées pour leurs auditeurs respectifs. Comment ils se lèvent aussi tôt qu'à France Inter, comment ils trouvent les "bons" angles pour ne pas faire du copié-collé Inter ou Info. Mais visiblement la couleur des murs du studio d'Inter est une information capitale qui, si elle n'a aucune influence sur la fidélité des auditeurs, en a eu une sur le regard aiguë de la journaliste. On pleure !
Pendant que Macha Séry était en reportage, les programmes qui se diffusaient sur les sept chaînes du groupe public ont bien été diffusés, non ? Comment peut-on faire l'impasse sur le bourdonnement de cette ruche qu'est la Maison de la radio ? De nombreux producteurs et leurs équipes sont à pied d'œuvre, tôt dans la journée ou tard le soir, bien avant de prendre l'antenne. Et puis il y a aussi les "invisibles" qui ne font pas directement de la radio mais qui font la radio, à tout heure du jour et de la nuit. "Visiblement" ils portent bien leur qualificatif, la journaliste ne les a pas vus.
Pour être en phase avec cette grande maison de radio, la journaliste aurait pu faire son reportage à l'image de l'ancien slogan d'Inter : "24 heures sur 24" et s'imposer deux tours de cadran. Car en soirée, la nuit il y a d'autres tempos, d'autres ambiances, d'autres auditeurs. Non, décidément pour Le Monde, Radio France c'est France Inter et la vie autour est si anecdotique que ça ne vaut même pas la peine d'en parler.
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Soyons clair, un lecteur anonyme m'a reproché il y a quelques jours de focaliser sur "les banalités, poncifs et autres caricatures" que la presse véhicule à longueur d'articles sur la radio. Je précise que je ne publie pas les commentaires anonymes et que je n'y réponds pas plus ! Ce reportage du Monde enfonce le clou de mes assertions, n'en déplaise à ceux qui croient encore que la presse s'intéresse au média radio autrement que par la promotion des vedettes et des anecdotes. À l'heure où ce billet est publié, à l'exception de La Croix, Le Figaro et Les Échos, il ne semble pas que Le Monde ait publié quoi que ce soit sur la conférence de presse Nouveaux Médias de Radio France de mercredi 25 janvier, dont j'ai rendu compte aujourd'hui. Dans le reportage du Monde pourtant ces infos auraient été bienvenues, elles n'apparaissent pas plus en page "Radio" !
(1) Précisons que le supplément Télévisions est au demi-format du quotidien, que les photos prennent autant de place que le rédactionnel sur 7 petites colonnes ! Images qui ici sont des clichés (sic)…
Sans nul doute attirée par ce qui brille, cette journaliste. Mais alors, que n'a-t-elle annoncé la couleur dans le titre de son reportage ?
RépondreSupprimerQuant aux "invisibles", ceux qui œuvrent dans l'ombre ne doivent pas être dans la lumière !
Affligeant.
Peut-être la couleur de ce reportage du Monde tient-il à la couleur de ses lecteurs (pas tous bien sûr) :
RépondreSupprimer. beaucoup d'urbains donc effectivement ceux qui écoutent la radio le matin et le soir lors des déplacements domicile-boulot
. beaucoup de retraités "actifs" courant d'une séance ou de "maintient en forme" à une conférence pseudo-intello-toujours jeune.... ou autre activité.
. Une fois à la maison, on se branche plutôt sur la télé
. un peu bobo (beaucoup ?) donc attirés comme les papillons par la lumière. Le Mouv et France Musique, bof....
J'ai cessé de lire le Monde il y a déjà pas mal d'années. Partisans, faisant la part belle à l'anecdote, s'érigeant souvent comme les maîtres à penser, articles souvent attendus... un peu comme France Inter en somme.
Enfin ce ne sont que des supputations de ma part, bien entendu.