mardi 28 avril 2015

Un service public de la radio et de la télévision…



























Suite au billet de jeudi dernier, Etienne Noiseau a posté un commentaire avec une interpellation en plusieurs questions. Après lui avoir répondu je l'ai à mon tour sollicité pour qu'il nous fasse part de ses propres points de vue sur les sujets évoqués. Je reprends ici ses réponses pour tenter de prolonger le "débat".

Service public… audiovisuel
Étienne écrit : "Cela pose plus globalement la question de la pertinence d'un service public de la radio et de la télé. Non pas que je souhaite sa suppression, mais il serait intéressant de réfléchir à ce qu'on veut comme paysage médiatique, et pas toujours en tant que "consommateurs/consommatrices" qui attendent un service.

Cette question nous nous la posions déjà dans les années 60 quand, dans les Maisons des Jeunes et de la Culture, dans les organisations militantes mais aussi au Ciné-Club du collège ou du quartier, tout était prétexte à "Changer la vie" (1) Et puis les lieux de réflexion et d'engagement se sont déplacés et dans certains cas ont disparu. Pour présenter son projet de gouvernance de France TV au CSA Delphine Ernotte-Cunci s'est attaché le concours d'un conseiller en… communication et en stratégie (2). Une personne seule pense un projet de média public. Et huit personnes donnent leur imprimatur. Le champ démocratique de réflexion s'est considérablement restreint. Pour faire vite il y a quelques penseurs/décideurs et en face la masse des consommateurs. Entre les deux trois quatre herbes folles qui résistent encore aux… pesticides.

• Le "local"… uniforme partout
Étienne poursuit "Pourquoi les médias citoyens/associatifs devraient-ils être condamnés au bricolage, à la précarité, au bon vouloir des édiles locaux ? Pourquoi les locales de Radio France ne sont-elles pas des espaces d'expression, de création, ouvertes aux habitant·e·s du territoire, voire même des espaces de formation ? "

Première réponse, un état jacobin comme l'État français n'a jamais eu la vélléité de mettre en valeur quoi que ce soit des identités, particularismes et autres cultures des "ex-provinces", "territoires", et autres Régions aux contours politiques fluctuants. Si en plus les créateurs et centralisateurs de la Vème République avaient dû s'intéresser aux Régions, encore eût-il fallu qu'ils en eussent le projet politique (3). Ce qui n'était vraiment pas dans leurs préoccupations sauf à considérer les approches étatiques de la Datar (4) pour esquisser une politique régionale… depuis Paris. Pour tout mais surtout pas pour l'information et/ou la communication (5).

Pour autant les "expériences" de FR3/Radio et la volonté de Jacqueline Baudrier, Pdg de Radio France de tenter le local avec une décentralisation très expérimentale (6) auraient pu participer de ce qu'Étienne suggère dans son questionnement. L'histoire même de France Bleu montre comment en étapes successives et sur 50 ans, l'État jacobin a su recentraliser les "Bleu" jusqu'à pousser très loin l'uniformisation des programmes. Et nous ne parlerons pas ici de la syndication.

Donc dans ce système politique, imaginer "des espaces d'expression, de création, ouvertes aux habitant·e·s du territoire, voire même des espaces de formation" relève soit de l'utopie soit de combats politiques nouveaux à mener. Et comme dirait Morvan Lebesque "À chacun l'âge venu la découverte ou l'ignorance". (7)
(À suivre)

(1) Futur slogan en 1980 du candidat socialiste François Mitterrand, à la présidentielle de 1981,
(2) Denis Pingaud, le même qui est chargé de la communication de Mathieu Gallet, Pdg de Radio France,
(3) Ce n'est pas le lieu pour nuancer ce propos volontairement sans nuance et provocateur,

(4) Direction à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale) 
(5) Là je sens que Gérard Couderc, ex Radio France, ex directeur des Ateliers de Créations Radiophoniques décentralisés va vouloir entrer dans le débat récurrent que nous avons ensemble ici quelquefois fois et en dehors aussi, 
(6) "Radio Mayenne", "Melun FM", "Fréquence nord" en 1980, 
(7) "Comment peut-on être breton" Le Seuil, 1970.

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