vendredi 24 avril 2015

État bouffon… bouffé par le pilotage de l'audiovisuel

Détail de la tour Mirabeau (CSA)
















L'honnêteté veut que je vous dise que j'ai levé mon piquet de grève hier de 9h40 à 9h58 pour écouter sur France Inter, Sonia Devillers qui recevait Renaud Revel et Philippe Bailly pour parler de la GROSSE TARTE À LA CRÈME de la nomination du Président de France TV. Je le redis pour ceux qui découvriraient ce blog, je n'ai pas la TV, je ne la regarde pas mais je m'intéresse depuis 30 ans à ce feuilleton médiatique perpétuellement entretenu depuis feu l'ORTF en 1964 (1). Cette comédie pitoyable tourne souvent au drame et donne une image clanique, préhistorique, archaïque, de l'audiovisuel public français.

Le preux chevalier Hollande à peine adoubé sur ses terres présidentielles déclarait une main sur le cœur et l'autre sur la canne du parapluie que désormais le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) nommerait les présidents de l'audiovisuel public. Il ne ferait pas comme l'ex qui, du fait de sa toute puissance, nommait lui-même :
• ses commissaires politiques, 
• ses collaborateurs, 
• ses affidés (2) .

Renaud Revel n'envoie pas un pigeon (voyageur) dire ce qu'il pense. Qu'on en juge plutôt "Ça tourne à la mascarade. On pensait qu'il y aurait une très grande transparence, que l'audition serait publique, que les français connaîtraient les noms des candidats, leurs projets, leurs programmes. C'est pas le cas, c'est l'opacité absolue. Tout ça s'est fait à huis-clos avec 8 membres du CSA qui sont enfermés, claquemurés depuis 24 h (3) et on ne sait pas qui sortira du chapeau en fin de journée. Ça donne une image de notre démocratie assez pathétique, de notre paysage audiovisuel totalement immature et u collège du CSA pas au niveau. Pas au niveau des enjeux. Pas au niveau du respect du public. FTV est une maison financée par nous tous je trouve ça scandaleux."

Philippe Bailly n'en dira pas moins et montrera que le processus a fini par se pervertir lui-même. Et Patrick de Carolis (ex-Pdg de FTV) "On ne peut pas être à la fois arbitre et sélectionneur, juge et partie. C'est une anomalie." N'en jetez plus la cour est pleine. Vous l'aurez compris tout ça sent au minimum le souffre, la dynamite et le TNT (pas le truc TV mais l'explosif). Ça nous rapproche de l'opération "manu pulite" (4) tentée par le CSA en février 2014 pour nommer à l'unanimité Mathieu Gallet, l'actuel Pdg de Radio France. Pour cette opération à huit clos et opaque, on attend toujours de pouvoir lire le projet stratégique de l'impétrant. Le compte-rendu des débats. Et l'avis circonstancié donné au "jeune" Pdg dont on aura remarqué que la qualité essentielle avant de se colleter la grève était d'être jeune. Inexpérimenté mais jeune. Youkaïdi, youkaïda !! Les jolies colonies de vacances de l'audiovisuel public Merci Hollande, Merci Schrameck.


JACQUES DEMARTHON / AFP




















Discrédit, méfiance, amateurisme, prébendes, renvois d'ascenseurs, coups-fourrés, chausses-trappes, coups de poignards dans le dos et enfants aussi (dans le dos). Léo Scheer, je l'ai dit, est un génie. Il a seul ou presque inventé, développé et installé Canal+ en 1984. Car dès 1980 il avait compris que confier l'audiovisuel aux politiques c'était s'assurer version longue et 3D "Chronique d'une mort annoncée". On en est là, tout le carnaval que joue le pouvoir est bidon. Les masques sont tombés et les gondoles se plient en deux sur la Seine (5). Philippe Bailly propose pour sortir de la curée de "copier le modèle de la BBC, un board, un comité de sages qui n'est chargé que de ça" (la nomination des Pdg de l'audiovisuel public, ndlr). 

L'ensemble du système "audiovisuel public français" est à repenser de façon non partisane et prospective sur la longue durée. Où sont les sages qui pourraient s'y employer ? Sortis d'une "République bananière" (6) en pleine déliquescence ?

Ce matin Olivier Schrameck sera l'invité de Sonia Devillers à 9h40 sur France Inter.

(1) Dissout en 1974 par le nouveau Président de la République Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981),
(2) Rayer les mentions inutiles… Bonjour Jean-Luc Hees, Président de Radio France (2009-2014),

(3) "Sous le pont Mirabeau coule la Seine" poétisait Appolinaire. Dans la tour Mirabeau (8éme à Paris) coule la peine,
(4) Mains propres en italien,
(5) De la tour Mirabeau est sorti hier le nom de la nouvelle Pdg de FTV, Delphine Ernotte. Son projet stratégique serait rendu public. On attend donc que celui de Mathieu Gallet le soit à son tour,
(6) Renaud Revel, 

2 commentaires:

  1. C'est à se demander s'il ne faudra pas attendre que le Canard publie les bonnes feuilles du projet stratégique de Gallet ou encore les coulisses du chantier de réhabilitation de la Maison de la Radio!
    Quant à Ernotte, tiendra-elle seulement l'année compte tenu du climat délétère autour de l'audiovisuel public?

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  2. pathétique. A l'heure où l'audiovisuel intéresse de moins en moins la jeune génration -internet est leur véhicule médiatique essentiel, mes deux garçons n'allument jamais le poste tv mais sont totalement incollables sur les chaines You Tube- ces valses à mille temps sont totalement surannées, d'un autre temps. Des guignolades pitoyables qui ne me font même pas rire. Pa-thé-ti-que !

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