L'invité, ce matin, d'Emmanuel Laurentin pour "La Fabrique de l'histoire", est Patrice Blanc-Francard (PBF) pour une histoire de la télévision à travers la musique.
Avant l'écoute
Le "C.V." de PBF est solide : entre radio, télévision et radio (et plus si affinités). Avant de reprendre la direction du Mouv' en février 2011, il nous avait enchanté avec deux séries d'été en compagnie de Michel Lebris (1) sur France Culture. Mon premier souvenir de Blanc-Francard c'est "Pas de panique" en 1973 avec Claude Villers (2), puis "Souvenirs, souvenirs" avec Bernard Lenoir sur la même chaîne en 1974. PBF c'est une voix, une culture musicale, la simplicité et… pas que le service public ! Quand il sera directeur des programmes à Europe 1, il fera venir en 1990, Jean Garretto (3) qui a claqué la porte de France Inter (4) pour animer "Persona… gratter" le dimanche matin à défaut de poursuivre vingt-deux ans d'Oreille en coin sur Inter, puis aussi un autre grand spécialiste de la musique, François Jouffa qui lui "reviendra au bercail" d'Europe 1.
L'histoire de la TV à travers le filtre de PBF et de la musique, ça me va. Il vous reste à appuyer sur le "Bouton rouge" (5) pour enregistrer cette émission. Je vous retrouve après l'écoute aux alentours de 14h pour compléter ce billet. Entre temps vers 9h30, PBF aura lui-même fait venir son invité dans l'émission. Quelque chose me dit qu'il ne faudra pas le rater !
Pendant l'écoute
J'ai l'oreille plus que tendue pour au moins deux raisons. J'ai toujours été fan des émissions de Blanc-Francard à la radio, pour son ton et sa mesure d'abord, pour TOUT ce qu'il pouvait m'apprendre au quotidien. Et c'est forcément succulent de l'entendre dire "Le Dead" pour évoquer le groupe californien "Grateful dead", parce qu'effectivement nous disions comme ça. Et quand PBF le dit, il n'y a ni nostalgie, ni "leçon", pas plus que d'un passéisme qui revendiquerait le "C'était mieux avant", qui fait horreur au directeur du Mouv'. PBF, de son temps, n'a pas épousé les tics les plus grossiers de sa génération et a su être lui-même. La deuxième, c'est d'entendre que sa voix n'a pas changé, son ton non plus, ni non plus, sa façon de faire absolument "originale". Parmi tous les rock-critics et autres experts de sa génération, il est bien le seul à avoir cultivé une discrétion exemplaire malgré une érudition et une pratique équivalente et/ou supérieure à ses confrères.
Pierre Wiehn, très sérieux directeur d'Inter |
Puis l'invité vint
Quand on écoute bien le documentaire, quelques minutes avant 9h30, à une affirmation de Laurentin sur Roland Dhordain (6), PBF va devoir apporter une précision qui va nommer l'invité qui dans quelques secondes maintenant entrera dans le studio. Adroit, subtil, PBF glisse sur son nom et passe à autre chose. Quel bonheur que le jeune PBF ait eu la bonne idée d'inviter Pierre Wiehn (7), son ex-directeur des programmes d'Inter, à venir témoigner de la musique à la TV. Puisque après Inter, en 1982, Wiehn rejoindra Desgraupes, le patron d' Antenne2.
C'est tellement rare que la radio parle d'elle de façon aussi pertinente que d'avoir en studio, Pierre Wiehn (le "programmateur") + Blanc Francard (le spécialiste musique), et Laurentin (spécialiste histoire) en âge, au milieu des années 70, de commencer à écouter les émissions musicales à la radio, que ce matin fut un moment d'histoire vraiment savoureux. Le passage de Wiehn de la radio à la télé qui continuera son appui et sa défense de la musique, les navettes Radio/TV de PBF pour promouvoir, découvrir lui-même et faire découvrir la musique, ravivent l'époque où, partis de rien, des pionniers en ont fait les fondements de la culture pop-rock à la radio puis à la TV.
Après l'écoute
J'ai déjà réécouté deux fois cette émission. Ce petit précis d'histoire est aussi à faire écouter dans les écoles de journalisme pour ceux qui croiraient, un peu trop définitivement, que la musique est née à la TV dès les premières émissions de crochet. Et surtout pour montrer que deux directeurs, Wiehn et Blanc-Francard, ont eu à cœur, l'un sur France Inter, l'autre au Mouv', d'imposer des paris et des émissions en phase, non seulement avec la société de l'époque, mais avec une jeunesse qui pouvait, dans les programmes qui lui étaient (et lui sont) destinés, apprécier et écouter la radio pour la richesse de ses contenus.
(1) "Les années jungle" 2009, "Les années fifties" 2010,
(2) France Inter, du lundi au vendredi, 20h-22h,
(3) Co-créateur et co-producteur avec Pierre Codou de 'L'oreille en coin, 1968-1990,
(4) Le nouveau directeur des programmes d'Inter, Pierre Bouteiller, ne voulant garder de "L'oreille en coin" que la session du dimanche matin,
(5) Émission de télévision de Pierre Lattés (décédé la semaine dernière) que PBF ne manquera sûrement pas d'évoquer ce matin,
(6) Que le premier directeur de la chaîne France Inter en 1963 aurait favorisé la présence du pop-rock à la radio,
(7) Mardi 4 juin j'ai réalisé une longue interview de Pierre Wiehn qui paraîtra cet été sur le blog.
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