"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
mercredi 12 juin 2013
Mon pays d'ici…
Mardi 11 juin 2013. 17h55. Je viens de terminer l'écoute en direct de "Sur les docks" (1). Je veux écrire aussitôt. Le titre de ce billet n'est pas un clin d'œil nostalgique à l'émission "Le Pays d'ici", souhaitée par Jean-Marie-Borzeix, directeur de la chaîne (2) et longtemps coordonnée par Laurence Bloch (3). Du mardi au vendredi, une équipe de France Culture s'installait dans un pays et en quatre émissions d'une heure balayait la vie culturelle, sociale et économique. En direct, il y avait donc la durée pour aborder ce pays d'ici.
Pour parler de "Les eaux montent à l'île de Sein", le documentaire rediffusé ce mardi, j'ai choisi d'isoler les phrases et ou les paroles qui m'ont le plus touché (en fin de billet). Peut-être le ressentirez-vous comme moi, ces mots portent à un prolongement, un approfondissement et pourtant demain… "nous passerons à autre chose". Pourquoi pas ? Mais pourquoi pas non plus creuser le sillon un peu plus profond, et ce, sur une continuité temporelle. Demain j'aurais aimé encore être à Sein. L'île a beau n'avoir que 120 habitants, en 55 mn on ne peut qu'effleurer de minuscules moments de vie. De petites étincelles s'allument et brillent pour s'éteindre presque aussitôt.
Il est une autre démarche que, ce soir, demain, après-demain, de vouloir creuser le sujet, lire, chercher, échanger autour de ce qui a pu éveiller notre attention. C'est un temps qu'il faut programmer et pour lequel il faut s'astreindre à une rigueur qui fera vite exploser le temps, la disponibilité, les autres activités quotidiennes ou hebdomadaires, et j'aurais tendance à dire "mangera tout le temps disponible". C'est quelquefois possible, souvent impossible. Elise Andrieu et Diphy Mariani, qui ont réalisé le documentaire, "ouvrent une brèche" sur la mer, sur un océan de savoir, sur le principe de l'enquête sociologique de Morin ou Bruguières (4), sur "quelque chose de l'île est enfoui et ne va pas surgir comme ça" (5).
Ceci est valable pour tous les documentaires, suivant l'attention ou la passion qu'on porte à un sujet. Mais, il faut que j'ajoute que le préalable qui indique le temps de diffusion (ici 55'), conditionne aussi l'écoute. Et si l'on sait que l'on dispose de deux, trois, ou quatre heures supplémentaires ça change l'attitude d'écoute, et de fait la réceptivité. Dit autrement "C'est pas possible, c'est pas en cinquante-cinq minutes qu'ils vont pouvoir approfondir le sujet, ou nous en dire suffisamment ? " Il faudrait sûrement trouver des "systèmes" de diffusion qui permettraient à un thème de se décliner en quatre fois une heure sur un mois, ou sur quatre jours consécutifs, ou…
"Notre île est à un mètre cinquante maximum au-dessus du niveau de la mer. Il faut une digue pour protéger notre île. Je ne suis pas allée le 10 mars 2008, voir la mer sur le quai tant qu'elle était haute. Une mer monstre qui sautait partout. À Sein, "dans le creux de la vague" (sic) il y a cent-vingt personnes. Rêver à la sirène. Il y a cinquante ans 350 inscrits maritimes, aujourd'hui nous ne sommes plus que deux. Avant la mer n'était jamais grosse aux grandes marées. Sans la mer je suis paumé. Demain l'île peut devenir un archipel. L'île est vulnérable…"
(1) France Culture, du lundi au jeudi, 17h,
(2) 1984-1997,
(3) Productrice, aujourd'hui directrice adjointe aux programmes de France Inter,
(4) "La métamorphose de Plozévet", Edgar Morin, 1967, Le livre de poche - Bretons de Plozévet, André Burguière, Flammarion, 1975,
(5) "Les femmes de Molène", Francesca Piolot, La matinée des autres, France Culture, 1985.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire