© Sophie Berger |
La Loire je l'avais déjà écouté couler sur un pont du bout de Loire ou sur les bacs de Loire à Basse Indre ou depuis l'autre rive. La Loire je l'avais vu couler, de haut en Ardèche dans la pierre et entre les châtaigniers. La Loire je l'avais entendue chanter par Serge Kerval dans les années 70. La Loire, cette Loire a quelque chose de plus pour faire partie de mon paysage. Mais jusqu'à ce qu'un ange (1) me parle de Sophie Berger je ne savais rien de son documentaire qui sera diffusé dimanche 27 sur la RTBF (2). Son documentaire ou la longue marche (mille kilomètres), ou le très long son de la route. De la route à pied. Hobo, Sophie Berger a fait la route auprès du fleuve sauvage ou quelquefois un peu à l'écart mais jamais très loin. Sophie a fait la route, volontariste et avec une humanité à fleur de peau, pour aller à la rencontre.
Sophie, avec la route, ce qu'elle aime c'est prendre le son, à pleine puissance, comme une présence totale, impérative, fougueuse ou légère discrète à nous faire tendre l'oreille loin derrière le devant. Des fois je crois entendre une radio. J'aime tendre l'oreille, guetter, imaginer. Sophie marche. "Au speed de tes pas" multiples, des sols variés faciles ou durs, des autours visibles ou invisibles. Sophie marche et ne marche que pour entendre et même pour écouter jusqu'à l'indicible. Manque pas de souffle la voyageuse, ni de cœur, ni de battements. Elle mange du chemin avec quelquefois des racines dedans. On marche avec elle, complice, à l'affût, curieux, surpris. Le temps a beau filer on pense que le voyage va durer. Il dure mais le temps d'une éclipse, d'un instantané émouvant. D'une quête infinie avec le son comme viatique. À en être affamé.
La Loire s'insinue, s'infiltre et s'ingénie à ne pas s'imposer. Sophie a rêvé "de dormir dessus". Elle va comme le fleuve, au présent. "Je suis là où je suis". Voilà son documentaire "toue cabanée", tout enregistré, tout entendu, tout écouté, tout prêt à refaire le voyage. Celui-là ou un autre. Suspendu.
(1) C'est un pseudo,
(2) Eldoradio, 22h.
"Un jour, j’ai su qu’il fallait que je prenne la route. J’avais 26 ans, je n’avais jamais fait cela, et je ne savais pas ce que j’allais trouver. Je savais juste qu’il fallait que je le fasse. Il fallait que je prenne la route. Ce n’était pas raisonné, ce n’était pas raisonnable, mais je n’avais pas le choix. C’était une urgence. Ça hurlait en moi «prends la route avec tes micros». Je me suis organisée pour avoir du temps, et dès que j’ai pu : je suis partie. C’était encore l’hiver. J’avais choisi la Loire pour fil d’Ariane. La descendre, de la source à l’estuaire. 1000 km à pied, pour rejoindre la ville où je l’avais vue couler étant gamine - Nantes. J’ai coupé mon téléphone, j’ai dit que je ne donnerais pas de nouvelle. J’ai juste pris mes micros en bandoulière, comme un photographe qui ne partirait pas sans son appareil photo - et aussi parce que je partais pour vivre une histoire d’amour avec le fleuve, avec la route, et que je savais que cette histoire il faudrait que je la raconte, et que cela, je ne pourrais pas le faire avec les mots. Je n’étais pas en vacances, je n’étais en randonnée, je n’étais pas en reportage : j’étais en voyage. Je joignais les villages au rythme de mes pas, je n’avais pas d’horaire, pas de rendez-vous, j’allais au fil des saisons, au fil des hasards et des rencontres de la route. Et mon coeur n’avait jamais battu si intensément. Sophie Berger
Hey Fanch, il est vraiment cool cet ange !
RépondreSupprimerA mon poste (internet) pour sûr, ce soir :-))
belle aventure radiophonique
RépondreSupprimerSophie mérite votre éloge ;-) Indépendante des radios officielles françaises ou belges, elle pousse ses sujets en y donnant une saisissante dimension d'humanité…
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