Photo tirée du film "Kessel en route", d'Igor Barrière et de Michel Colomès. ©ORTF |
Dans les deux extraits vidéo que je vous propose aujourd'hui c'est Kessel qui m'a intéressé et, vous ne serez pas surpris, une certaine lenteur, un certain tempo donné à ce qu'il raconte. On en reviendrait très vite à Arnaut. Dans son commentaire de l'émission citée le "reporter-globe-trotter" Arnaut dit d'entrée : "Je crois que c'est Joseph Kessel qui a dit que "la race des grands reporters était morte"" et d'ajouter "Le grand reportage a changé de média". On notera l'adjectif "grand". Mais, qu'il soit grand ou petit, qui veut aujourd'hui à la radio diffuser du reportage… ou du documentaire ? Hormis les émissions citées ici il y aurait de la place sur Culture (et sur Inter) pour donner à en entendre plus. Mais au-delà du désir des acteurs et créateurs des reportages-documentaires, j'ai comme l'impression que la notion financière va immédiatement prendre le dessus et plomber, voire même surplomber, la démarche. La nécessité de rendre compte fait d'abord l'objet de tractations qui, de fait, brideront la création.
Et de se développer à la vitesse supersonique les émissions de "plateaux-invités-experts-chroniqueurs" qui, depuis n'importe où de la planète, peuvent à bon compte rendre compte de l'urgence d'une situation. De là à aller au chevet de Nelson Mandela, toujours en vie, il y a quelques billets d'avion qui se perdent. La case, les cases de diffusion existent mais ce sont les moyens qui manquent. Ou plutôt ce sont les moyens qu'on ne veut pas donner qui manquent. D'autres priorités s'installent et elles ont de plus en plus à voir avec la starisation ou la pipolisation. Le résultat prime sur la démarche. Célestin Freinet (4) est au fond des oubliettes, Kessel rangé au banc des romantiques, Cendrars à celui de grand-voyageur et London sans doute comme aventurier old-school. Ces noms sont perpétuellement agités comme des hochets par la "profession" mais doivent bien vite se rengorger faute de choix éditoriaux volontaristes.
Je vais prendre le temps d'écouter (sic) les deux documentaires-reportages d'Igor Barrère et reviendrais vous en parler. Mais il y a fort à parier que je risque de vous dire que le dimanche soir ou même le samedi matin il existe des endroits pour sortir de l'actu et entrer dans une autre dimension. Sans forcément aller dans… la quatrième.
(1) Globe-trotter-reporter à France Inter, décédé au mois d'août 2013. Ici dans une de ses émissions du samedi après-midi en 1976 dans "L'oreille en coin",
(2) Le dimanche à 9h10,
(3) "Sur les docks", "Les pieds sur terre" et dans quelques autres comme "La Fabrique de l'histoire" et "Villes-Monde",
(4) Pédagogue qui avec ses élèves démontait le magnétophone avant que ceux-ci s'ébahissent sur l'art du montage (et de la coupe, donc)
Faire la différence entre reportage et documentaire, c'est pour moi une des grandes énigmes des genres journalistiques. Comme toi, je me garde bien de rentrer dans ce débat.
RépondreSupprimerÇa ne m'empêchera pas de placer ton billet dans ma prochaine Semaine sur les ondes.
Je regrette également que les grands reportages ne prennent pas davantage de place à la radio et je suis surpris que son représentant isolé, Interception, soit si peu ou si mal exposé. Car sans les podcasts...