lundi 9 juin 2014

La grasse matinale…

Jean-Marc Morandini













Vendredi dernier l'"excellent(1) Télérama nous apprenait sur son site que Jean-Marc Morandini allait, à la rentrée 2014, tenir trois heures durant le micro d'Europe 1, de 9h à midi. "Le grand direct" va donc se décliner en trois sessions distinctes, - médias, actu, santé -. Autant de talks (2) dans lesquels, entre deux pubs, l'animateur au débit pressé n'aura sans doute de cesse d'égrener les chiffres qu'il manie encore mieux et plus vite qu'un bonimenteur de foire (3). Personne ne nous dira qu'Europe 1 invente le format long. En 1960 sur cette même chaîne Maurice Biraud, remplaçant au pied levé Pierre Mondy, jouera avec son diminutif pour créer "De 9 heures à Bibi" où il confirmera une renommée exceptionnelle. Quelques années plus tard, de 1983 à 1987, Michel Drucker (celui de la TV) scotchera son public aux mêmes horaires (4) avec "Studio 1" (5) .

Il va être cocasse de regarder les réactions de la concurrence. Comme par exemple le "saucissonnaged'Inter à heure fixe, métronomique et "plan-plan". Cette chaîne a sans doute oublié qu'avant qu'il en soit directeur, Pierre Wiehn animait en 1967 "Faisons bon ménage" et tenait, lui aussi, la matinée de neuf heures à midi. En ces temps-là (le paléolithique de la radio) il n'était pas rare que les après-midi s'étirent aussi trois heures durant. Un de ses princes, Gérard Sire sur France Inter, excellait à séquencer ses après-midi sans qu'il lui soit besoin d'agiter l'heure, les chroniqueurs et autres éditorialistes qui se faisaient discrets. "Et si nous parlions d'autre chose" donnait une unité à l'après-midi.

Donc Europe 1 a raison de réinventer l'eau chaude en s'appuyant sur la personnalité de bateleur de Morandini. Mais ces modèles d'émissions longues, ces principes de grilles de programmes il faut les jouer sur la longue durée, comme le fait depuis 10 ans RMC avec "Les grandes Gueules" (6). Pourtant il y a quinze ans, Laure Adler devenue directrice de France Culture, avait cassé les formats longs de plus d'une heure se rapprochant de plus en plus d'Inter dans son découpage. Il n'y a donc pas de recettes éternelles. Il y a "l'air du temps" et une connaissance fine des auditeurs. Dans une interview parue dans Le Monde Télévision, samedi dernier Laurence Bloch, nouvelle directrice de France Inter déclare : "Dans une société atone, morose, France Inter doit détonner. Il lui faut du tempérament, une dose de mauvais goût, de l'audace. " Son mot d'ordre, avec un petit sourire : " Soyez un peu punk ! ". Nous y reviendrons.

Pour détonner, justement, Il serait temps que les grasses matinales retrouvent un peu de… grâce.

(1) Sur le même ton que Coluche qui, sur Canal+, faisait la revue de presse "Coluche 1 faux",
(2) Pour se placer sur le créneau juteux de RMC, 
(3) D'abord le n°de l'émission du jour, puis les chiffres des audiences TV, puis au hasard les chiffres du chômage, de la délinquance, du pourcentage d'électeurs frontistes dans le bassin parisien, des dernières cotes de popularité du Président de la République, et des années passées par Julie à l'antenne,… 

(4) Fabien Namias, le directeur de l'antenne a proposé pour la rentrée à Frédéric Taddeï de prolonger d'une demie-heure son "Europe 1 social Club" de 20h à 22h (5). Deux bonnes heures "d'entrée de soirée", un peu comme Claude Villers le faisait sur Inter, dès septembre 1973 avec "Pas de panique",
(5) Studio équipé pour que l'émission soit filmée dans le cadre d'un projet TV que mène le groupe Lagardère propriétaire de la chaîne radio, (là je fais appel à ma seule mémoire mais je manque de sources),
(6) Alain Marschall et Olivier Truchot, de 10h à 13h,

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