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Le n°2 de la revue "Ina global" vient de paraître et dès le premier feuilletage - page à page - ce numéro apparaît plus chaud et donne envie de lire et d'être lu. C'est une première impression générale et ce n'est pas seulement parce que ce n°comporte deux articles sur la radio, ce qui n'était pas le cas du n°1 qui n'en comportait aucun. Définitivement l'Ina ne doit jamais faire l'impasse sur la radio au risque de se renier dans sa mission initiale de documentation et conservation des archives radiophoniques (1).
Page 126, Marc Fernandez (2), dans un article intitulé "Avec la radio, les oreilles ont des yeux", tente d'analyser le phénomène d'évolution du média titillé par l'image et les adjectifs tendance comme "filmée, augmentée, connectée, 2.0, social et enrichie" (3). "Il était devenu essentiel, voire vital, que les stations [de radio] s'adaptent et investissent le numérique. Et elles l'ont toutes faites en commençant par la vidéo. une évidence et une obligation tant celle-ci est devenue incontournable sur Internet." Suit un exposé qui montre les étapes récentes de l'installation des caméras dans les studios de radio, et ses effets immédiats sur le rajeunissement de l'audience, vitale et absolue nécessité pour les radios publiques comme pour les radios privées dont la moyenne d'âge des auditeurs ne cesse de grimper quand, analyse Fernandez, "les plus jeunes, qu'on appelle la génération Y, ultra-connectée, utilisent peu, voire pas du tout, le poste de radio traditionnel mais ils sont constamment avec un écran à la main."
Il est intéressant de lire : "On vit dans un monde de l'image, l'auditeur y va naturellement. Mais quand on met de l'image sur la radio, au départ, cela ne semble pas normal. Et s'il s'agit uniquement de montrer ce qui se passe dans le studio, cela n'a pas vraiment d'intérêt. Si l'on diffuse de la vidéo 24 heures sur 24, cela dénature complètement ce qu'est la radio, qui ressemble alors à la télévision des débuts." (4) Tant mieux donc que les principaux protagonistes du filmage radio aillent un peu plus loin que le bout de "leur" caméra. Vous le lirez cela a forcément un impact sur la "narration" radiophonique qui, du même coup, tend à se rétrécir (en terme de formats) et à valoriser l'extrait plus que l'émission entière.
Fernandez poursuit et enfonce le clou : "Il est cependant réducteur de parler uniquement de radio filmée et plus judicieux d'avancer le terme de radio 2.0 ou de radio visuelle, tant le numérique, le transmédia, la complémentarité prennent le pas sur la seule vidéo." Plus inquiétant de lire : "La technique influe sur le contenu" (4). Et comme une fatalité et un pronostic "tragique" "Nous allons vers une uniformisation de tous les médias." (4) Petite remarque au passage : il serait de bon ton que les prochains articles soient aussi illustrés avec des photos de femmes de radio.
Mais, cerise sur le gâteau de ce deuxième numéro de la revue qui porte "un autre regard sur les médias", la transcription texte de la "Radioscopie" de Roland Dhordain par Jacques Chancel. Dhordain, "patron" de la radio au sein de l'ORTF en 1968 (Inter, Culture, Musique), interviewé par un Chancel qui, depuis trois mois, a inventé (5) une émission de conversation avec un invité unique qui se prolongera jusqu'en 1990 réalisant ainsi 6826 Radioscopies.
(1) Suite à l'éclatement de l'ORTF en 1974, la création en 1975 de l'Institut national de l'audiovisuel (Ina) est née du regroupement de trois services de l’ancien ORTF : les archives, la formation professionnelle et la recherche,
(2) Journaliste, est cofondateur et rédacteur en chef de la revue Alibi,
(3) Voir mon billet sur "RTL, la radio amplifiée",
(4) Christophe Pauly cité in "Avec la radio les oreilles ont des yeux", Ina global, n°2, Juin 2014,
(5) Octobre 68, nouvelle grille des programmes d'Inter, le premier invité de Chancel -un ami - est Roger Vadim.
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