"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
mardi 17 juin 2014
Les grandes ondes (à l'ouest)…
(Enfin !) Il s'agit d'un film qui parle de radio (1) ou qui parle de la "fabrique de la radio" pas un clip léché pour vendre une institution radiophonique française (2). En 1974, à quelques jours de la "Révolution des œillets" au Portugal, deux journalistes Julie (Donzelli) et Cauvin (Vuillermoz) tentent de réaliser, avec leur collègue ingénieur du son, quelques reportages pour la SSR (Radio Suisse Romande). Chargés de visiter les lieux que finance la Suisse au Portugal on assiste aux "off" censés aboutir à des reportages "on".
Ce film est sympathique et touchant. À une certaine lenteur… suisse, il faut ajouter le désenchantement du vieux routard-machiste désabusé et de la jeune féministe libérée. Si on échappe pas à quelques clichés : domination professionnelle du chef-dragueur, combi VW défaillant mais résistant, révolution qui ressemble plus à une fête de la musique qu'à celle des œillets, jeune adolescent pré-adulte qui vénère Pagnol et tutti… on touche quand même du doigt ce qui à une époque (récente) a fait la radio publique avec ses tics, ses stéréotypes, ses hiérarchies et ses savoirs-faire. Succulente la scène où les Belges de la RTB (en combi eux-aussi) informent leurs collègues suisses que la révolution vient d'éclater. Où l'on découvre que l'on peut faire de la radio sans pour autant… l'écouter.
Si on ne touche pas à la dérision majuscule d'un Jean Yanne dans "Tout le monde il est beau tout le monde il est gentil", le ton du film laisse filtrer un peu de moquerie pour ne pas dire une (auto) critique d'un système pro mais pas tant que ça, prestigieux mais pas toujours, figé mais à la limite de sa propre révolution. Le "vieux monde" découvre qu'un nouveau monde est en marche et que rien ne l'arrêtera, et surtout pas les idées de libération… "des peuples à décider d'eux mêmes".
C'est frais, ça se regarde pour la tendresse d'une époque qui n'imaginait pas que les désillusions n'allaient pas tarder à balayer tout sur leur passage, au risque de ranger pour longtemps l'utopie au rayon des souvenirs.
(1) Film suisse, français et portugais de Lionel Baier, 2014,
(2) "La maison de la radio" de Nicolas Philibert, 2013.
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