"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
mercredi 26 septembre 2012
De l'œuf ou de la poule…
Hier après-midi deux éminents personnages de radio s'interrogaient via l'Oiseau bleu (site de micro-blogging) :
Syntone : "La radio quotidienne permet-elle de mieux entendre la création radiophonique ?"
Christian Rosset (1) lui répond cash : "Inversons ! L'écoute de la création radiophonique permet de mieux entendre la radio quotidienne : avec une oreille critique !"
…
Entre les deux mon cœur balance. Je vais tenter de dire pourquoi. J'ai commencé par beaucoup écouter de radio dès l'enfance sur des stations qui me "tombaient sous la main" (Inter, Europe1, RTL). Cela m'a permis d'installer une relation privilégiée avec ce média. Si bien qu'à l'adolescence je n'aurai pour rien au monde loupé un numéro de Campus (2), du Pop-Club (3) ou un peu plus tôt dans la soirée des "400 coups" de Claude Chebel (4). Ou même le jeudi matin, Pierre Wiehn et son "Faisons bon ménage". Pourtant pour mille raisons j'en ai loupé plusieurs de ces émissions. Mais dans l'ensemble (pas de TV à la maison) la radio m'était devenue dès l'époque, indispensable.
C'est Gérard Sire, qui trouvant chaque jour dans son Omnibus l'occasion de nous dire un conte, a commencé à me faire prendre conscience que la voix (sans autre artifice de création) pouvait transformer l'écoute. Je veux dire passer d'une écoute distraite à une écoute très attentive. Je l'ai déjà écrit Gérard Sire était absolument captivant avec sa part de mystère et de mélancolie (5). Était-ce pour autant de la création radiophonique, j'en sais fichtre rien ?
Puis Jacques Pradel, Claude Villers, Henri Gougaud et quelquefois Pierre Bellemare, grâce au pouvoir d'accroche de leur voix, m'ont amené doucement vers d'autres formes de radio élaborées et c'est ainsi que je plongeais dans France Culture (milieu des années 80). Et là, la palette fût fabuleuse, quelquefois déroutante et toujours riche pour l'imaginaire. Je ne cite pas aujourd'hui les émissions qui m'ont attaché à la chaîne. J'en ai parlé dans d'autres billets.
Mais voilà que ces bonnes habitudes de radio élaborée m'ont très vite détaché de la radio de talk et même de la radio de l'infini talk. Quand sur certaines chaînes publiques aujourd'hui il n'y a plus aucune émission sans un invité prétexte, caution, faire-valoir. Je reste forcément nostalgique de ces passagers surpris par les nuits magnétiques. Et j'attends toujours pour le soir (après 20h30) de belles émissions de création…
Alors oui, c'est en devenant de plus en plus exigeant pour les émissions de flux (de paroles, de musiques et de bla-bla politique) que j'ai accroché la création radiophonique. Mon oreille est devenue critique (cf Rosset) au point de ne plus supporter le bavardage et le trop-trop-plein d'info. En fait, ce que j'aime par-dessus tout à la radio c'est qu'on me raconte des histoires et, qu'au-delà de la voix, on sache y mettre ce supplément d'âme qui tient justement de la création radiophonique.
Je conclurai avec la pensée du jour de Rosset "Mon besoin de radio est impossible à rassasier - et l'exercice ininterrompu du regard (le goût des images) ne m'apporte aucune consolation."
(1) L'homme qui défie les lois de la gravité de Twitter et qui s'ingénie à écrire en 139 signes est par ailleurs compositeur et producteur de radio à France Culture,
(2) Europe1, 1968-1971, par Michel Lancelot,
(3) France Inter, par José Artur depuis la nuit des temps…
(4) France Inter, années 60,
(5) Si tout va bien, pour la Madeleine de dimanche, je vous ferai part d'une anecdote savoureuse à propos de Gérard Sire.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Bien d’accord avec vous !
RépondreSupprimerLa radio est ce média complice de la vie, savoureux et émouvant parce qu’il sait sans se mettre en avant rendre les émotions sans mentir. La radio reste ce délicieux partenaire du quotidien, et continuera de le rester tant qu’elle saura garder cette intimité spécifique avec ses auditeurs ! Merci à Elle, et un très grand merci à Fanch pour ce merveilleux feuilleton !!
La radio, et la création sont pour moi une force tellurique qui fait vibrer les fondations de mon âme, une voix qui rien qu'en passant, me fouette le sang!
RépondreSupprimerBon ben vous dites en quelques mots ce que j'essaye de dire chaque jour d'une autre façon. Merci
Supprimer