Billet vénère…

Les voix chantantes de Fip © C. Abramowitz R.F.

Il y a maintenant trois strates de publication pour la presse : le tweet live (réactions instantanées pendant un événement via Twitter), le billet sur le site d'un journal, l'article dans le dit journal. Il va sans dire que je n'ai lu aucun tweet pendant la conf' de rentrée de Radio France, pas plus que je n'en ai twitté. J'écoute, j'écris avec un crayon dans un carnet avec des feuilles de papier dedans.

Klervi Le Cozic (1) a eu la bonne idée d'inciter ses lecteurs (2), via Twitter, à lire mon billet d'hier, en complément des compte-rendus tweetés qu'en avait fait Télérama et Les Échos au cours de la prestation "live" de la matinée du 4 septembre 2012. Il pourrait en aller de même, en incitant à la lecture de ce billet, pour offrir un contrepoint aux lecteurs du site de Télérama. Comme je le disais hier, les journalistes s'imposent de venir aux conférences de presse et veulent peut-être, dans certains cas, montrer leur indépendance, en employant un ton et des formules qui, quand on a assisté à l'événement ne laissent pas de surprendre !

À 16H28 hier, Valérie Lehoux (3) écrivait sur le site de l'hebdomadaire, section "radio" : "La conf de rentrée de Radio France c'est un peu comme une cérémonie des César. Long, répétitif, plutôt ennuyeux, ponctué de blagues pas très drôles et de sketchs pas très réussis – cette année, trois « Fipettes » se sont jetées à l'eau pour reprendre une chanson grivoise des années 30, prestation héroïque... mais qu'il valait mieux éviter de montrer à un journaliste spécialisé dans la chanson." (sic) Le sic c'est moi qui l'ajoute pour l'immodestie totale de la journaliste, qui se considère (à juste titre sans doute) comme une journaliste spécialiste de la chanson. On imagine bien le staff de Radio France tenir compte des spécialités de tous les journalistes présents pour ne pas heurter leur expertise. "Je me marre" aurait dit Jean Yanne.

Manque pas de toupet et de morgue Valérie Lehoux ! Quel absence totale de délicatesse et de tact, pour n'avoir pas vu dans la prestation des "Fipettes", non seulement un clin d'œil à la chanson, mais aussi à leur chaîne (non guindée) et leur façon, dans la morosité ambiante, d'offrir un sourire salvateur. Quel mépris pour la spontanéité du geste !

Cette façon de faire préfigure sans doute des lauriers que Télérama ne manquera pas de tresser dans quelques mois dans son hebdomadaire, quand il conviendra de vanter Fip, un peu comme le très grand article de cirage de pompes pour France Inter, de sa rédaction en particulier et de Patrick Cohen presque en exclusive ! (3)

La journaliste, sûrement blasée des petites et grands-messes, autour des conférences de presse trouve qu'à celle-ci "il ne s'est pas passé grand chose." Mais que faudrait-il donc qu'il se passe ? Que Jean-Luc Hees entame un pas de deux avec Philippe Val, que Laura Leishman rappe le programme de France Musique et qu'Olivier Poivre d'Arvor se déguise en Spiderman… ? Plutôt que de pointer que le Mouv' est "en panne d'audience", Valérie Lehoux aurait pu reprendre la pique bien sentie, qu'Amaelle Guiton a envoyé aux sphères de direction, qui continuent de reproduire le schéma machiste des matinales pilotées par des hommes. Mais ce n'était sans doute "pas assez drôle" pour la spécialiste de la chanson !
Décevant donc ce compte-rendu qui, dans le prochain n°de Télérama (la semaine prochaine), aura certainement un autre ton, sans doute à cause de la noblesse du support papier, qui ne saurait cacher la face sidérante du site internet.

(1) Étudiante en LP Journalisme Radio à l'IUT de Lannion (22),
(2) Appelés aussi followers,
(3) Télérama n°3239, février 2012. Et quand c'est pas Télérama c'est le Monde (même groupe), ce samedi 8 septembre dans son supplément "Télévisions" interviewe Philippe Val, page 7.