jeudi 13 septembre 2012

Le silence… la nuit

© Pascal Levaillant







J'entendrai bien Alain Veinstein dire ce titre en mettant un silence après le mot "silence" comme il le faisait dans "Surpris par……… la nuit".

Alors que les auditeurs noctambules et/ou insomniaques de France Inter se sont désespérés de la disparition des émissions de direct la nuit, je viens de faire depuis plusieurs jours l'expérience d'écouter la radio la nuit en dehors de mon domicile. Si ce n'est pas la première fois que j'écoute dans ma voiture des émissions rediffusées la nuit, c'est la première fois que j'apprécie avec encore plus d'acuité les silences radio qui se superposent au silence environnant.

On oublie vite le ron-ron de la voiture et tout porte à la concentration d'écoute. Le timbre des voix, les sons, les musiques, les indicatifs et bien sûr les désannonces que j'aime tant. La nuit, j'écoute plus facilement France Culture car il n'y a plus la reprise systématique des émissions du jour précédent, mais des archives très anciennes ou plus récentes. Il y a quelques jours c'était une émission sur les bistrots, et à écouter ceux qui en parlaient je me demandais de quand pouvait bien dater le reportage. Je fus bien surpris d'apprendre qu'il datait de 1977 !

J'aurai envie de dire que tout prend de l'ampleur la nuit. Tout donc et même le silence, les silences. Rien ne perturbe les mots dits, les conversations, les hésitations, les emballements, les résignations. Tout fait sens puisque, autour, d'autres sens sont en sommeil. Les sursollicitations multiples et variées de la journée ont fondues comme neige au soleil. Si l'on veut écouter on ne peut plus échapper à l'écoute captive et c'est ça qui est magique. Les histoires prennent d'autres tournures et se fixent durablement dans nos mémoires.

La radio de nuit est plus qu'un flux de paroles, de sons et de musiques. Elle est une présence matérielle forte et "palpable". Une vraie compagne qui, par là, donne à ce média un statut d'exception. Un média de complicité (2), au point que les programmes devraient commencer la nuit pour entrainer l'auditeur jusqu'au petit matin. Le commencement ce serait la nuit.

Au début de la radio il y avait très peu de bruit autour, c'était elle qui faisait du bruit. Aujourd'hui alors qu'il y a beaucoup trop de bruit partout c'est la nuit que se tisse la complicité. Grâce au silence.

J'ai commencé par Veinstein je finirai par Rosset : "Ce qu'on continue d'appeler le silence au singulier alors qu'il y a bien plus de formes de silence que d'êtres sur cette planète". (3)

(1) France Culture, émission avec producteurs tournants, années 2000, fin en juillet 2009,
(2) Mieux que la formule tarte à la crème de "média d'accompagnement" employée particulièrement par ceux qui n'accompagnent pas la radio… 
(3) Christian Rosset in Yann Paranthoën, L'art de la radio, Phonurgia nova éditions, 2009

2 commentaires:

  1. j'adore alain veinstein, l'émission de l'autre soir http://www.franceculture.fr/emission-du-jour-au-lendemain-sylvie-taussig-2012-12-01 l'a un peu perturbé, il n'est pas habitué à avoir un bébé d'1 mois comme interlocuteur...

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    1. Merci pour votre commentaire. Me voilà une occasion pour aller écouter cette émission. Bon soir…

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