"Un média de service public n’est pas fait pour l’audience mais pour remplir des missions qui sont de faire vivre des valeurs de démocratie, de culture et de création." Jean-Paul Philippot, administrateur général de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone)
dimanche 2 septembre 2012
Le transistor de François Bon…
"Sur la place Leclerc… il y a l'église, un des deux cafés principaux…, et l'électroménager Chauveau." (1) Des places Leclerc et des électroménagers Chauveau il y avait les mêmes dans les gros bourgs du Finistère, de Corrèze, de Loire-Atlantique et de tous les départements de France. C'était juste le nom patronymique du propriétaire de la boutique qui changeait. Je suis touché par le récit de François Bon car, ses anecdotes qui font l'Histoire, sont les mêmes que celles que j'ai vécues. Les transistors de couleur qui trouvent leur place parmi l'électroménager bien blanc nous font rêver. Mais c'est très cher ! Bon parle de 300 francs en 1964. Et ce n'est pas l'argent de poche que je ne reçois jamais qui me permettra de faire des économies !
Le transistor que l'on entend (un peu trop fort pour ceux qui n'en possèdent pas) sur les plages depuis ces étés-là, c'est la promesse d'agglomérer autour de soi copains-copines, de chanter sur les tubes du moment, de ne rien louper du hit-parade de Gérard Klein (2) et de s'endormir en savourant le plaisir de transgresser un interdit ("Éteins la lumière et dors"). Le transistor c'était s'affranchir "d'un fil à la patte", sortir de chez soi sans louper ses programmes favoris, écouter la radio partout et tout le temps, comme le début d'une ouverture vers la liberté (3).
Mais ça c'était avant ! Aujourd'hui François Bon indique à Emmanuel Laurentin (4) qu'il n'a plus ni poste de radio, ni transistor. Il écoute la radio sur son ordinateur ! Et peut-être hors de chez lui sur son smartphone. L'objet (au design absolu des années 60) n'existe pratiquement plus et, que dire de celui qui trônait sur la table de cuisine en formica de mon voisin du Finistère qui, d'années en années, avait fini par prendre la patine des lieux et, où l'aiguille de la station unique écoutée, semblait bloquée "à vie".
Un smartphone et ses multiples possibilités radio ne remplacera jamais l'objet "merveilleux" qui a forcément influé sur les programmes. Et je me demande bien pourquoi la même année que François Bon (1965) c'est tout "naturellement" que je me suis branché sur France Inter pour écouter le Pop-Club de José Artur à une époque ou les culs de bus et autres jingles d'autopromotion intempestifs n'existaient pas ?
François Bon en faisant "remonter" ses souvenirs m'a donné l'idée d'une petite "aventure" que vous retrouverez ici prochainement.
(à suivre donc)
(1) Autobiographie des objets, Seuil, août 2012,
(2) Sur France Inter, de mémoire, 19h45-20h,
(3) Le poste à transistors à la conquête de la France, La radio nomade (1954-1970), Elvina Fesneau, Ina éditions, 2011,
(4) La fabrique de l'histoire, Lundi 27 août 2012, 9h05-10h, France Culture,
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"Le petit pain du dimanche"
RépondreSupprimer...ni poste de radio, ni transistor...et bientôt plus de livre-papier non plus puisque François Bon se fait le chantre de la modernité dématérialisante!!
J'ai renoncé depuis deux ans environ à lire ses billets qui tous portaient aux nues la nouvellement élue au Panthéon de la modernité, j'ai nommé: la liseuse électronique!!!!
Quant à moi, je continue à nier l'obsolescence programmée des objets - sujet d'un numéro récent d'Antibuzz - et j'assume pleinement d'avoir choisi d'investir dans la remise à neuf d'un poste radio à lampes de 1954 de belle facture. J'assume également mes visites compulsives rue de Médicis où le papier de belle pâte est toujours présent et le massicot inconnu sur certaines des collections; chacun aura reconnu "La" maison d'édition élue de mon coeur...
Ma muse - qui lit par-dessus mon épaule - me sussure que ledit François Bon consent néanmoins à publier un livre-papier à la rentrée, dont acte!!! Mais qu'il soit dit tout de même que cet acharnement à vendre de l'obsolescence programmé à tout prix - pardon pour la redite - est une fausse-route évidente. Une liseuse trouvée dans un grenier dans un ou deux siècles ne lira plus jamais la moindre publication pour des raisons évidentes qu'il n'est pas besoin d'expliquer ici.
Quant au crissement du coupe-papier libérant la page encore inconnue de ses liens pour l'offrir à la lecture de l'officiant on peut toujours l'attendre d'une liseuse électronique.
Mais c'est promis, si un jour on peut lire un ouvrage non massicoté de Julien Gracq sur une liseuse électronique...alors......peut-être...
Ma muse me souffle dans un rire: "j'allais dire une bêtise, si François Bon lit ça il va se retourner dans sa tombe".
Eclats de rire, fin du round et la main dans la coupe pleine de quetsches...:-)
NB: Connaissant Fanch, j'anticipe la question qui ne manquera pas de tomber sur le téléscripteur et je donne tout de suite le nom de "La" maison d'édition, il s'agit bien entendu l'impeccable maison fondée par José Corti et qui porte toujours son nom!
Le mieux serait que François Bon réponde ici… je le sollicite !
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