Martine Martinel |
Ce matin la "Commision Culturelle" de l'Assemblée nationale se prononçait sur le Contrat d'Objectifs et de Moyens (COM) de Radio France. Après le Sénat et le CSA. Mme Martine Martinel en était le Rapporteur. La séance a duré 1 heure 35'. Cinq représentants de groupe ont pris la parole et huit députés sont intervenus. Plusieurs d'entre eux ont émis des réserves sur ce COM 2015-2019 qui toutefois a été voté à l'unanimité (1).
Une remarque pertinente a été faite par Marcel Rogemont en ce qui concerne les délais du COM [élaboration et application, ndlr]. Il note que le Pdg de Radio France, "Mathieu Gallet a été élu le 27 février 2014, a pris ses fonctions le 12 mai 2014, ce 9 décembre 2015 il est à un quart de son mandat et nous savons enfin ce qu'il va faire". Voilà une remarque frappée au coin du bon sens. Comme nous l'avons déjà écrit rien ne justifie ni n'a été justifié pour que la rédaction de ce COM nécessite un an de navettes avec la tutelle, le Ministère de la Culture.
Dans la présentation de son rapport (2), Madame Martinel suggère, entre autres, que soit créé "un COM complémentaire, signé entre l'État et les sociétés de l'audiovisuel concernées, qui serait plus efficace que les différentes incantations que l'on entend évoquées par les différentes sociétés de l'audiovisuel public sans que l'on n'en voit jamais la concrétisation" (3). Ce COM "définirait des projets en commun avec un budget dédié à gérer en commun. Cette piste serait plus pragmatique et plus prometteuse que des propositions de fusion ou de rapprochements hypothétiques entre les sociétés [de l'audiovisuel public, ndlr]".
Christophe Premat |
De toutes les interventions, entendues au cours de cette Commission, j'ai particulièrement retenu celle de M. Christophe Premat. J'ai l'impression que ce député a la clairvoyance et l'honnêteté de poser les enjeux de l'audiovisuel public français en analysant bien, et les insuffisances du projet de COM de Radio France, et les effets "écran" d'une mutualisation de tout ou partie des moyens des sociétés de l'audiovisuel public.
Christophe Premat : "Sur la stratégie de l'opérateur [Radio France, ndlr] on a quelque chose qui se retrouve dans beaucoup de COM. On a une stratégie qui n'est pas clairement identifiée, une vision qui reste balbutiante comme vous le signalez à la fin du rapport et du coup, de manière stratégique, on va conseiller de mutualiser les efforts avec d'autres opérateurs audiovisuels. Le risque alors, si la stratégie n'est pas suffisamment élaborée, est que l'objectif passe dans les moyens et que ce soit une fin en soi. C'est inévitable". Très clairement, mutualiser ensemble peu de moyens ne permettra pas d'atteindre des objectifs qui n'auraient pas été clairement établis. CQFD (5)
Premat et d'autres (6) pensent qu'il est temps que la représentation nationale redéfinisse les enjeux et les missions de l'audiovisuel public en allant bien plus loin que les avis qu'elle peut donner, en devenant une force de propositions. Voilà une belle perspective d'orientation que nous ne manquerons pas de suivre pied à pied.
(1) Le chantier de la création d'une chaine d'info publique numérique n'est pas abordé dans le COM ce dont s'étonnent et la Rapporteur et plusieurs députés qui ont pris la parole,
(2) Qui sera accessible et lisible dans cinq jours,
(3) Gageons que l'incantation de Madame Martinel en direction de Madame Ernotte, Pdg de France Télévisions sera bien entendue par l'intéressée,
(4) Le député évoque le rapport de Madame Martinel,
(5) À l'issue de cette Commission j'ai pu m'entretenir oralement par téléphone avec M. Premat et l'entendre me confirmer ses réserves sur une mutualisation qui ne servirait qu'à dissimuler des objectifs inatteignables parce que principalement mal identifiés,
(6) Entre autres, Frank Riester (député), et son projet de "BBC à la française".
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