mardi 12 avril 2016

Radio Archives : Jean-Paul Sartre (Radioscopie)

J'ai voulu jouer le jeu de la collection et, jour après jour, chroniquer une des cent-dix-sept Radioscopie proposées dans le coffret de l'Ina. J'écoute à 17h dans les conditions du flux et vais ainsi vous tenir en haleine jusqu'au mois de mai 2016…

102/117
Jean-Paul Sartre (7 février 1973)
Aie aie aie pourvu que Chancel ne désespère pas Billancourt (et nous avec) à commencer par cerner Sartre "juché sur un tonneau". Chancel n'hésite pas à lui aver qu'il a été le compagnon de route du philosophe. Pas moins. je ne m'attendais pas non plus à ce que Chancel accueille Sartre avec un "Alors Jean-Sol Partre, comment allez-vous?" N'est pas Boris Vian qui veut !

"Vous êtes contre toute sagesse ?" "Oui parce que la sagesse suppose un citoyen bien établi dans l'État et qui 'à ce moment-là décide de s'adapter au monde. Hors, ce citoyen n'existe pas. C'est une fable" 

"Je pense qu'à l'heure qu'il est la jeunesse contestataire porte en elle quelquechose de neuf et la possibilité ou la promesse d'une société neuve, donc je suis avec elle. Non pas parce qu'elle est jeune, mais parce qu'ils ont des aspirations qui ne sont pas celles des vieux."

Et Jean-Paul Sartre d'évoquer la démocratie directe "C'est ce que nous voulons faire à Libération" (1) Chancel n'ayant sans doute pas bien compris le rôle de l'intellectuel dans la cité, il suggère à Sartre de briguer un mandat de député ! 

En réponse à Chancel-oracle, présupposant de l'absence de place pour un nouveau quotidien : "Je ne pense pas qu'il y ait la place pour un quotidien mais je pense qu'il peut se la faire !" Puis Sartre d'énoncer les conditions de l'indépendance 1) les capitaux privés 2) l'absence de publicité (2)… Et Sartre de donner les recettes quotidiennes de la souscription, à un Chancel dubatatif, puisque que l'affaire n'a pas de modèle établi ! "Nous croyons à la démocratie directe et nous voulons que le peuple parle au peuple !"

Ce qui intéresse le plus Chancel c'est de vérifier qu'il n'y aura pas de gens de droite à Libération. "Vous pouvez refuser le talent parce qu'il y a également des talents à droite". "Nous n'aurions pas accepté Céline ou Montherlant, et pourtant ce sont des hommes qui ont fait des livres de talent."

Et Sartre d'évoquer les "Comités Libération" qui capteront l'information (3). Chancel "Vous voyez que vous refusiez autrefois de passer à l'ORTF et vous voyez comme l'ORTF est libérale" [Puisqu'aujourd'hui je vous reçois et que vous pouvez librement parler de votre futur journal, ndlr] Ben au moins la contre-vérité et la désinformation ne t'étouffe pas Chancel !

"Jean-Paul Sartre ce qui m'embête un peu c'est que vous soyez obligé d'abandonner la littérature t la philosophie pour votre nouveau rôle de journaliste !" (4) Chancel, sec pour évoquer la démocratie directe qui ne l'a bien sûr jamais effleuré demande "Allez-vous réussir ?" Avec dans le ton une bonne part de perfidie, pour ne pas dire de condescendance.

Indépassable, invraisemblable, incommensurable ! "Faites-vous cela [Libération] pour mieux écrire votre testament politique ? " Et Chancel de se prendre "Le baiser de la mort". Et Chancel de découvrir la réalité "Vous êtes l'homme du présent en fait !".

Jean-Paul Sartre 1905-1980



(1) Le lecteur de Libé, 1ère formule, que j'ai été se régale du propos de Sartre, qui nous permet de mesurer le gouffre, que dis-je le cosmos qui nous sépare du Libé d'aujourd'hui.
(2) Et Chancel de dire comme s'il s'adressait à un adolescent qui va sortir de 3ème "Vous serez obligés d'avoir de l'argent pour faire votre journal", 
(3) Va falloir dire à Sartre d'aller faire un tour à "NuitDebout",
(4) Chancel peut, avec le pouvoir libéral de son micro, "être embêté" que Sartre ait un projet politique innovant ????

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