samedi 9 avril 2016

L'an 02 : samedi 40 mars… Radio debout d'ficelle…

L'image de Radio Debout, créée par Antoine Blanquart



























Pendant ces "ides de mars" comment pourrait-on écouter autre chose qu'une radio (1)… d'information ? Je veux parler de Radio Debout (sur mixlr). J'emploie le mot information mais il ne me convient pas. Je n'écoute pas pour savoir ce qui passe à "l'extérieur", mais à l'"intérieur" du mouvement de la société. Et, là encore, je ne crois pas bien le dire. Quelque chose de la société bouge dans ses fondements d'individualisme pour ne pas dire d'individualité. Quelque chose qui a à voir avec la coopération, plus qu'avec la compétition. Avec le partage des savoirs, des idées, des expériences… Et surtout de la parole. Dans un esprit d'égalité. 

Et ce qui surgit est immense tant les "choses" se libèrent, bien au-delà de la parole. À force de passer (subir) par le filtre des médias et des politiques, "on" (je) avait sans doute fini par croire que l'agora c'était juste des lieux institués, pour que le personnel se réunisse pour boire… un café, quand ce n'est pas pour boire la parole des dirigeants qui viennent là enfiler les perles du management.

La magie de cet An 02 (salut Gébé) c'est comme ce qu'on nous a dit de 36, le bouillonnement des idées, l'abolition de nombreuses barrières, la fierté d'être ouvrier, la joie que les intellectuels soient solidaires, l'ouverture du champ de tous les possibles, la solidarité en bandoulière, l'espoir au cœur, la rage aux tripes avec toute sa part d'innocence et de charme que Duvivier a fixé dans "La belle équipe".


©Gilles Davidas, Place de la République 
(nuit du 40 mars)



















Mais tout ça c'est dans les #NuitsDebouts et à la radio, debout elle aussi où, en plus d'Aline P. hier, j'ai en fin d'après-midi reconnu Raphaël K., tintin reporter, créateur d'une radio en Afghanistan qui, sur Radio Debout s'offre le luxe de faire un duplex avec Radio Fond de France et Thomas ex-berger, restaurateur. Mais je me suis un peu cru à la Régie (Renault), et à espérer Billancourt (siège de la Régie) (2), quand un Frédéric Lordon a dit dans le poste "Il faut bloquer pour que tout se bloque. On dit qu'avec une grève générale tout se bloque alors qu'au contraire tout se débloque pour imaginer les possibles et l'avenir". Lordon égal à lui-même, poignant, juste, honnête et droit (3). Autour de son cri "La morosité s'effrite".

Les organisations syndicales commencent à s'approcher de la République (place de, Paris), les cheminots, les postiers prennent la parole, les mouvements se croisent, le germe est sous le bitume, pour entendre "sous les pavés la plage" (4) faudra attendre juillet. Tout ça c'est dans la radio. La radio de bric et de broc, la radio debout d'ficelle de ch'val, la radio-amateur, la radio-laboratoire, la radio-riposte (5), la radio-utopie, la radio-populaire, la radio-citoyenne…

La radio on air… nouveau.
(À suivre)


©Gilles Davidas, Place de la République 
(nuit du 40 mars)











(1) Que deux radios, j'écoute Radio-Pikez en alternance,
(2) L'expression "désespérer Billancourt" voulait dire que toutes les mesures anti-social laminaient "la forteresse ouvrière" dans les années 60 et 70,
(3) "Pour la république sociale" Frédéric Lordon, Le Monde diplomatique, Mars 2016,
(4) Slogan de mai 68,
(5) Radio-pirate de 1979, pour laquelle François Mitterrand (Secrétaire national du PS) sera inculpé.

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